Une ex-cadre supérieure de Patrimoine canadien dit avoir tenté de dissuader Lise Thibault de se faire rembourser ses frais d'hébergement à Beaupré, alors qu'elle recevait déjà une allocation de logement du gouvernement du Québec. Mais elle a finalement accepté les factures de l'ex-lieutenante-gouverneure.
Appelée à la barre des témoins à la reprise du procès pour fraude et abus de confiance de Lise Thibault, Micheline Ouellette-Rogers a raconté mardi matin au palais de justice de Québec avoir fait part de son inquiétude à l'ex-lieutenante-gouverneure dès le mois de mars 2003.
Lise Thibault venait alors d'emménager dans la résidence de son garde du corps à Beaupré, en banlieue de Québec, et réclamait le montant du loyer pour demeurer à l'extérieur de la Ville de Québec. Or, elle bénéficiait déjà d'une allocation mensuelle de 4000 $ pour se loger dans la capitale.
Selon Mme Ouellette-Rogers, Lise Thibault lui aurait répondu qu'elle ne partageait pas les mêmes préoccupations. « Elle n'avait aucun doute de pouvoir répondre à toutes questions de qui que ce soit concernant les décisions qu'elle prenait », a expliqué la femme, aujourd'hui retraitée.
Micheline Ouellette-Rogers a donc autorisé le remboursement sur la foi du document signé de la main de Lise Thibault, qui attestait que les frais étaient engagés dans l'exercice de ses fonctions.
« Qu'est-ce qu'on peut faire ? Elle l'a expliqué et a fourni les pièces justificatives. C'était à l'extérieur de Québec », a fait valoir Mme Ouellette-Rogers.
L'ex-cadre a dit être rarement intervenue dans la gestion des comptes des lieutenants-gouverneurs du pays. Elle était sollicitée seulement lorsqu'un « défi » se présentait. Les « défis » sont souvent venus du Québec, a-t-elle confié.
Une question de « bon sens », dit le juge
Micheline Ouellette-Rogers croit que Lise Thibault ne pouvait pas prétendre qu'elle était toujours en fonction officielle, même si elle portait le titre de lieutenante-gouverneure 24 heures sur 24.
Lorsque l'avocat de Lise Thibault, Me Marc Labelle, a insisté pour faire valoir à l'ex-cadre de Patrimoine canadien que c'était son opinion personnelle, le juge est intervenu.
Carol St-Cyr a répliqué que ce n'était pas seulement son opinion, mais aussi une question de « bon sens ». « Je suis juge 24 heures sur 24. Si je vais à la pêche, je n'envoie pas mon compte au ministère », a lancé le juge St-Cyr.
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