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Commission Charbonneau : Roche invitait des fournisseurs du gouvernement à financer la ministre Nathalie Normandeau

Commission Charbonneau : Roche invitait des fournisseurs du gouvernement à financer Nathalie Normandeau
PC

Un ex-vice-président principal de Roche a confirmé vendredi à la commission Charbonneau qu'il a personnellement sollicité des gens qui obtenaient des contrats du gouvernement du Québec pour participer à un souper-bénéfice organisé au profit de Nathalie Normandeau au restaurant Louis-Hébert de Québec, le 9 octobre 2008.

Un texte de François Messier

André Côté dit avoir trouvé une dizaine de personnes disposées à verser 1000 $ pour assister à cette activité partisane, en leur faisant valoir qu'elle était organisée au profit de la ministre des Affaires municipales et en évoquant qu'il serait pertinent de faire « un retour d'ascenseur » en cette période faste pour les travaux d'infrastructures.

Marc-Yvan Côté et France Michaud, qui s'occupaient alors des questions concernant le financement politique des partis provinciaux pour Roche, lui avaient demandé sa contribution « pour s'assurer qu'il y ait un bon taux de participation ».

André Côté croit que Marc-Yvan Côté s'est impliqué dans cette activité, dont le comité de direction de la firme était au courant, par amitié pour Mme Normandeau et son chef de cabinet, Bruno Lortie.

« Les contacts que je faisais, c'est des gens qui bénéficiaient de contrats. Exemple : un fournisseur de tuyaux, un fournisseur de produits de béton, de gravier, un laboratoire de sol et environnement [...], mes compétiteurs - les autres bureaux de génie-conseil - , les entrepreneurs qui bénéficiaient de contrats », a-t-il dit.

Son message à ces contributeurs était le suivant : « la ministre des Affaires municipales va tenir un cocktail dans la région de Québec [...] Avec le marché qu'on a en termes d'infrastructures, je pense que ce serait bien qu'on puisse faire un genre de retour d'ascenseur en participant à ce cocktail- là. Accepteriez-vous de participer? »

« Je les contactais personnellement, les personnes que je connaissais. Ça s'est étalé sur deux années, et les deux années, je crois que j'ai appelé les mêmes personnes. Et la majorité des gens ont répondu à l'appel. Ils sont venus. »

Un courriel déposé en preuve par le procureur Simon Tremblay montre d'ailleurs qu'André Côté avait sollicité l'aide de plusieurs collègues de Roche pour ce souper au profit de « la députée ministre Nathalie Normandeau ».

Il leur demande d'identifier des contributeurs potentiels, dont des gens qui « tirent profit des projets réalisés » avec le ministère des Affaires municipales et des clients « qui ont des projets importants à faire passer ». Il ajoute : « on aura un contact direct avec la ministre ».

M. Côté conclut son courriel en demandant à ses collègues de le détruire, en raison de son cadre « très confidentiel ». Il a expliqué qu'il ne voulait pas que cette information circule autour des tables à dessin dans les bureaux régionaux de sa firme.

Mme Normandeau pourrait être appelé à témoigner devant la commission Charbonneau d'ici peu. Elle a récemment reçu une assignation à comparaître lui demandant de demeurer disponible jusqu'au 4 juillet.

Chevarie et Mamelonet ont aussi profité de l'aide de Roche

M. Côté a également expliqué que Roche avait aussi contribué à amasser 5000 $ pour deux candidats libéraux élus en décembre 2008, soit Germain Chevarie, dans la circonscription des Îles-de-la-Madeleine, et Georges Mamelonet, dans Gaspé. Comme pour Nathalie Normandeau, M. Côté s'est tourné vers des fournisseurs du gouvernement pour récolter les sommes.

« OK, je vais donner un coup de main », dit-il avoir répondu à Martin Lapointe, un spécialiste du développement des affaires de Roche, qui l'a informé que l'association libérale des Îles-de-la-Madeleine lui avait demandé un coup de main pour M. Chevarie.

« On va essayer d'identifier des acteurs qui peuvent avoir un intérêt, un peu comme on l'a fait avec le cocktail de Mme Normandeau : appeler des entrepreneurs, des fournisseurs, leur dire : « écoutez vous avez des travaux, vous travaillez aux Îles, vous faites des affaires aux Îles, vous êtes un fournisseur aux Îles. [...] Là, il y a une campagne électorale et il y a un fournisseur qui demande qu'on le supporte financièrement. Pouvez-vous nous aider? »

La dynamique a été la même pour Georges Mamelonet, a-t-il dit. Il a précisé dans ce second cas que les 5000 $ récoltés par Roche avait été transmis directement par les contributeurs à l'organisation électorale de Mamelonet, sans passer par Roche.

« Est-ce que vous faites savoir d'une façon ou d'une autre à l'organisation de M. Mamelonet ou à l'organisation de M. Chevarie, que vous avez réussi votre objectif de 5000$ et qu'ils vont recevoir des chèques? », a demandé le procureur Simon Tremblay. « Oui. M. Lapointe s'en est occupé effectivement », a répondu le témoin.

« Les députés devaient trouver des sous pour financer leur campagne et puis ils se sont adressés à Roche. Il ont dû s'adresser à d'autres firmes aussi. » — André Côté

.Le procureur Tremblay a montré à André Côté un courriel envoyé le lendemain de l'élection par Georges Mamelonet à un directeur d'un bureau de Roche à Gaspé, Claude Lescelleur, qui l'avait félicité pour son élection.

« Soyez assurés que je serai au rendez-vous pour nous », avait répondu M. Mamelonet, comme cela avait déjà été révélé dans des mandats de perquisition de l'UPAC. M. Côté a dit croire que M. Mamelonet parlait des Gaspésiens en écrivant « nous ».

Après avoir été défait à l'élection de 2012, Germain Chevarie a été réélu député libéral des Îles-de-la-Madeleine le 4 avril dernier. Il a ensuite été nommé adjoint parlementaire du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et du ministre responsable de la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.

M. Mamelonet a pour sa part été défait dans Gaspé en 2012.

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Tony Accurso

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