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Le Honduras, champion du monde des homicides, choqué par des meurtres de mineurs

Le Honduras, champion du monde des homicides, choqué par des meurtres de mineurs

"Mes enfants, ne me laissez pas seule!", crie une femme en enterrant son petit-fils, le deuxième à se faire abattre en une semaine. Une série de meurtres de mineurs, certains pour avoir refuser d'intégrer des gangs, choque le Honduras, pourtant habitué à la violence.

Le corps de l'enfant de sept ans, tué par balles et torturé, a été retrouvé la semaine dernière enveloppé dans un drap sur un terrain vague de San Pedro Sula.

Située à 240 km au nord de Tegucigalpa, cette ville est considérée comme la plus dangereuse du pays le plus meurtrier de la planète, qui a enregistré 90 homicides pour 100.000 habitants en 2012 selon les Nations unies.

La grand-mère et la mère de la petite victime n'ont même pas eu le temps de se remettre du meurtre d'un grand frère du garçonnet, âgé de 13 ans et retrouvé dans des circonstances similaires trois jours auparavant.

Six autres écoliers ont été abattus en un mois à San Pedro Sula, selon les autorités, pour avoir refusé d'intégrer des "maras", des gangs dédiés aux extorsions, au racket et à toutes sortes de trafics, qui se livrent de sanglantes guerres de territoires.

Dix-sept meurtres de mineurs ont été recensés depuis un mois, jetant un voile sombre sur le début de mandat du président conservateur Juan Orlando Hernandez, qui a pris fin janvier ses fonctions à la tête de ce petit pays d'Amérique centrale en promettant de rétablir la sécurité.

"Nous prions Dieu pour que ces (crimes) ne soient pas une réaction à ce que nous faisons" dans le domaine de la sécurité, a déclaré le président dans une interview publiée mardi dans le journal El Heraldo.

Dimanche, à San Pedro Sula, des membres de la Mara Salvatrucha (MS-13) ont pénétré dans un centre correctionnel pour mineurs, désarmé les gardiens et jeté une grenade, tuant cinq membres de la Mara 18 (M-18).

Le même jour, un homme a violé une fillette de 13 ans, avant de la poignarder, ainsi que ses frères de dix, sept et deux ans, dans le département de Colon, à 700 km au nord de Tegucigalpa.

Ces morts violentes ont suscité de nombreuses critiques à l'encontre de la politique de la "main ferme" prônée par M. Hernandez, qui a déployé l'armée dans le pays pour tenter de lutter contre les criminels.

Dans ses prises de paroles, celui-ci rappelle toutefois que son mandat commence à peine mais que le Honduras "est en train de changer", et affirme que le nombre d'homicides est en baisse. Ce que contestent des organisations de défense des droits de l'Homme.

Une moyenne de 86 jeunes de moins de 23 ans ont été tués chaque mois depuis l'arrivée au pouvoir de M. Hernandez, 6,2% de plus que sous le gouvernement précédent, soutient ainsi Casa Alianza, une ONG de protection de l'enfance.

"Il y a des soupçons de politique de nettoyage social", dans lesquelles les forces de sécurité pourraient être impliquées, a déclaré à l'AFP Guadalupe Ruelas, directrice de Casa Alianza.

Beaucoup de mineurs sont en outre contraints par les "maras" de participer à des extorsions, sous peine d'être exécutés.

Ces trois premiers mois de gestion du nouveau président "sont marqués par les meurtres d'enfants", renchérit la coordinatrice du Comité des proches de disparus au Honduras, Bertha Oliva.

Des critiques rejetées par M. Hernandez : "Les criminels savent qu'ils sont encerclés, ils savent qu'ils sont affaiblis, ils savent qu'une bonne part de leurs chefs ont été capturés (...) S'il y a des conséquences, nous allons y faire face", a-t-il averti.

Sa stratégie a été de mobiliser des milliers de policiers et militaires dans les zones les plus criminogènes du pays et de brouiller les téléphones portables dans les prisons, d'où les caïds continuent souvent de gérer leurs affaires.

Il a ensuite lancé les "Gardiens de la patrie", un programme officiellement destiné à éloigner les jeunes des "maras", mais taxé de "militariste" par des ONG.

"Les faits contraignent à revoir cette stratégie militaire, surtout parce que les morts sont des jeunes et des enfants", estime pour l'AFP la responsable du département de sociologie de université nationale, Mirna Flores. Car "ce qui se passe est grave".

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