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Bosnie/inondations: les mines laissées par la guerre deviennent plus dangereuses

Bosnie/inondations: les mines laissées par la guerre deviennent plus dangereuses

Mehmedalija Dzafic avait attendu 19 ans pour qu'on retire enfin des champs autour de sa maison les mines laissées depuis la guerre... mais sa joie a été brève car les inondations qui frappent la Bosnie ont tout chamboulé et ramené Dzafic à la case départ.

"Sur mes terres, le travail de déminage était presque achevé. Mais les flots ont charrié les boues des champs minés voisins et maintenant il faut refaire le travail", dit cet homme jovial de 75 ans.

Les eaux de la rivière Bosna qui a inondé sa propriété et une partie de la petite localité voisine de Visoko (centre) se sont désormais retirées laissant dans leur sillage une coulée de boue.

La zone qui s'étend sur plusieurs hectares et que les démineurs de l'armée bosnienne avaient réussi à nettoyer depuis mars, est de nouveau interdite d'accès. Une quinzaine de démineurs, casqués et équipés de gilets pare-balles s'emploient à évaluer la situation.

Munis de détecteurs de métaux et de petites pelles, ils inspectent le terrain. Le long du sentier nettoyé large d'un mètre et demi, ils déroulent un ruban jaune délimitant la nouvelle zone à risque.

"Même si nous avons déjà nettoyé ce terrain, nous redoutons maintenant que d'autres mines non desamorcées aient bougé et ne soient retrouvées là où nous sommes déjà passés", explique à l'AFP Fikret Smajis, responsable de l'Agence nationale du déminage (BHMAC).

Des pluies diluviennes qui se sont abattues sur la Bosnie et la Serbie voisine ont provoqué des inondations catastrophiques, faisant une cinquantaine de morts et contraignant des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers.

Le danger de déplacement des mines à la faveur des récents glissements de terrain - plus de 2.000 signalés ces derniers jours - est bien réel, notamment dans le nord du pays, dans les régions de Doboj, Tuzla et Maglaj, a expliqué un autre responsable du BHMAC, Sasa Obradovic.

Selon M. Smajis, des mines ont pu aussi être charriées et emportées par les rivières en crue vers des endroits qui n'étaient pas jusqu'à présent minés.

"Certaines mines antipersonnel sont en plastique et peuvent facilement flotter. Mais même les mines plus lourdes en métal qui pèsent deux ou trois kilos peuvent être emportées par les flots", explique-t-il.

Selon des chiffres officiels, depuis la fin de la guerre de 1992-95, plus de 120.000 mines sont encore dissiminées sur l'ensemble du territoire dont plus de 2% de la superficie totale sont toujours infestés d'engins explosifs.

Des mines jalonnent aussi les berges des rivières et des fleuves qui étaient autant de lignes de démarcation entre les deux camps belligérants durant ce conflit intercommunautaire.

Quelque 600 personnes ont été tuées et plus de mille ont été blessées après la fin de la guerre par des explosions de mines. Il s'agit de démineurs mais aussi d'agriculteurs qui labouraient leurs terres ou coupaient du bois dans les forêts.

Il faut désormais comparer minutieusement la carte des zones à risques, établie après la guerre, avec les images satellitaires de la nouvelle topograhie des régions englouties sous les eaux, après les récents glissements de terrain et inondations, selon M. Smajis.

Les agents de la protection civile ont déjà commencé à se rendre dans des zones suspectes pour alerter la population.

Près de Sarajevo, par exemple, au pied d'une montagne d'où la rivière Bosna tire sa source, un parc accueillait chaque jour des centaines de visiteurs. La montagne qui le surplombe fut une zone de combat partiellement déminée. Mais "avec les torrents, même les mines antichar ont pu être charriées vers d'autres zones +propres+", prévient encore Rifat Hodzic, autre responsable local de la protection civile.

rus/cn/rhl/cgu

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