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Twitter: le cours de Bourse s'effondre 6 mois après l'introduction

6 mois après son arrivée, la Bourse ne retweete plus Twitter
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Tweeter n'est pas boursicoter. Le réseau social continue de stresser les marchés, 6 mois après son introduction sur le Nasdaq. Mardi, le titre de l'action a chuté de 17%, alors que le lock-up faisait ses adieux. Le 7 mai, ça fait exactement 6 mois que Twitter a été introduit en Bourse. C'est donc la fin de cette clause durant laquelle les actionnaires principaux ne pouvaient se défaire de leurs titres. Environ 82% des parts seraient concentrées dans les mains de ces derniers. De quoi fragiliser la santé du cours.

Résultat, Twitter a dégringolé mardi à la Bourse de New York, après l'arrivée à expiration de cette interdiction de vente des titres imposée aux salariés et aux dirigeants de l'entreprise depuis son entrée en Bourse. Sauve qui peut, prenons nos bénéfices a été le mot d'ordre! L'action du réseau social en ligne a ainsi plongé de 17,81% à 31,85 dollars, finissant à son plus bas niveau historique en clôture.

Autre indice qu'il y a du souci à se faire, le nombre des volumes échangés. Le nombre d'actions échangées mardi étaient 2 fois plus important que la veille. Preuve qu'une grande volatilité perturbe le cours de Twitter et ce que tentent de freiner les poids du réseau social. Les co-fondateurs Jack Dorsey et Evan Williams, de même que le directeur général Dick Costolo, ont expliqué mi-avril qu'ils n'avaient pas l'intention de vendre à court terme leurs titres. Jack Dorsey est toujours président du conseil d'administration, et Evan Williams y siège également.

Twitter précise dans des documents bousiers qu'en vertu de la législation et de ses dispositions internes, les trois dirigeants "pourront au plus tôt faire des cessions 90 jours après" cette période de lock-up. Rendez-vous dans trois mois, donc, avec à la clé de fortes turbulences à attendre pour l'action.

Introduite en fanfare le 7 novembre, Twitter avait presque doublé sur sa première séance, achevée à 50,09 dollars, et avait atteint un pic de 73,31 dollars fin décembre. L'euphorie est depuis retombée, notamment à la suite de la publication des résultats annuels montrant des signes de ralentissement de la croissance. Les résultats trimestriels de l'entreprise, publiés le 30 avril, ont été sanctionnés par un plongeon de 12% de l'action. Puis 17,81% ce mardi.

A 31,85 dollars, son cours reste toutefois supérieur de 22,5% au prix d'introduction de 26 dollars retenu début novembre pour l'entrée en Bourse.

Twitter n'est pas Facebook, ni Instagram ou WhatsApp

Les annonces n'étaient pourtant pas si mauvaises que ça. Twitter, qui se livrait à cet exercice pour la seconde fois depuis son introduction, a plus que doublé ses revenus, à 250 millions de dollars. Soit plus que ce qui était pronostiqué. Enfin, la perte qui ressort à 132 millions de dollars, a été nettement réduite. Mais le problème n'est pas tant du ressort financier, mais de ses utilisateurs.

Avec 225 millions de membres actifs à la fin mars, le réseau social pèse à peine le quart de Facebook. Et malgré une augmentation de l'ordre de 25% sur un an, l'avenir ne s'annonce pas rose. Twitter est loin de percer comme Instagram, le réseau spécialisé dans la photo vintage (doublement de la base en un an à 200 millions). Inutile également de comparer à WhatsApp, passé de 200 à 500 millions de membres sur la même période.

Si certains réseaux sociaux se contentent de comparer leurs membres, Twitter doit également communiquer sur le nombre de "chargement de flux". C'est-à-dire quand un utilisateur se connecte et met à jour son fil d'actualité pour découvrir de nouveaux tweets. Une façon de mesurer la fidélité de ses membres, dont beaucoup sont des "bots" (robots). En un an, le nombre moyen de consultations a chuté de 8%. Embêtant pour un réseau qui devrait être en pleine croissance.

La firme du 1355 Market Street (San Francisco) doit rivaliser d'ingéniosité pour expliquer ce désintérêt. Selon elle, le regroupement des conversations autour d'un tweet ne nécessite plus le même nombre de rafraîchissement qu'avant. Par ailleurs, les utilisateurs passeraient plus de temps à interagir entre eux, repoussant à plus tard le besoin d'un chargement. Inversement, le nombre de "retweets" et de "favoris" auraient bondi de 26%. Vous l'avez compris, toutes les raisons sont bonnes pour expliquer la crise d'adolescence de Twitter.

Cantonné à un réseau d'initiés ?

La grande crainte de la société est de ne jamais se transformer en réseau de masse. Qui trouve-t-on sur Twitter? Des journalistes (beaucoup), des "influenceurs", des célébrités... Mais en aucun cas la même diversité que sur Facebook ou Instagram. Twitter serait-il condamné à seulement accueillir des gens hyper connectés?

La direction mène des actions depuis plusieurs mois, afin de convaincre un nouveau public à rejoindre le réseau. Une nouvelle page de profil commence à faire son apparition, étrangement proche de celle de Facebook, les ingénieurs ont amélioré l'affichage des photos... La patron Dick Costolo a annoncé que l'architecture des messages privés sera revu dans les prochains mois. Après s'être inspiré de Facebook et d'Instagram, Twitter lorgne donc désormais sur la réussite de WhatsApp.

Une comparaison peu flatteuse avec le parcours boursier de Facebook

Introduit avec fracas en mai 2012, Facebook restera comme un échec retentissant dans l'histoire de la finance. Résultats financiers passables, potentiel économique peu évident, soupçons de conflit d'intérêts avec des banques d'affaires, bug des ordinateurs du Nasdaq... L'initiation de Facebook à Wall Street a été une vraie catastrophe. Près de 3 mois après l'IPO, l'action perdait plus de la moitié de sa valeur, à 18 dollars.

Ce n'est qu'en juillet 2013 que le cours a retrouvé sa valeur initiale. En l'espace d'un an, le secteur des réseaux sociaux avait complètement changé d'univers: les utilisateurs avaient massivement basculé sur les dispositifs portables (mobiles et tablettes). Facebook a donc eu le nez creux de placer son développement mobile en tête de des priorités (avec des résultats publicitaires à la clé). La société met depuis l'accent sur des applications liées à des contenus Facebook mais utilisables indépendamment. C'est le cas de Messenger, ou la très attendue Paper (seulement disponible aux Etats-Unis), qui propose un suivi personnalisé de l'actualité.

Le 30 janvier, Facebook a publié d'excellents résultats et dégagé un bénéfice annuel de 1,5 milliard de dollars. Il n'en fallait pas plus pour enflammer la Bourse: l'action a bondi de 14% à 61 dollars, avec un plus haut historique atteint début mars à 70 dollars. Une santé à faire palir d'envie Twitter, pour qui l'avenir n'a jamais semblé aussi fragile. Mais rappelez-vous du dicton: "acheter au son du canon et vendre au son du clairon". Facebook n'en menait pas large après 6 mois en Bourse...

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