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Les rebelles évacués de Homs se détendent mais rêvent d'y revenir

Les rebelles évacués de Homs se détendent mais rêvent d'y revenir

Les rebelles syriens évacués du vieux Homs redécouvrent la joie du repos et le plaisir de festoyer après deux ans de bombardements et de disette mais rêvent de reprendre le quartier où ils se sont barricadés pendant deux ans.

"Aujourd'hui, les gars font huit repas par jour et dorment beaucoup alors que dans les derniers mois du siège il ne nous restait plus que les feuilles des arbres à manger", explique Aboul Joud, un militant originaire de la Vieille ville.

"C'est incroyable, pour notre premier repas, même manger des oignons était un bonheur. Nous les avons croqués comme des pommes et nous en redemandions", explique-t-il en riant à l'AFP qui l'a joint par internet.

Selon cet ancien comptable, qui fait partie des 2.000 hommes, principalement des rebelles, ayant pu quitter Homs pour Dar al-Kabira, dans le nord de la province, "nous étions convaincus que nous allions mourir, alors c'est une sorte de résurrection".

Mais en même temps, dit-il, ils se sentent décalés. "Nous déambulons maintenant sur le marché et nous étonnons de voir tous ces gens qui mènent une vie normale alors que nous étions sous les bombes".

Aujourd'hui, la ville où il a grandi est presque entièrement sous le contrôle du régime qu'il a combattu et la multitude de manifestants, qui défilaient au début de la révolte en mars 2011, ont disparu tandis qu'une partie de cette cité que les opposants surnommaient la "capitale de la révolution", n'est plus qu'un champ de ruines.

L'ancien pâtissier Hajj Aymane est devenu poète avec la révolution et il a écrit des chansons reprises lors des manifestations et qui sont devenues célèbres dans le monde arabe.

"Mais ce régime n'a jamais rien compris à la chanson ni à la poésie et sa violence nous a poussés à prendre les armes", dit-il à l'AFP.

Ceux qui ont quitté le réduit qu'ils ont défendu de toutes leurs forces savent qu'ils ne reviendront pas de sitôt. "Nous avons quitté la Vieille ville, d'où nous sommes originaires, pour nous réorganiser", explique Hajj Ayman.

"Nous retournerons chez nous et nous le ferons en combattant le régime dans les régions qu'il contrôle", affirme-t-il avec conviction.

Selon lui, la majeure partie des personnes évacuées étaient blessées mais une centaine environ le sont sérieusement et ne peuvent pas être soignées correctement.

"Dans le nord de la province, il n'y a que des hôpitaux de fortune et aucun spécialiste. En fait, nous sommes passés d'un siège très resserré à un siège élargi. Nous sommes encerclés par l'armée et ne pouvons pas évacuer les blessés vers les hôpitaux des pays voisins".

Quelque 160 personnes ayant abandonné le siège quelques semaines avant l'accord, sont toujours retenues par les autorités dans une école de Homs.

Cheikh Aboul Hareth al-Khalidi, un religieux qui fut emprisonné durant cinq ans avant la révolte puis à nouveau après le début de la révolution, parle de l'évacuation avec émotion.

Il a participé aux négociations qui y ont abouti mais confie avoir pleuré quand il a quitté en bus les quartiers dévastés du vieux Homs. "Je sais que notre retour prendra longtemps", dit-il.

"Chaque fois que je parle à ma mère (au téléphone) elle pleure en me disant qu'elle n'a jamais eu la chance de profiter de ma présence depuis ma libération", avoue ce cheikh.

"Tous mes parents, sauf mon jeune frère et moi-même, sont en dehors du pays, nous ne pouvons pas les voir car nous n'avons pas de passeport et il est impossible de s'en procurer pour les révolutionnaires", poursuit-il.

Mais Aboul Hareth est convaincu que Homs reste une icône de la révolte "même si maintenant nous sommes déplacés".

ser/sah/sk/sw

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