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Les Blancs pauvres d'Afrique du Sud remontés contre le gouvernement ANC

Les Blancs pauvres d'Afrique du Sud remontés contre le gouvernement ANC

Pour les Blancs pauvres d'Afrique du Sud, une minorité parmi la minorité, l'élection de mercredi est aussi l'occasion d'exprimer leur désarroi ou leur écoeurement d'un pays dont ils se sentent parfois rejetés.

Adriaan Courdier, sa carte d'identité à la main, est venu voter pour la première fois de sa vie. A 23 ans, cet ouvrier d'usine d'un quartier pauvre de Pretoria ne croit plus à la "nouvelle Afrique du Sud" promise par Mandela en 1994.

"Toute ma famille pense comme moi, depuis 20 ans il ne s'est rien passé. Certains dans ma famille sont SDF, ils n'ont pas de boulot, ils vivent dans la rue", témoigne le jeune homme de famille afrikaner, ces descendants des premiers colons hollandais d'Afrique du Sud.

"Mon patron est noir, il roule en Amarok (un 4x4 Volkswagen onéreux ndlr), il a une Mercedes et une BMW chez lui. Je voudrais juste être à sa place".

Courdier est l'un de ces millions de Sud-Africains qui ont voté mercredi contre l'ANC, le parti au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie en 1994. Le mécontentement touche évidemment des gens de toutes origines, avec un chômage officiel à près de 25%, et beaucoup plus si l'on compte ceux qui ont renoncé à chercher du travail.

"Je ne pense pas que l'ANC ait réussi à fédérer un vote blanc après 1994", analyse le politologue Mzukisi Qobo, de l'Université de Pretoria, "précisément parce que les Blancs en Afrique du Sud sont inquiets pour leur avenir dans un pays dirigé par un parti aux mains des Noirs".

"Il y a aussi une rhétorique anti-Blanc à peine déguisée chez certains leaders de l'ANC", constate ce chercheur, qui estime que ces élections vont encore accentuer la rupture entre l'ANC et l'électorat blanc.

La minorité blanche, 9% de la population, concentre pourtant entre ses mains l'essentiel du pouvoir économique du pays. Les Blancs occupent 62,7% des postes de direction en Afrique du Sud, contre seulement 19,8% pour les Noirs, selon un rapport gouvernemental publié début avril. Leur salaire moyen est par ailleurs six fois supérieur à celui des Noirs.

Les laissés-pour-compte de cette situation n'en sont que plus amers. "Parfois, je pense que c'était mieux avant 1994", souffle Ockert Van der Berg, 18 ans, venu voter pour la première fois. Il ne précise pas que "c'était mieux" pour la seule minorité blanche, tandis que 90% de la population souffrait des mesures de ségrégation raciale.

Le jeune homme, dans un pays qui a mis en place une politique active de discrimination positive pour l'accès à l'emploi, n'arrive plus à trouver sa place: "Ils disent que dans la nouvelle Afrique du Sud, la couleur de peau n'est plus un critère. Ils disent que la nouvelle Afrique du Sud n'est pas raciste, mais on vous dit aussi que vous n'avez pas la bonne couleur pour le job".

Martin Smit, lui aussi de la génération qui vote pour la première fois, a voté pour le Freedom Front Plus, un parti qui souhaite représenter uniquement la minorité afrikaner. "Chaque fois qu'on a un problème, on peut les appeler, ils nous aident, que ce soit une coupure de courant ou un vol de voiture à main armée".

Les jeunes Noirs du même âge rencontrés par l'AFP étaient en général très enthousiastes, et pressés de voter pour l'ANC, le parti qui, disent-il, leur a donné la liberté dont ils jouissent aujourd'hui.

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