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Nigeria: le temps presse face à Boko Haram, selon un gouverneur du Nord

Nigeria: le temps presse face à Boko Haram, selon un gouverneur du Nord

"Le temps vient à manquer": pour le gouverneur de l'un des Etats les plus touchés par les attentats de Boko Haram, le Nigeria est engagé dans une course contre la montre face au groupe islamiste.

Dans un entretien accordé à l'AFP, Rabiu Kwankwaso, gouverneur de l'Etat de Kano (nord), ex-ministre de la Défense et possible candidat à l'élection présidentielle de 2015, explique: "nous n'avons jamais vu quelque chose de semblable dans toute l'histoire du pays". Et il met en cause le président Goodluck Jonathan face à ce fléau.

Boko Haram mène depuis 2009 une insurrection sanglante dans le Nord-Est, majoritairement musulman. Depuis le début de l'année, le mouvement armé a intensifié ses attaques, jusque dans la capitale fédérale Abuja, faisant au total plus de 2.000 morts.

"C'est la première fois que le Nigeria connaît ce très haut niveau d'insécurité", insiste M. Kwankwaso, interrogé mardi.

Désormais, "toutes les classes (sociales) ont été attaquées et presque partout", pointe ce poids lourd de la vie politique du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et première puissance économique du continent.

"Il faut faire quelque chose, en particulier dans la partie nord-est du pays", insiste-t-il, suggérant l'instauration d'"un plan Marshall pour aider sérieusement (la population), tandis que le gouvernement s'occupe de l'insurrection".

Il se réjouit de l'aide apportée par des "pays amis" dans la recherche des quelque 200 lycéennes enlevées le 14 avril par Boko Haram à Chibok (nord-est), dont le sort a suscité une immense émotion internationale.

Cependant, il trouve "triste" que le Nigeria ne soit plus capable de faire face seul à la situation, lui qui a participé dans le passé à des opérations de maintien de la paix à l'étranger.

"Je ne sais pas ce qui est allé de travers mais voilà où nous en sommes. Nous devons demander de l'aide de l'extérieur, et c'est ce que recherchent ceux qui sont aux manettes", dit-il, "et nous les soutenons".

Toutefois, le gouverneur Kwankwaso ne ménage pas ses critiques envers le régime du président Jonathan.

"Nous n'étions pas préparés (...) et cela a à voir aussi avec la qualité de la direction" du pays, ajoute-t-il.

"Tout le monde est fatigué de la situation (actuelle) parce que personne n'est en sécurité dans ce pays", où "tout se dégrade", assène-t-il.

"Quand j'ai quitté mes fonctions de ministre de la Défense, nous avions la capacité de protéger chaque mètre carré de ce pays. Nous avions la capacité de protéger chaque personne dans ce pays".

Le gouverneur, ministre de la Défense sous le président Olusegun Obasanjo (1999-2007), fait partie des gouverneurs du Nord qui ont quitté l'année dernière les rangs du Parti démocratique populaire (PDP) au pouvoir pour rejoindre le principal parti d'opposition, le Congrès progressiste (APC).

Ces défections, qui ont également conduit des députés à changer de bord, menaçant la majorité du président Jonathan, ont été notamment attribuées à l'indifférence dont le chef de l'Etat, un chrétien du Sud, est accusé face à la situation dans le Nord.

M. Kwankwaso lui reproche de ne pas avoir tenu compte des conseils lui suggérant de prêter davantage attention aux problèmes de pauvreté, de chômage et d'analphabétisme dans le Nord, notoirement défavorisé par rapport au riche Sud pétrolifère.

Or "il y a une très forte corrélation" entre ces problèmes et "l'insurrection ou l'insécurité", souligne-t-il.

"Le président a été averti par de nombreuses personnes, dans le pays et à l'extérieur, y compris par (l'ancienne) secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton", affirme-t-il. "Mais il n'a pas écouté ces conseils, et maintenant nous en récoltons les conséquences".

Or, Boko Haram a fait de chacun une cible - civils ordinaires, policiers, militaires, membres du gouvernement et chefs traditionnels -, rappelle le gouverneur.

Son propre père, Musa Kwankwaso, avait échappé en janvier à une attaque lancée par des hommes armés contre une mosquée de son village, qui avait tué trois fidèles et en avait blessé douze.

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