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L'Est de l'Ukraine vote pour son "indépendance", combats à Slaviansk

L'Est de l'Ukraine vote pour son "indépendance", combats à Slaviansk

Les Ukrainiens de l'Est se sont rendus aux urnes dimanche pour décider du sort de leur région, un vote jugé "illégal" par Kiev et l'Occident mais qui pourrait déboucher de facto sur une sécession historique de cette partie du pays.

Quasi-simultanément, les combats ont repris pendant quelques heures dans la périphérie de Slaviansk, bastion des insurgés pro-russes encerclé par les forces ukrainiennes qui y ont déclenché début mai une vaste opération militaire, a constaté l'AFP.

Des millions d'Ukrainiens de l'Est sont appelés à se prononcer sur l'"indépendance" des "républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, deux régions frontalières de la Russie, dont les insurgés contrôlent les principales villes.

Les autorités de Kiev dénient toute légitimité à ces consultations et qualifient les séparatistes de "terroristes" appuyés par Moscou. Elles se montrent déterminées à mener à bien le scrutin présidentiel anticipé prévu le 25 mai, et accusent la Russie de vouloir le faire dérailler.

De leur côté, les rebelles ne reconnaissent pas les autorités pro-européennes provisoires au pouvoir à Kiev depuis la chute du président Viktor Ianoukovitch fin février, qu'ils qualifient de "fascistes".

Le référendum a démarré dans le calme dimanche matin à 05H00 GMT, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Des centaines de personnes faisaient la queue tôt dimanche matin à l'extérieur d'un bureau de vote en périphérie de Marioupol (sud-est), ville où de violents affrontements entre forces ukrainiennes et insurgés pro-russes se sont produits cette semaine.

"Je veux être indépendant de tout le monde", explique à l'AFP Nikolaï Tcherepine, un ancien ouvrier d'usine. "La Yougoslavie a éclaté et les gens vivent bien aujourd'hui", estime-t-il.

A Slaviansk, où le maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev avait promis samedi une "participation de 100%", une foule dense se pressait dimanche matin dans deux bureaux de vote du centre.

A Donetsk, la plus grande ville de la zone contrôlée par les pro-russes, une femme, Victoria Petrovna, vote en expliquant qu'il s'agit d'un jour "important". "On nous dit de venir voter donc il est essentiel de le faire", souligne-t-elle.

"Nous venons nous battre pour nos droits et devenir indépendants. Si nous devenons indépendants ce sera dur au début mais c'est toujours mieux que d'être avec des fascistes", souligne Tatiana, une fleuriste de 35 ans.

Sur les bulletins, imprimés à la hâte par les rebelles, figure la question: "Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Donetsk ?" ou "Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Lougansk ?".

"Tout se passe comme nous l'avions prévu, les bureaux ont ouvert à l'heure, et il y a du monde qui vient voter", s'est pour sa part félicité Mykola Solntsev, un responsable de l'organisation du référendum à Donetsk.

Les premiers résultats sont attendus dans la nuit. Les rebelles se disent certains que la population approuvera leur projet.

Irina, à l'inverse, n'"ira pas voter". "Tout cela me met très mal à l'aise. Ce n'est pas un vote normal. Regardez ce qui se passe, les gens vont voter au milieu d'hommes qui portent des armes. Nous avons une région magnifique et nous allons la faire couler", a-t-elle dit à l'AFP alors qu'elle se promenait dans le centre de Donetsk.

La crainte de Kiev et des Occidentaux face à ce scrutin est de voir se reproduire dans l'est de l'Ukraine un scénario similaire à celui qui a abouti en mars au rattachement de la Crimée à la Russie, ouvrant la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la fin de la Guerre froide.

Les Etats-Unis ont réaffirmé samedi soir qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat de ces référendums, "illégaux en vertu du droit ukrainien et (qui) sont une tentative pour créer des divisions et des troubles".

Les Occidentaux ont déjà mis en place ces dernières semaines une série de sanctions à l'égard de la Russie, qu'ils accusent de piloter les troubles dans l'Est, et menacent de les étendre si l'élection présidentielle n'a pas lieu.

"Un échec de la tenue des élections présidentielles internationalement reconnues déstabiliserait encore plus le pays", ont souligné samedi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande.

Pour la première fois depuis le début de la crise, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, qui représente les 28 dirigeants de l'UE, se rendra lundi à Kiev.

Le président Vladimir Poutine de son côté a défié les Occidentaux en assistant en personne vendredi à une parade militaire en Crimée où il a affirmé que son rattachement à la Russie constituait un acte de "fidélité à la vérité historique".

La situation militaire restait tendue dans l'est de l'Ukraine, après la reprise des combats dans la nuit de samedi à dimanche près de Slaviansk, a constaté l'AFP.

L'armée ukrainienne a lancé le 2 mai une opération destinée à reprendre le contrôle de cette zone et encercle la ville depuis plusieurs jours.

De nombreuses et très fortes détonations ont retenti dimanche en début de matinée, avant de s'apaiser, a constaté l'AFP.

Après des tirs nourris pendant une grande partie de la nuit, les combats ont repris dans le village d'Andriïvka, sur la "ligne de front", à l'entrée sud de cette cité, a déclaré Stella Khorocheva, porte-parole des insurgés pro-russes de Slaviansk.

"Il y a des victimes", a-t-elle ajouté, sans autres précisions. Les affrontements armés dans l'Est et le Sud de l'Ukraine ont fait des dizaines de morts ces deux dernières semaines.

bur-ahe/nm/

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