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A Calais (France), des migrants plus nombreux, toujours déterminés à passer en Angleterre

A Calais (France), des migrants plus nombreux, toujours déterminés à passer en Angleterre

"Chaque jour j'essaye, mais je n'ai pas de chance": à Calais, sur les côtes françaises de la Manche, des migrants dont le campement a doublé de volume en quelques semaines tentent chaque nuit, cachés dans des camions, de passer en Angleterre, où ils espèrent "une meilleure vie".

Passés par l'Italie, la Grèce, la Bulgarie ou l'Espagne, les principales portes d'entrée dans l'Union européenne, des centaines de clandestins échouent à Calais qu'ils voient comme l'ultime étape de leur périple vers le Royaume-Uni, et dont ils savent que certains réussissent leur passage.

"Je suis arrivé il y a deux semaines. Tous les jours, j'essaye et à chaque fois je me fais arrêter par la police. Je n'ai vraiment pas de chance", soupire Shams, Afghan de 25 ans, en Europe depuis 2007.

"En Angleterre, on m'a dit qu'on pouvait trouver du travail au noir. Ici, il n'y en a pas. Dormir ici, comme des animaux, ce n'est pas une vie", dit-il le dos tourné aux ferrys amarrés tout près, assis sur un rail calciné de la voie ferrée entourant le campement où environ 400 migrants sont entassés.

Comme lui, d'autres candidats à l'exil les yeux cernés de fatigue attendent la tombée de la nuit pour braver les contrôles de police, les scanners et détecteurs de Co2. Ali, 34 ans, Egyptien originaire d'Alexandrie, désigne les camions garés sur un parking juste derrière les nombreuses tentes enveloppées de bâches plastique collées les unes aux autres et mime le haut grillage qu'il faut escalader, comment se cacher à l'intérieur ou sous l'essieu du véhicule, puis des menottes à ses poignets.

"Ils m'ont attrapé plusieurs fois et m'ont dit de ne jamais revenir. Mais j'essaierai encore et encore et encore. J'aimerais une meilleure vie", lâche un Afghan de 23 ans, aux jeans et t-shirt troués.

A l'heure du déjeuner, les migrants remplissent la file dans la grande cour où de la nourriture est distribuée, de l'autre côté de la rue. Les bénévoles, qui servaient début avril environ 200 repas, en servent désormais 400, voire 500 selon les semaines, et "seules deux tiers des personnes viennent manger", souligne Christian Salomé, président de l'association L'Auberge des migrants.

"Le nombre de migrants a doublé en six semaines", probablement en raison d'un hiver relativement clément et de l'augmentation du nombre de traversées en Méditerranée, poursuit-il.

"Chaque jour, il y a du monde qui arrive, d'Italie, de partout. Aux repas, ça pousse, tout le monde a faim. Un seul repas (en semaine, ndlr), c'est pas suffisant", déplore Youssef, 30 ans, originaire des territoires palestiniens, qui a vécu dix ans à Paris et qui après s'être "retrouvé à la rue" a décidé de rejoindre son frère et sa soeur à Londres.

"J'en ai marre, je veux y aller moi. Tous mes amis, ils sont passés cette nuit, mais ils ont payé eux. Moi, j'ai pas d'argent, et tous les soirs, à minuit, je tente ma chance en me cachant avec la marchandise. A chaque fois, je me fais choper par les chiens anglais, au troisième contrôle", témoigne-t-il, son gros blouson d'hiver sur le dos malgré le soleil qui tape, par peur de se le faire voler par ses compagnons d'infortune.

Avec la promiscuité et l'arrivée de migrants débarquant directement de Libye, "sans repères et voulant foutre le camp dès qu'ils le peuvent", la prise de risques est plus grande, observe Philippe Wannesson, militant associatif.

Le 5 mai, un migrant afghan a été secouru en mer alors qu'il tentait la traversée de la Manche sur un radeau de fortune. Le même jour, un jeune Erythréen s'est tué en sautant d'un camion en marche, parce que celui-ci allait dans la mauvaise direction, portant à six le nombre de décès depuis le début de l'année, selon M. Wanneson. Deux migrants sont notamment morts par noyade, en se jetant dans le port de Calais pour accéder au terminal ferry.

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