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Le bilan de la catastrophe minière en Turquie au-dessus des 300 morts, les opérations de secours bientôt finies

Le bilan de la catastrophe minière en Turquie au-dessus des 300 morts, les opérations de secours bientôt finies

Le bilan de la catastrophe minière de Soma a dépassé samedi le seuil des 300 morts alors que les opérations de récupération des victimes touchaient à leur fin, sur fond de nouvelle fronde contre le régime du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Au lendemain d'une violente intervention de la police dans la ville du drame contre des manifestants qui réclamaient la démission du gouvernement, le bilan presque définitif du plus grave accident industriel de l'histoire de la Turquie s'est alourdit à 301 victimes, a annoncé le ministre de l'Energie Taner Yildiz.

"Il reste encore deux mineurs mineurs coincés sous terre. Mais nous les avons localisés et le feu (dans la mine) est sous contrôle. "Les opérations de secours seront arrêtées lorsque nous aurons récupéré ces deux derniers mineurs", a ajouté M. Yildiz.

Depuis l'accident de mardi, des dizaines de milliers de Turcs sont descendus dans les rues du pays pour dénoncer l'entreprise Soma Kömür Isletmeleri, accusée d'avoir privilégié la rentabilité au détriment de la sécurité de ses salariés, et surtout le pouvoir islamo-conservateur, soupçonné d'avoir couvert cette course au profit.

"Le charbon ne pourra pas réconforter le coeur des enfants de ceux qui sont morts à la mine", proclamait une banderole déployée vendredi par les milliers de manifestants qui ont envahi les rues de Soma.

Dans une ville toujours sous le choc, les forces de l'ordre sont intervenues sans ménagement, à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau, alimentant encore un peu plus la colère contre le gouvernement.

"Dans un pays européen, le gouvernement aurait démissionné. Mais eux nous prennent pour des moutons !", a lancé un mineur à la retraite, Eyyüp Gülmez.

Même s'il a promis de faire "toute la lumière" sur ses causes, M. Erdogan a d'ores et déjà imputé cette catastrophe d'un autre âge à la seule fatalité, balayant d'un revers de main toutes les accusations de négligence.

"Les accidents sont dans la nature-même des mines", a-t-il notamment estimé.

Mais à quinze jours du premier anniversaire de la vague de contestation antigouvernementale de juin 2013, cette ligne de défense a alimenté une nouvelle fronde contre le Premier ministre, dans un climat de tensions politiques exacerbé.

Plusieurs incidents survenus pendant sa visite mouvementée jeudi sur les lieux de la catastrophe ont relancé les critiques sur la dérive autoritaire de M. Erdogan de l'homme qui règne sans partage sur la Turquie depuis 2012.

Une vidéo largement diffusée vendredi sur les réseaux sociaux a montré le Premier ministre, connu pour ses coups de colères, s'en prenant à un habitant de Soma en l'agrippant par le cou et en le traitant d'"espère de sperme d'Israël".

Des photos, dévoilées la veille, d'un de ses conseillers assénant des coups de pied à un manifestant retenu à terre par deux gendarmes ont également provoqué l'indignation.

Malgré un scandale de corruption sans précédent visant des dizaines de ses proches, le parti de M. Erdogan a remporté haut-la main les municipales du 30 mars. Il s'apprête désormais à se présenter à la présidentielle des 10 et 24 août.

"Cette fois, même les partisans d'Erdogan se posent des questions", a indiqué à l'AFP Rasit Kaya, professeur de sciences politiques à l'université technique du Moyen-Orient d'Ankara. "Mais il est difficile d'évaluer le tort que cela va lui causer", a-t-il ajouté.

Les explications embrouillées livrées vendredi par la compagnie qui exploite la mine de Soma ont été accueillies par une volée de critiques.

"Nous n'avons commis aucune négligence", a affirmé son directeur d'exploitation, Akin Celik, lors d'une conférence de presse très tendue.

Pressés de questions, ces dirigeants ont été contraints de concéder que la mine ne disposait d'aucune chambre de sécurité susceptible de protéger les mineurs des émanations de monoxyde de carbone à l'origine de la mort de la plupart des victimes.

Dans son édition de samedi, le quotidien Milliyet affirme qu'un rapport préliminaire sur les causes de la catastrophe a ainsi pointé du doigt de nombreux manquements aux mesures de sécurité dans le puits accidenté, notamment un manque de détecteurs de monoxyde de carbone.

Mis en cause dans la presse pour sa proximité avec le pouvoir, le PDG de la compagnie, Alp Gürkan, s'était vanté en 2012 d'être parvenu à réduire de 130 à 24 dollars la tonne les coûts de production dans sa mine.

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