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Menacée de partition, l'Ukraine s'efforce de lancer un "dialogue national"

Menacée de partition, l'Ukraine s'efforce de lancer un "dialogue national"

L'Ukraine cherche à lancer mercredi le "dialogue national" encouragé par les Occidentaux pour une désescalade, mais sans les insurgés pro-russes de l'Est, alors que le pays s'enfonce dans la violence.

L'Ukraine est au bord de la "guerre civile", a souligné le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. "Lorsque des Ukrainiens tuent des Ukrainiens, je pense qu'on se retrouve aussi près de la guerre civile qu'on puisse l'être", a-t-il déclaré dans un entretien à Bloomberg TV.

Une table ronde pour l'"unité nationale" est prévue à 13H30 GMT avec les représentants du gouvernement, députés et élites régionales, au lendemain d'une attaque au lance-roquette contre les soldats ukrainiens qui a coûté la vie à sept d'entre eux entre Slaviansk et Kramatorsk, bastions des insurgés.

Les discussions, auxquelles doivent notamment participer le Premier ministre Arseni Iatseniouk, deux anciens chefs de l'Etat ukrainien et des candidats à la présidentielle du 25 mai, seront animées par l'ancien diplomate allemand Wolfgang Ischinger.

Les chefs séparatistes qui ont proclamé la "souveraineté" de deux régions de l'Est à l'issue d'un référendum dimanche n'y sont pas invités malgré les appels répétés de Moscou en ce sens.

"Ils doivent d'abord déposer leurs armes et évacuer les bâtiments occupés", a déclaré à l'AFP Serguiï Sobolev, un haut responsable parlementaire du parti de Ioulia Timochenko, candidate à la présidentielle.

M. Lavrov a souligné mercredi qu'il était "indispensable de s'assurer la participation de toutes les régions d'Ukraine".

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé mardi que les "tables rondes" devaient être les plus larges et les plus représentatives possibles, mais que la violence n'y aurait pas sa place.

Elle avait dépêché mardi son chef de la diplomatie Frank-Walter Steinmeier, à Kiev puis à Odessa (sud) pour inciter à ce dialogue.

Les efforts diplomatiques en cours "restent une entreprise difficile", a admis M. Steinmeier. "Tout le monde n'est pas prêt à entrer dans un dialogue", a-t-il ajouté.

Il s'est ensuite rendu à Paris où il a rendu compte, de manière inédite, de sa visite devant le Conseil des ministres français.

"Nous avons décidé lors du conseil des ministres français que les élections du 25 mai étaient en quelque sorte le chas d'une aiguille par lequel il nous fallait à tout prix passer" pour permettre une sortie de crise, a-t-il déclaré ensuite au côté de son homologue français Laurent Fabius.

Les Européens et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'efforcent depuis plusieurs jours de renouer le fil du dialogue entre les Ukrainiens.

Mais sa mise en place s'annonce encore plus difficile après l'annonce mardi de la mort violente de sept militaires ukrainiens qui sont tombés dans une "embuscade" tendue "cyniquement et traîtreusement" par plus de 30 rebelles qui les ont attaqués au lance-roquette.

La Russie semble par ailleurs traîner les pieds, laissant entendre que les conditions pour le "dialogue" ne sont pas réunies.

Tout en jugeant "extrêmement important" de mettre en oeuvre le plus vite possible la feuille de route proposée par l'OSCE, Moscou a une nouvelle fois exigé mardi que Kiev mette fin à son "expédition punitive", et retire ses troupes de l'Est où les autorités mènent depuis la mi-avril une opération militaires contre les insurgés armés.

Des combats entre rebelles pro-russes et soldats ukrainiens se déroulent presque chaque nuit dans la zone de Slaviansk, bastion des insurgés.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a plaidé mardi pour la "mobilisation de toute l'UE et de l'Otan face au risque ou à la menace d'une chute de l'Etat ukrainien ou à tout le moins d'une partition très douloureuse".

L'UE doit "se concentrer sur le type d'aide qui permettrait à l'Ukraine de tenir des élections le 25 mai", a-t-il estimé.

Ce scrutin convoqué après la destitution en février de Viktor Ianoukovitch est jugé "crucial" par les Occidentaux pour sortir de la crise.

La Russie, par la voix du président de la Douma Sergueï Narychkine, a admis mercredi que tenir cette présidentielle anticipée était "le moindre mal", même si elle ne serait pas "entièrement légitime".

Après la perte de la Crimée en mars, l'Ukraine a fait dimanche un nouveau pas vers la partition avec la tenue dans deux régions de l'Est d'un double référendum d'indépendance, dénoncé par Kiev et les Occidentaux.

Les séparatistes ont revendiqué 90% de oui à l'indépendance et proclamé moins de 24 heures après la "souveraineté" des deux régions, baptisées républiques de Donetsk et Lougansk.

La première a d'ores et déjà demandé à Moscou son rattachement à la Russie.

Moscou n'a pas encore réagi à cette demande qui rappelle celle qui s'est soldée par le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie il y a deux mois.

La crise a d'ores et déjà un impact économique sévère sur l'Ukraine et la Russie, a annoncé mercredi la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), estimant que l'Ukraine allait plonger dans la récession cette année (-7%) et la Russie stagner ou suivre le même sort.

Moscou a menacé la veille de couper ses livraisons de gaz à l'Ukraine à partir du 3 juin si Kiev ne règle pas par avance une facture de 1,66 milliard de dollars.

bur-neo/lpt/bir

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