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Ils fuient l'est de l'Ukraine pour une "vie meilleure"

Ils fuient l'est de l'Ukraine pour une "vie meilleure"

Allongé sur sa couchette de train, Serguiï fixe le plafond en silence. Juste en dessous, Oxana, sa femme, a le regard dans le vide, elle s'accroche à la main de son fils Mykyta. Cette famille de Kramatorsk a fui mardi l'est de l'Ukraine "qui n'a plus d'avenir".

Ils étaient là bien en avance pour prendre le premier train de la journée qui doit relier Donetsk à Kiev en pas moins de huit heures. Avec pour seuls bagages, un petit sac à dos chacun.

Ils étaient arrivés la veille de Kramatorsk, petite ville proche de Slaviansk, sur la ligne de front depuis plusieurs semaines entre les insurgés prorusses, qui tiennent une grande partie de la région, et l'armée ukrainienne.

"Hier, nous avons fermé notre maison à clé sans savoir si nous aurons la chance de la rouvrir un jour. Ma femme espère encore que notre exil soit de courte durée, je ne suis pas si optimiste", raconte Serguiï, informaticien de 32 ans, qui a toujours vécu à Kramatorsk.

Partir, ils y pensaient depuis quelque temps déjà mais ils ont acheté leurs billets de train il y a deux jours seulement. Et ils ne savent pas encore où ils vont loger dans la capitale ukrainienne.

"La situation est de pire en pire quand vous voyez les combats à Donetsk hier. Qui a encore envie de vivre au milieu de tout ça", poursuit Oxana, les traits tirés, qui dit rêver d'une vie meilleure.

D'après le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme (HCR) quelque 10.000 personnes, dont au moins d'un tiers d'enfants, ont été déplacées en Ukraine. Il s'agit en majorité des Tatars mais les combats dans l'est poussent de plus en plus de personnes à quitter la région. Les déplacés disent en général avoir fui car ils se sentaient menacés ou avaient peur.

"J'ai peur. Je ne veux pas que mon fils grandisse au milieu de la haine, en pleine guerre. Je veux un avenir pour mon fils. Quelle vie avons-nous depuis un mois? Des nuits sans sommeil, la peur tout le temps...", se désole cette femme au foyer de 30 ans.

Dans sa main, Oxana tient un grand verre de thé, que l'employée du train vient de distribuer, et sur lequel il est écrit Ukraine en lettre capitale avec les symboles du pays en dessous.

Serguiï estime aussi que l'atmosphère devenait irrespirable pour eux. "Je ne suis pas un séparatiste et tous nos amis sont pour la République populaire de Donetsk, ils sont devenus fous. Nous ne pouvons plus discuter de rien".

"De fausses informations, sur des massacres de familles, circulent et tout le monde y croit. On a l'impression que tout le monde a arrêté de penser normalement", ajoute-t-il.

A Kramatorsk, Oxana et Serguiï ont laissé leurs familles, qui ne voient pas forcément d'un bon oeil leur exil. Sans être des partisans de l'indépendance, leurs parents "haïssent Kiev et les gens de l'Ouest".

"Je ne vois vraiment plus aujourd'hui comment il serait possible que tout le monde vive ensemble donc nous avons choisi un camp", précise Serguiï.

Dans l'est de l'Ukraine, théâtre de l'insurrection séparatiste prorusse, les violences entre rebelles et militaires ukrainiens ont fait plus de 200 morts depuis la mi-avril et le début de l'opération antiterroriste de Kiev.

tib/neo/abk

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