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"C'étaient des bébés !": le cri de douleur des proches des enfants carbonisés en Colombie

"C'étaient des bébés !": le cri de douleur des proches des enfants carbonisés en Colombie

"Ils ne transportaient pas du bétail, ni des cochons. C'étaient des bébés !" : le grand-père de deux des 31 enfants carbonisés dans un bus en flammes dimanche en Colombie est scandalisé face à cette tragédie visiblement due à une série de négligences.

"Il faut faire la lumière" sur ce qu'il s'est passé, ajoute pour l'AFP Humberto Castro, ce grand-père de quatre enfants, dont deux, âgés de neuf et cinq ans, ont perdu la vie dans cet accident.

L'accident s'est produit dimanche après-midi au retour d'un office religieux à Fundacion, une petite localité de la province de Magdalena (nord). Le véhicule, qui ramenait chez eux une cinquantaine de jeunes paroissiens de l'Eglise pentecôtiste, a explosé avant d'être détruit par les flammes.

L'institut médico-légal de Barranquilla, localité voisine où ont été transportés les corps pour identification, a annoncé que le bilan avait été revu à la baisse, de 33 à 31 victimes, deux morts d'un autre accident ayant été inclus par erreur dans le décompte initial des autorités.

Au volant du véhicule en surcharge et sans assurance ni contrôle technique, un chauffeur sans permis de 56 ans, actuellement placé en détention provisoire.

A l'origine de l'incendie, les enquêteurs étudient la possibilité que le chauffeur ait utilisé de l'essence de contrebande pour tenter de faire redémarrer le véhicule qui avait calé. Une étincelle aurait mis le feu, selon le général Carlos Mena, responsable du service Transport de la police colombienne.

"Il est descendu du bus pour mettre de l'essence et tous les enfants étaient à l'intérieur. A un moment, des étincelles ont jailli. C'est là que le chauffeur est allé chercher de l'eau et puis il est parti. J'ai cassé la vitre et j'ai sorti ma petite soeur, mais je n'ai pas pu sauver mes deux autres frères", a ainsi raconté une fillette de 11 ans à la presse locale.

"Une de mes petites-filles est parvenue à briser une vitre avec ses pieds et à sortir un petit-frère. Mais quand elle est allée chercher les autres, ils avaient brûlé", poursuit M. Castro.

La vindicte des habitants de Fundacion, inconsolables, vise le conducteur, dont le véhicule ne disposait pas non plus de sorties de secours. Le manque de contrôles est patent.

"On ne lui disait rien, on le laissait circuler normalement", dénonce José Acosta, un mécanicien de 21 ans.

Le jeune homme foule des pieds la terre brûlée et les éclats de verre qui jonchent encore les lieux de l'accident. Le général Mena lui-même a reconnu que les contrôles routiers "n'étaient pas menés comme ils le devraient".

Le chauffeur avait été embauché de façon informelle par un responsable de l'église pentecôtiste locale, également placé en détention.

Le transport d'essence à l'intérieur des véhicules serait également une pratique courante dans cette ville de 80.000 habitants.

"Ici, à Fundacion, dans la plupart des vieilles voitures, les réservoirs ne fonctionnent plus... alors ils mettent un bidon d'essence (à l'intérieur) avec un tuyau" jusqu'au moteur, raconte à l'AFP Juana Hernandez, une moto-taxi de 41 ans.

Avec d'autres habitants, Mme Hernandez a tenté en vain de sauver les enfants. José Guette, un technicien de 48 ans, a expliqué comment il avait vainement essayé de lutter contre les flammes avec des extincteurs.

"Nous n'avons rien pu faire d'autre que nous prendre la tête et regarder brûler les enfants", a-t-il confié à l'AFP tout en déposant des roses blanches où l'accident s'est déroulé.

"Ils étaient très brûlés, on ne les reconnaissait plus. Ils en ont sorti certains sans jambes, d'autres avec les intestins à l'air, c'était horrible", poursuit Mme Hernandez.

Gina Rojas, coordinatrice médicale de la clinique El Carmen, la plus proche du drame, reconnaît qu'elle n'a jamais vécu une catastrophe de cette ampleur.

"Cela a causé tant de douleur, que tout le personnel de la clinique, du portier et la réceptionniste jusqu'aux proches de patients qui étaient aux urgences pour d'autres motifs se sont mis à pleurer", rapporte-t-elle.

En hommage aux victimes, le gouvernement colombien a annoncé mardi trois jours de deuil national.

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