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Jane Campion ou la passion des portraits de femmes

Jane Campion ou la passion des portraits de femmes

La réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, qui présidera le jury du 67e Festival de Cannes (14-25 mai), a bâti son oeuvre sur des portraits de femmes déterminées, aux prises avec les carcans de leurs époques.

Unique détentrice d'une double Palme d'or, celle du court métrage ("Peel" en 1986), et du long métrage ("La leçon de piano" en 1993), Jane Campion affiche toujours, à tout juste 60 ans, un esprit rebelle et anticonformiste.

La carrière de Jane Campion, longue silhouette, visage lumineux cerné de longs cheveux blancs, lunettes cerclées de noir, s'est écrite à Cannes, bien qu'elle soit originaire des antipodes.

Elle est née le 30 avril 1954 à Wellington d'une mère comédienne et d'un père directeur de théâtre, tous deux fascinés par Shakespeare. Elle délaisse la vie d'artiste pour l'anthropologie, avant des études de peinture en Angleterre et en Australie.

Celle qui a été marquée par "Belle de jour", de Luis Bunuel (1967) bifurquera vers le cinéma dans les années 80 en prenant des cours dans une école australienne dont elle sortira diplômée en 1984.

La reconnaissance vient deux ans plus tard seulement, avec son premier court métrage, "Peel", récompensé à Cannes.

Dès son premier long métrage, "la femme est au centre de la vie et de l'oeuvre de Jane Campion", écrit le critique et historien du cinéma Michel Ciment dans "Jane Campion par Jane Campion" (Ed. Cahiers du cinéma) qui paraît le 20 mai.

"Chacun de ses films a en son centre une protagoniste qui lutte pour son autonomie psychique et sensuelle, et qui est en quête de sa subjectivité", poursuit-il, relevant également sa "croyance dans le pouvoir de l'image".

"Sweetie", en compétition à Cannes en 1989, raconte l'histoire d'une jeune femme dont la vie est bouleversée par l'arrivée d'une soeur.

Elle enchaîne avec "Un ange à ma table", sur la vie tragique de la romancière Janet Frame (prix spécial du jury en 1990 à Venise).

La réalisatrice poursuit sa galerie de personnages féminins marginaux dans "La leçon de piano" qui révèle la comédienne Holly Hunter dans le rôle d'une sourde et muette amoureuse d'un Maori illettré au 19e siècle. A la clé, une pluie de récompenses internationales.

"Portrait of a Lady" en 1996 avec Nicole Kidman, "Holy Smoke" en 1999 avec Kate Winslet, "In the Cut" en 2003 avec Meg Ryan et encore "Bright Star" en 2009 illustrent cette appétance pour les rôles de femmes en butte à la norme imposée par la société.

Ainsi, dans "Bright Star", en compétition à Cannes, la cinéaste souligne-t-elle l'opulence de l'univers bourgeois et ses codes puritains, la puissance du désir charnel au fil d'une relation platonique entre le poète romantique John Keats et Fanny Brawne, jeune bourgeoise au caractère indépendant.

"Mes films sont des réactions à l'obsession de la société pour la normalité, sa propension à exclure les déviants", a raconté Jane Campion, passionnée de littérature anglo-saxonne romantique, avec une prédilection pour Emily Brontë et Emily Dickinson, ou encore Virginia Woolf.

Jane Campion, qui déplorait en 2009 à Cannes la difficulté pour une cinéaste d'accéder au financement des studios dans une industrie très majoritairement masculine s'est toujours revendiquée comme femme, tout en refusant le ghetto des "films de femmes", souligne Michel Ciment.

Personnalité exigeante et libre, elle aime passer d'un genre à l'autre, de la biographie au thriller érotique, de l'adaptation de romans à la série télévisée.

Pour elle d'ailleurs, la télévision est une "nouvelle frontière".

La cinéaste, qui vit en Australie, vient de connaître un immense succès avec la mini-série télévisée policière "Top of the Lake", qui marque ses retrouvailles avec Holly Hunter, cette fois en gourou.

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