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USA: les Anciens combattants à la peine après une décennie de guerre

USA: les Anciens combattants à la peine après une décennie de guerre

Le scandale touchant le ministère américain des Anciens combattants affecte une administration décrite comme un monstre bureaucratique incapable de s'adapter, un phénomène aggravé par une décennie de guerre, en Irak et en Afghanistan.

Les retards de prise en charge dans les hôpitaux gérés par ce ministère ont pris une nouvelle tournure après des révélations sur l'existence d'un système parallèle afin de dissimuler la longueur des listes d'attente dans un établissement de Phoenix (Arizona), qui pourrait avoir coûté la vie à 40 patients.

Ces accusations, qui se sont étendues à 25 autres hôpitaux, ont mis le président Barack Obama sur la défensive, confronté aux appels d'associations d'anciens combattants à la démission du ministre, Eric Shinseki.

"Cela prend souvent trop de temps pour que les vétérans accèdent aux soins dont ils ont besoin. Ce n'est pas nouveau, c'est un problème depuis des décennies qui a été aggravé par plus d'une décennie de guerre", a reconnu mardi M. Obama, promettant des sanctions si ces accusations étaient avérées.

Près d'un million de militaires américains ont été déployés en Afghanistan ou en Irak depuis 2001 et sont donc éligibles aux prestations offertes par le gouvernement une fois qu'ils ont quitté l'armée.

Les Etats-Unis comptent à l'heure actuelle quelque 22 millions de vétérans, parmi lesquels 9 millions sont enregistrés dans le système de santé géré par les Anciens combattants (VA).

"Le nombre de vétérans bénéficiant des services et prestations des VA croît sans interruption", et représente une augmentation de 17% par rapport à 2009, s'est défendu Eric Shinseki lors d'une audition houleuse la semaine passée devant le Congrès.

Il faut également compter avec le vieillissement des autres vétérans et ses conséquences sur les besoins de santé --les anciens combattants du Vietnam sont pour la plupart sexagénaires ou septuagénaires.

Le budget qui leur est consacré est pourtant phénoménal et a crû d'un tiers depuis 2009, à 159 milliards de dollars, ce qui représente le quart du budget --séparé-- de la défense américaine.

Un tiers de cette somme est consacré aux dépenses de santé, le reste allant aux prestations telles que les pensions pour handicapés ou l'assistance aux sans-abri ou sans emploi.

Mais le droit d'accès aux prestations de santé offertes par l'administration s'apparente à une course d'obstacle pour les anciens combattants. Le traitement administratif d'un dossier de prise en charge n'en finit pas et 300.000 dossiers souffrent actuellement d'un retard supérieur à 4 mois. Un chiffre certes en repli face aux près de 600.000 dossiers en souffrance en 2012.

"Les gens qui ont combattu sur le champ de bataille ne devraient pas avoir à combattre la bureaucratie dans leur pays", a grondé Barack Obama, reprenant mot pour mot un constat dressé, il y a plusieurs décennies, par les présidents Jimmy Carter puis Ronald Reagan.

"Les demandes de prise en charge sont plus détaillées et compliquées que dans le passé", explique à l'AFP Joe Davis, porte-parole de l'association des Vétérans des guerres étrangères (VWF).

A cela s'ajoute également l'augmentation du nombre de femmes anciens combattants qui nécessitent souvent une prise en charge particulière, ou les conséquences de la reconnaissance en 2010 des effets sur la santé de l'Agent orange, le défoliant utilisé pendant la guerre du Vietnam.

Symbole des guerres d'Irak et d'Afghanistan, le stress post-traumatique et les problèmes de santé mentale provoqués par les combats a pour sa part conduit à une augmentation du nombre de prises en charge de 40% depuis 2006.

L'administration a pourtant tardé à prendre conscience des futurs besoins engendrés par l'Irak et l'Afghanistan, notamment en raison du manque de partage d'informations avec le département de la Défense, y compris les dossiers médicaux ou les statistiques sur le nombre de blessés.

Et surtout, le ministère n'a été totalement informatisé qu'en 2013.

Pourtant veut croire Joe Davis, "une fois passé la porte, l'administration des Anciens combattants fournit un système de soins de classe mondiale".

mra-ddl/jca

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