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Une jeune journaliste française, Camille Lepage, tuée en Centrafrique

Une jeune journaliste française, Camille Lepage, tuée en Centrafrique

Six mois après l'assassinat de deux reporters de RFI au Mali, une autre journaliste française, la photographe Camille Lepage, 26 ans, a été tuée dans des circonstances encore inexpliquées lors d'un reportage en République centrafricaine (RCA), en proie à des violences intercommunautaires.

Le président français François Hollande a lui-même annoncé mardi soir dans un communiqué le décès de la jeune femme originaire d'Angers (centre) . Il a promis de mettre en oeuvre "tous les moyens nécessaires pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat et retrouver les meurtriers". Il a demandé "l'envoi immédiat sur le site du drame d'une équipe française et de la police de la force africaine déployée en RCA".

Le corps de Camille Lepage "a été trouvé lors d'une patrouille de la force (de pacification française en RCA, ndlr) Sangaris, à l'occasion d'un contrôle effectué sur un véhicule conduit par des éléments anti-balaka, dans la région de Bouar", dans l'ouest du pays, près du Cameroun et du Tchad, selon la présidence.

Selon M. Hollande la photographe était "sans doute tombée dans un guet-apens".

Des combats avaient opposé la semaine dernière dans cette région un détachement de la force Sangaris à une colonne lourdement armée qui l'avait attaqué.

"Il ne saurait y avoir d'impunité pour ceux qui, à travers les journalistes, s'en prennent à la liberté fondamentale d'informer et d'être informé", a assuré le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius à l'AFP depuis les Etats-Unis. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a également souhaité "que les auteurs de cet acte odieux soient retrouvés et jugés."

Selon Wilfrid Estève, un des responsables de l'agence Hans Lucas qui la représentait, la jeune femme menait ces derniers temps "un travail en profondeur sur un groupe armé". Dans son dernier tweet, en date du 6 mai, Camille Lepage indiquait avoir pris la route avec des éléments "anti-Balaka".

La Centrafrique a sombré dans le chaos et les violences intercommunautaires, lorsque l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, a pris brièvement le pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014 dans un pays composé à 80% de chrétiens, multipliant les exactions.

Dites "anti-balaka", des milices chrétiennes hostiles aux Séléka et plus généralement aux musulmans, se sont formées, semant elles aussi la terreur parmi les civils.

Selon son site internet, Camille Lepage s'était établie au Soudan du Sud en juillet 2012 "pour explorer sa nouvelle passion", la photographie, "et le pays le plus neuf de la planète". "Elle rayonnait sur toute la région", qu'elle "connaissait très bien", à partir de ce pays, selon Wilfrid Estève.

Elle avait notamment travaillé au Soudan du Sud comme pigiste pour l'AFP, dont le responsable photo pour l'Afrique de l'Est, Carl de Souza, a gardé le souvenir d'une jeune femme "très enthousiaste et avide d'apprendre".

Camille Lepage, qui proclamait son intérêt pour "les populations laissées pour compte et la plupart du temps abandonnées par leur gouvernement", avait notamment effectué des reportages sur les nombreux camps de réfugiés et les centres de rééducation des amputés de guerre.

"C'est quelqu'un qui venait de l'écrit avant de faire de la photo. Ce n'était pas du tout une tête brûlée. Elle savait exactement ce qu'elle faisait", a assuré à l'AFP Virginie Terrasse, cofondatrice de Hans Lucas.

"Ce n'était pas du tout une jeune photographe qui part à l'aventure et qui ne sait pas ce qu'elle fait. Elle s'y connaissait très bien en géopolitique. Elle savait très bien sur quels terrains elle travaillait, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de jeunes photographes", a-t-elle estimé.

Au total, 18 journalistes dans le monde ont été tués depuis le début de l'année dans l'exercice de leur métier, selon l'ONG Reporters sans frontières qui a souligné mardi dans un communiqué que les menaces "se sont multipliées" contre les journalistes en RCA.

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