Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mondial-2014: Romario-Bebeto, "je t'aime moi non plus" autour d'une coupe

Mondial-2014: Romario-Bebeto, "je t'aime moi non plus" autour d'une coupe

Tous deux champions du monde 1994 et députés de Rio de Janeiro, tout sépare pourtant Romario et Bebeto, ex-partenaires devenus l'opposant le plus acide et le défenseur le plus doux de l'organisation du Mondial-2014 au Brésil.

Rictus narquois, Romario de Souza Faria (48 ans), c'est le bon vivant au tempérament volcanique, capable de lancer des insultes en direct à la télévision contre les N.1 et 2 de la Fifa, Sepp Blatter et Jérôme Valcke, mais aussi de sensibiliser le Parlement aux maladies orphelines et d'arracher à la Confédération brésilienne (CBF) la promesse d'entrées gratuites pour enfants handicapés, finalement enterrée.

Sourire angélique, José Roberto Gama de Oliveira (50 ans) dit Bebeto (diminutif de Roberto), c'est le consensuel à la sobre hygiène de vie, évangéliste qui multiplie les visites aux écoles et centres sociaux ou culturels, mais aussi grand amateur de voitures de luxe et de vêtements de marque.

Romario et Bebeto, c'est l'histoire d'un "couple" uni sur le terrain par sa complémentarité mais qui, la retraite venue et du fait de personnalités antagoniques accentuées par la Coupe du monde 2014, se délite.

Leur histoire commence à la fin des années 1980 dans l'idylle, entre deux attaquants qui n'ont jamais connu la défaite lors de leurs 27 matches disputés ensemble en équipe nationale.

Ensemble, ils connaissent d'abord la frustration au Mondial-1990, blessure, banc de touche et élimination dès les 8e de finale. En 1994, place à l'âge d'or des deux partenaires, couronnés champions du monde.

Romario marque 5 buts, dont celui de la victoire en demi-finale (1-0 contre la Suède), et réussit son tir au but en finale face à l'Italie. Il est élu Ballon d'Or du Mondial puis joueur Fifa de l'année (le Ballon d'Or 1994 lui échappe car les non Européens n'étaient pas encore éligibles).

Bebeto (3 buts) inscrit l'unique but en 8e de finale (1-0 face aux Etats-Unis) et lance un retentissant "je t'aime!" à son compère qui lui a fait la passe décisive. Et en quart, il invente sa fameuse célébration du berceau pour fêter la naissance de son fils Matheus (aujourd'hui joueur de Flamengo), une image gravée dans l'histoire des Coupes du monde.

Ronaldo, présent à 17 ans dans le groupe, c'est un peu leur rejeton. "J'étais comme à l'université avec Bebeto et Romario: quels professeurs!", écrit le "Fenômeno" dans l'édition de juin du magazine britannique Four Four Two.

Les deux "professeurs" se classent finalement très haut dans la hiérarchie des buteurs de la Seleçao, menée par le "Roi" Pelé (77 buts) et Ronaldo, justement (62). Sur le podium, Romario avec 55 buts, devant Zico (48) et Bebeto (39).

Les deux étirent leur carrière jusqu'aux alentours de la quarantaine, puis deviennent parlementaires en février 2011: Romario député fédéral de Rio (PSB, gauche), Bebeto député régional de l'Etat de Rio (PDT, centre-gauche). Ils commencent à faire Chambres à part.

Le premier fait des vagues quand le second reste lisse, dans le foot comme en politique, et c'est au confluent de ces deux activités, autour du Mondial-2014 au Brésil, que le couple finira par se déchirer.

Romario pose le premier jalon du divorce fin avril 2013. Pour fêter l'inauguration du Maracana rénové, un match de gala est organisé entre les amis de Bebeto et ceux de Ronaldo. La présence de Romario, boudé par la CBF, est confirmée par Bebeto et l'intéressé lui-même... qui ne viendra pas. Peu après, le "Baixinho" (petit) peste contre un nouveau Maracana "totalement défiguré".

Solidaire des manifestations monstres de juin 2013 en pleine Coupe des Confédérations, notamment dans leur versant anti-Fifa, Romario s'érige en grand imprécateur de l'organisation du Mondial. "Il est aussi opportuniste en politique qu'il ne l'était sur le terrain", résume le célèbre journaliste Juca Kfouri.

Bebeto, lui, intègre le Comité d'organisation local (COL) du tournoi, aux côtés de Ronaldo, et se limite aux déclarations satisfaites. "Soit Ronaldo et Bebeto ne savent pas ce qui se passe, soit ils le savent et font semblant de l'ignorer. D'une manière ou d'une autre, ce sont des ignorants", tacle Romario en octobre 2013 dans le New York Times.

Ainsi éconduit, Bebeto lui répond sans cesse à sa manière, amène, comme le 1er mai à Salvador, sa ville d'origine, en marge de la tournée du trophée de la Coupe du monde: "Ma relation avec Romario, c'est qu'il restera mon ami pour la vie, pour toujours. C'est juste qu'il a ses idées, moi les miennes". Fin de l'histoire.

ybl/pal/chc

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.