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Journée de la schizophrénie: le combat de Lucie Laurier

Journée de la schizophrénie: le combat de Lucie Laurier
Société québécoise de la schizophrénie

La schizophrénie n’est pas un tabou pour Lucie Laurier. Son grand frère Dominique, le deuxième des neuf enfants de la famille Laurier, de 16 ans son aîné, en est atteint.

En 2010, la comédienne, alors établie à Paris, avait mis en scène le spectacle J’aimerais pouvoir rire, une création de sa sœur Angela qui portait sur la maladie et qui mettait justement Dominique en vedette. La pièce avait d’abord été présentée au Théâtre national de Chaillot, puis à l’Usine C, à Montréal, un an plus tard.

Forte de ce bagage, Lucie estime donc avoir les outils nécessaires pour être en mesure de tendre la main aux victimes de la schizophrénie, qu’il s’agisse des personnes touchées ou de leur entourage. C’est pourquoi elle s’est jointe à la Société québécoise de la schizophrénie (SQS) à titre de marraine, à l’occasion de la Journée de sensibilisation à la schizophrénie, qui se tient ce jeudi 22 mai.

Toute la journée, le couloir de la Place des Arts de Montréal se transformera en carrefour d’information sur les troubles mentaux. Des kiosques seront érigés pour répondre aux questions du public et fournir des renseignements. Entre 11h30 et 13h30, Lucie Laurier sera sur place et échangera avec les passants.

Qui plus est, la SQS célèbre cette année ses 25 ans d’activités. L’organisme accompagne les gens aux prises avec la schizophrénie, les redirige vers les ressources appropriées, mène des campagnes d’information et distribue des bourses d’études. C’est, entre autres, pour inciter ceux qui sont pris au dépourvu devant ce mal parfois difficile à cerner à se rapprocher de ces sources de réconfort que Lucie Laurier tenait à s’impliquer dans le mouvement.

«Ça me dérange qu’on voie souvent les schizophrènes comme une minorité gênante, a avoué l’actrice. Ce sont simplement des gens qui n’entrent pas dans une conformité, mais qui ont quand même des désirs, des aptitudes, des talents… L’intelligence n’est pas affectée par la schizophrénie.»

Zones de lumière

Lucie aurait plusieurs messages à transmettre en ce qui a trait à la schizophrénie. Elle aimerait qu’on distingue mieux celle-ci de la bipolarité, du trouble de la personnalité multiple et des autres maladies mentales. Elle voudrait qu’on soit tous aptes à en identifier les principaux symptômes – comportements noirs, isolement, crises de paranoïa, hallucinations, etc -, qui se déclarent souvent vers la fin de l’adolescence, pour mieux prévenir avant de guérir. Et surtout, elle voudrait éliminer le sentiment de malaise qui s’installe fréquemment quand on est confronté à la schizophrénie.

«Les familles frappées par ça sont souvent gênées d’aller chercher de l’aide. Quand on va chercher du soutien, on se sent moins seul. Tout le monde connaît quelqu’un, de près ou de loin, qui est touché par la schizophrénie, mais personne n’ose en parler, comme si c’était honteux. On n’a pas cette même honte quand il s’agit de sclérose en plaques ou de diabète. Dans les groupes d’entraide, on peut discuter avec d’autres personnes qui vivent la même chose, on se raconte des anecdotes, et on finit par en rire. Ça dédramatise. Il faut s’alléger. Seul, c’est aliénant, alors il faut aller vers les autres. Et il ne faut pas avoir peur des personnes schizophrènes!»

Lucie Laurier reconnait sans détour que les «révoltes» de son frère – elle n’aime pas employer le mot «violence» - dues à son état ne lui ont pas toujours rendu la vie facile. En revanche, elle avance sans hésiter que la situation de Dominique comporte aussi ses zones de lumière.

«Ce n’est pas entièrement négatif, a-t-elle juré. Cette maladie a des côtés fascinants, quand même. Mon frère ose parfois exprimer des choses que, moi, je ne serais pas capable d’exprimer. Des choses qu’on ressent tous, mais qui sont davantage exacerbées. Et il a eu des crises euphoriques, extraordinaires, où il a eu l’impression qu’il communiquait directement avec Dieu, où c’était merveilleux et où il vivait des expériences transcendantales…»

«Mais après, c’est la chute. C’est ce qui est terrible et qui peut tourner au cauchemar. Aujourd’hui, Dominique va bien, depuis très longtemps, et c’est plus facile pour moi d’en parler. J’ai vu comment ma famille a évolué. Maintenant qu’on ne se braque plus contre lui, qu’on l’accueille et qu’on se respecte davantage, nous aussi, ça va beaucoup mieux…»

Pour en savoir plus sur la SQS ou faire un don, consultez le site web officiel de l’organisme.

Quant aux projets personnels de Lucie Laurier, elle pourrait bientôt tourner dans un film, la suite d’une franchise à succès dont elle tait le titre pour l’instant, et la deuxième saison de la web-série Manigances – Notice rouge, dans laquelle elle incarne une policière, sera disponible en DVD au début juin.

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