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Venezuela: vaste opération de police contre les étudiants mobilisés

Venezuela: vaste opération de police contre les étudiants mobilisés

Les autorités vénézuéliennes ont frappé un grand coup jeudi à l'aube contre les étudiants mobilisés contre le gouvernement en démantelant plusieurs camps de protestataires à Caracas et interpellant plus de 240 d'entre eux.

"L'opération a été lancée à 03h00 du matin. Il a été décidé de démanteler ces camps car il était évident qu'ils abritaient des groupes violents commentant des actes terroristes: incendier des patrouilles de police, affronter à coups de cocktails Molotov et avec des armes les forces de sécurité", a déclaré Miguel Rodriguez Torres au micro de la télévision d'Etat VTV.

"243 personnes ont été appréhendées" et seront entendues afin de déterminer si elles seront poursuivies ou pas, a ajouté le ministre.

"Très peu de jeunes ont pu échapper" à la police, a affirmé dans un média local l'avocate et défenseure des droits de l'homme Elenis Rodriguez.

Depuis début février, le Venezuela est le théâtre d'un mouvement de protestation étudiant relayé par l'opposition critiquant la politique du président socialiste Nicolas Maduro, héritier du charismatique Hugo Chavez, décédé en mars 2013.

Le pays subit depuis plusieurs mois une crise économique aiguë, combinant pénuries récurrents et inflation croissante (plus de 60% par an).

Les violences en marge des manifestations, lancées au départ par des étudiants de province pour protester contre l'insécurité galopante, ont fait officiellement 41 morts et plus de 700 blessés.

Une centaine d'enquêtes sont en outre en cours concernant d'éventuels abus commis par les forces de l'ordre et des centaines de personnes ont été arrêtées, et majoritairement relâchées, à l'exception notoire de quelques figures de l'opposition, comme le dirigeant du parti Voluntad popular, Leopoldo Lopez (droite).

Au cours du dernier mois, outre quelques manifestations et incidents sporadiques, la majorité des mobilisations se concentraient dans plusieurs camps tenus par des jeunes gens à Caracas.

Le principal d'entre eux était dressé devant les locaux du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), où des centaines de tentes étaient montées, coupant trois des six voies de l'avenue où est situé le bâtiment.

Fidèle à la rhétorique dramatique employée par les autorités lorsqu'elles évoquent ce qui touche à ce "coup d'Etat en cours", pour citer le président Maduro, le ministre de l'Intérieur a affirmé que la police avait saisi jeudi matin "de la drogue, des armes, des explosifs, des mortiers, des grenades lacrymogènes, tout ce qu'ils utilisent au quotidien pour affronter les forces de sécurité".

Des équipes de la police scientifique ont été dépêchées dans les camps pour "relever toutes les preuves et les présenter devant la justice afin de poursuivre ceux qui doivent être poursuivis", a-t-il ajouté.

Cette opération coup de poing a été menée le jour même où l'opposant Leopoldo Lopez, détenu depuis mi-février sous l'accusation d'incitation à la violence, devait comparaître devant la justice afin de déterminer s'il doit être jugé ou libéré.

Mais dans la matinée, un communiqué de son parti a affirmé que l'audience avait finalement été reportée.

"Le tribunal a différé l'audience préliminaire de Leopoldo Lopez, qui a été de nouveau transféré à la prison militaire de Ramo Verde", dans les environs de Caracas, selon le communiqué, qui ne précise pas la date de la nouvelle audience.

La libération de M. Lopez, ainsi que d'autres opposants condamnés ces dernières semaines pour leur rôle dans les manifestations anti-gouvernementales, est une des revendications de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), qui mène avec le gouvernement un dialogue national inédit depuis un mois.

Difficile à amorcer, ce dialogue subit toujours des à-coups, et plusieurs réunions ont déjà été reportées à la dernière minute.

Mercredi soir, le vice-président du Venezuela Jorge Arreaza a ainsi indiqué que la rencontre prévue le jour-même se déroulerait finalement "la semaine prochaine".

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