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USA: l'héroïne consommée surtout par des jeunes Blancs de la classe moyenne

USA: l'héroïne consommée surtout par des jeunes Blancs de la classe moyenne

La consommation grandissante d'héroïne aux Etats-Unis est surtout le fait de jeunes Blancs de la classe moyenne, un phénomène qui s'explique non seulement par les effets puissants de la drogue mais aussi par son coût moins élevé que les anti-douleurs opioïdes.

"Depuis une dizaine d'années la plupart des utilisateurs d'héroïne sont de jeunes Blancs de la classe moyenne américaine vivant dans la banlieue ou en milieu rural", explique le Dr Theodore Cicero, professeur de neuropharmacologie à la faculté de médecine de l'université Washington à St Louis (Missouri, centre), auteur de cette étude parue mercredi dans le Journal of the American Medical Association, Psychiatry.

Quand ils commencent, les jeunes drogués sont âgés en moyenne de 23 ans, précise-t-il, estimant le total des héroïnomanes à "probablement plusieurs centaines de milliers" aux Etats-Unis. "C'est un problème très sérieux, très inquiétant", estime le Dr Cicero.

Dans les années 60 et 70, plus de 80% des héroïnomanes étaient de jeunes Noirs qui vivaient dans les ghettos. Ils essayaient la drogue pour la première fois à 16 ans en moyenne, rappelle le chercheur.

Le Dr Cicero et ses collègues ont analysé les données provenant de plus de 150 centres de traitement contre la dépendance à la drogue aux Etats-Unis. Plus de 9.000 narco-dépendants aux antidouleurs à base de narcotiques ont répondu à un questionnaire entre 2010 et 2013. Dans ce groupe, près de 2.800 ont indiqué que l'héroïne était la drogue dont ils étaient les plus dépendants.

Aujourd'hui, une grande majorité des drogués à l'héroïne ont commencé par prendre de puissants anti-douleurs à base d'opioïdes, comme l'oxycodone, obtenus illégalement, avant de passer à l'héroïne. Ce sont des drogues très similaires sauf que l'héroïne atteint le cerveau plus rapidement, explique-t-il.

Face à ce phénomène, l'Agence américaine des médicaments (Food and Drug Administration, FDA) avait autorisé en 2010 les laboratoires fabriquant l'oxycodone à en modifier la formule pour que cet analgésique ne puisse pas être réduit en poudre afin d'être reniflé ou dissout pour des injections.

Deux ans après, les chercheurs ont constaté une baisse de l'utilisation de cet anti-douleur par les toxicomanes.

"Mais à notre grande surprise nous avons observé une forte augmentation de l'utilisation de l'héroïne", déplore le Dr Cicero.

Le succès de l'héroïne s'explique par trois grands facteurs: son accessibilité en raison de son bas coût, ses effets euphorisants puissants, et la facilité à la renifler ou à l'injecter.

"Alors que le prix dans la rue des anti-douleurs comme l'oxycodone est très élevé, jusqu'à un dollar le milligramme ou 80 dollars le comprimé, une dose d'héroïne ne coûte que 10 dollars", précise le Dr Cicero.

Mais, souligne-t-il, "l'héroïne produit la plus puissante dépendance, affectant directement le cerveau".

"Les traitements actuels ne sont pas très efficaces car ils ne ciblent que les effets de l'accoutumance, pas les causes profondes, qui sont psychiatriques", explique-t-il à l'AFP.

js/are

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