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Ukraine: le sort des observateurs OSCE en négociation, Obama met en garde la Russie

Ukraine: le sort des observateurs OSCE en négociation, Obama met en garde la Russie

Le sort des observateurs de l'OSCE détenus depuis vendredi par des rebelles pro-russes de l'Est de l'Ukraine demeurait dans la balance dimanche, alors que le président Barack Obama a exigé la fin des "provocations" russes.

L'un des huit observateurs militaires envoyés par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été libéré dimanche soir et a quitté son lieu de détention, la mairie de Slaviansk, accompagné par deux négociateurs de l'OSCE, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il s'agit de l'observateur suédois, qui souffre de diabète, a indiqué à l'AFP une porte-parole des séparatistes. L'OSCE à Vienne a confirmé à l'AFP la libération du Suédois et indiqué que "les efforts pour la libération de tous les inspecteurs détenus et des personnes les accompagnant vont être poursuivis".

Plus tôt dans la journée, les insurgés pro-russes de Slaviansk avaient exhibé les huit étrangers devant la presse.

"Je ne peux pas rentrer chez moi librement", a sobrement commenté l'un d'entre eux, le colonel allemand Axel Schneider. Les rebelles retiennent aussi quatre Ukrainiens qui les accompagnaient mais ne sont pas apparus en public.

Cette présentation à la presse est "répugnante", a estimé le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, insistant sur "le devoir" de la Russie d'intervenir pour leur libération.

Les militaires retenus sont "des prisonniers de guerre", a expliqué Viatcheslav Ponomarev, dirigeant séparatiste et maire autoproclamé de Slaviansk. Cette ville de 100.000 habitants échappe depuis deux semaines au contrôle de Kiev et fait l'objet d'un "blocus" et d'une "opération antiterroriste" de la part des autorités centrales.

Les observateurs "ne sont pas nos otages, ce sont nos invités", a expliqué M. Ponomarev.

Trois militaires hauts gradés ukrainiens, accusés d'espionnage, sont également détenus à Slaviansk, selon lui. Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont qualifié leur arrestation d'"attaque par des criminels armés". La télévision russe a peu après montré des images des trois hommes en caleçon, les yeux bandés et couverts de ruban adhésif.

Ces épisodes font encore monter la température dans l'Est du pays, où les Occidentaux soupçonnent la Russie de s'activer en sous-main pour attiser la flamme séparatiste et créer une situation du type de celle qui a conduit au rattachement de la Crimée à la Russie en mars.

Slaviansk n'est pas la seule ville en proie à des troubles séparatistes: à Donetsk, grande ville industrielle de l'Est, des dizaines de militants pro-russes ont occupé les locaux de la télévision régionale, exigeant que ses journalistes "disent la vérité".

"Les chaînes russes (accusées par Kiev de propagande anti-ukrainienne et interdites dans le pays, ndlr) disent la vérité", a expliqué un militant.

L'ex-magnat russe et opposant au Kremlin Mikhaïl Khodorkovski se trouvait également dimanche à Donetsk où il a été apostrophé par une poignée de militants pro-russes l'accusant d'avoir "vendu sa patrie".

"Les sanctions ne vont avoir aucun effet à court terme sur la Russie. Cela dégradera sa situation économique, mais cela ne deviendra pas critique avant au moins 3 ou 4 ans", a estimé l'ancien homme d'affaires, qui vient de purger 10 ans de prison en Russie pour des motifs jugés politiques.

A Kharkiv (est), des affrontements ont opposé dimanche après-midi les supporteurs de football qui défilaient pour l'unité de l'Ukraine et dont la route a croisé celle de militants pro-russes. Plusieurs personnes ont été blessées, dont deux policiers.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a mis en garde dimanche contre un risque de "dérapage aux conséquences incalculables" en Ukraine et lancé un appel à la "désescalade en particulier du côté russe et du côté des pro-russes".

"La situation est très inquiétante. C'est vrai que lorsqu'il y a des populations chauffées à blanc et qu'il y a des incidents qui se multiplient, il peut toujours y avoir un dérapage aux conséquences incalculables", a déclaré le ministre français.

Le président américain Barack Obama a pour sa part une nouvelle fois appelé dimanche la Russie à cesser ses "provocations" en Ukraine, faute de quoi elle s'exposerait à de nouvelles sanctions à court terme.

Les nouvelles sanctions annoncées samedi par le G7 visent à "faire comprendre à la Russie que les actes de déstabilisation qui se déroulent en Ukraine doivent cesser", a lancé le président américain.

"Tant que la Russie suivra la voie des provocations plutôt que d'essayer de résoudre cette question par des moyens pacifiques et (de favoriser) une désescalade, il y aura des conséquences et ces conséquences iront en croissant", a-t-il prévenu.

Les sanctions de Washington viseront principalement l'industrie de la défense russe, ainsi que des personnes et des sociétés proches du président Vladimir Poutine, a déclaré dimanche le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale Tony Blinken.

Certains hauts responsables russes font déjà l'objet de sanctions américaines et européennes, mais le reste de l'économie, déjà affaiblie, paye aussi son tribut à la crise sous forme de fuites massives de capitaux. Ce constat a poussé vendredi l'agence Standard & Poor's à abaisser la note de la Russie à "BBB-".

La Russie et les Etats-Unis s'accusent mutuellement depuis des mois de manoeuvrer en sous-main pour s'emparer de l'Ukraine. L'inquiétude des Occidentaux est d'autant plus vive que la Russie qui a massé des dizaines de milliers d'hommes à sa frontière avec l'Ukraine a déclaré mener "des manoeuvres", mais pourrait de fait se préparer à envahir son voisin.

Elle aurait aussi violé à plusieurs reprises l'espace aérien ukrainien ces dernières heures dans le but de "provoquer une guerre", selon le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk.

bur-ahe/neo/gg

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