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« Molly Bloom » bientôt à l'Espace GO : Anne-Marie Cadieux annonce le printemps (ENTREVUE)

«Molly Bloom» à l'Espace GO : Anne-Marie Cadieux annonce le printemps (ENTREVUE)
Courtoisie

Ode au désir, à l’amour, au pétillement, à l’abandon et à la fraîcheur, Molly Bloom a été abordée par la metteure en scène Brigitte Haentjens et son interprète solo Anne-Marie Cadieux comme une fleur qui déploie ses pétales au printemps.

Malgré le plaisir avec lequel Anne-Marie Cadieux parle de son monologue, elle affirme avoir hésité avant de plonger dans ce projet tiré du dernier chapitre du roman Ulysse, de James Joyce. «C’est un travail colossal. Le texte est une suite d’associations d’idées, qui demande de passer du coq à l’âne, comme lorsqu’on pense dans la vie. Il n’y a aucune ponctuation, le texte n’a rien de linéaire et ça me faisait peur. Mais à force de faire du travail de table avec Brigitte, j’ai vu tout le potentiel du texte.»

Contrairement à certaines grandes œuvres littéraires qui subissent des adaptations théâtrales hasardeuses, Molly Bloom prend une dimension particulièrement intéressante sur scène, selon l’actrice. «L’oralité permet au monologue d’être plus limpide et plus vivant. En fait, tout part des sensations de Molly. Elle nous parle de jouissance, d’allaitement, de menstruations et du sexe masculin, sans censure ni culpabilité. C’est un personnage qui m’apporte beaucoup de joie.»

En plus d’être un défi textuel de taille, la pièce de théâtre oblige la comédienne à occuper la scène seule pendant 75 minutes. Un vertige qu’elle n’avait à peu près jamais vécu en 30 ans de carrière.

«Il y a quelques années au FTA, j’ai joué Douleurs exquises, qui est un genre de solo fragmenté et accompagné. Mais Molly Bloom se dit d’un seul souffle. Quand ça commence, c’est comme un train qui part dans ma tête. C’est un des trucs les plus longs que j’ai eu à travailler. J’ai mis cinq mois à apprendre le texte comme une partition musicale et presque autant à me demander pourquoi j’avais accepté de faire ça. J’étais terrorisée.»

Brigitte Haentjens semble avoir trouvé le moyen de calmer et d’accompagner son interprète, puisque celle-ci parle d’une collaboration où le plaisir a côtoyé un agréable sentiment de liberté. «Brigitte laisse énormément de place aux créateurs qui l’entourent, tout en demeurant le chef d’orchestre. Elle est très exigeante, mais elle sait comment créer un terreau fertile pour laisser naître les idées de tous ses collaborateurs. C’est hyper stimulant.»

C’est ainsi que la scénographe Anick La Bissonière a imaginé un dispositif scénique rappelant à la fois la chambre de Molly, son corps et la nature, avec un esprit aussi poétique que terre-à-terre et à l’image des idées qui défilent dans la tête du personnage principal.

Ces idées ont d’ailleurs choqué le grand public lors de la parution du roman en 1922, une époque où le monologue de Molly la femme adultère était jugé obscène et provocateur. «Aujourd’hui, le texte va plutôt faire sourire les spectateurs, souligne Anne-Marie Cadieux. Molly parle sans détour de tout ce qui bouge dans sa tête. Elle ne s’exprime pas ainsi pour choquer volontairement qui que ce soit. Elle pense à ses amants, elle est gorgée de désirs et les gens vont sentir son effervescence contagieuse. »

Molly Bloom est présentée à l’Espace GO du 6 au 31 mai 2014.

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