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Qui était Jean XXIII, le pape canonisé dans l'ombre de Jean-Paul II ?

Mais qui était le pape Jean XXIII ?
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La cérémonie de canonisation du dimanche 27 avril fait office de grande première. D'une part parce qu'elle sera conduite par deux papes en même temps, François et son prédécesseur Benoit XVI, mais aussi parce qu'elle permettra à deux anciens évêques de Rome, Jean Paul II et Jean XXIII, d'accéder en même temps au rang de saint.

Si le premier est encore très présent dans de nombreux esprits, le second — décédé il y a plus de 50 ans — ne bénéficie aujourd'hui pas de la même notoriété. Élu à 76 ans comme simple pape de transition, Jean XXIII a pourtant chamboulé le Vatican pour se rapprocher du peuple, au point d'hériter du surnom de "bon pape" auprès des fidèles.

Portrait de cet italien né en 1881 qui a réussi à se forger une image de pape progressiste en passant moins de cinq années à la tête de l'Église.

Ouvrir le Vatican sur le monde

Il n'était censé être qu'un pape de transition après le décès de Pie XII, resté en fonctions près de 20 ans. Et pourtant, l'italien Angelo Roncalli a profondément marqué l'Église par son pontificat. Celui qui devient Jean XXIII en 1958 crée principalement la surprise en lançant Vatican II, un concile qu'il veut synonyme d'aggiornamento, c'est-à-dire de "mise à jour", moins de trois mois après son élection.

Parmi les principaux apports de ce concile, on peut citer notamment:

• L'abandon du latin pour la messe, remplacer par la langue de chaque pays

• Nul homme ne doit être empêché ou contraint de pratiquer une religion

• L'Eglise catholique ne considère plus qui les juifs sont responsables de la mort de Jésus

» L'élection de Jean XXIII, le 29 octobre 1958

"Je veux ouvrir la fenêtre de l'Église afin que nous puissions voir ce qu'il se passe dehors et que le monde puisse voir ce qu'il se passe chez nous", déclare dans son discours d'ouverture de cette réunion de tous les évêques.

Il est alors considéré comme le symbole d'une ouverture au monde moderne. Il fait la promotion du dialogue avec les non chrétiens et les non croyants, reconnaît la liberté de conscience et de religion et ne s'oppose pas à la culture contemporaine et ses progrès technologiques.

» Le pape tourne quelques scènes pour le cinéma en 1959

Faire fi des intérêts occidentaux et dépasser les conflits

Évêque dès 1925, Angelo Roncalli s'était d'abord tourné vers la diplomatie qui l'a mené en Bulgarie, à Istanbul et à Paris juste après la Seconde Guerre mondiale. Une carrière qui lui servira grandement pendant son pontificat, notamment en octobre 1962 lorsqu'il lance un appel aux grandes puissances engagées dans la crise des missiles de Cuba.

Comme le raconte le quotidien La Croix, alors que l'Église était jusque-là uniquement dans le camp occidental, Jean XXIII n'hésite pas à faire un pas vers l'Est et "joue un rôle d'apaisement entre Kennedy et Krouchtchev" dont il recevra d'ailleurs les enfants les années suivantes.

Il a "toujours voulu laisser une porte ouverte à l'URSS, perçue en Occident comme l'empire du mal", a expliqué à l'AFP un spécialiste de ce pape, Monseigneur Angelo Pansa.

Fort de cette politique intérieure au Vatican et sur la scène internationale, le Time Magazine lui consacre sa couverture en janvier 1963 et le désigne "homme de l'année" (voir la photo ci-dessus) car "il a donné au monde ce que la diplomatie et la science étaient incapables de donner: le sens unique et une grande famille humaine".

Se montrer humble et simple

Outre sa volonté de modernisation et ses engagements, Jean XXIII a aussi marqué les esprits par son style. Pour l'ouverture du concile Vatican II, il prononce son fameux "discours à la lune" qui établit immédiatement un style humble:

"Le monde entier est rassemblé ici. Il semble que la lune elle même s'est hâtée ce soir de regarder ce spectacle (...) Ma personne ne compte pas, c'est un frère qui vous parle".

Un mode de pensée qui n'est pas sans rappeler celui du pape actuel. "Il a laissé dans le souvenir de tous l'image de deux bras ouverts", dira d'ailleurs Jean Paul II au moment de sa béatification en 2000 (voir la photo ci-dessous).

Comme François, il se démarquera aussi à plusieurs reprises par son refus de trop de déférence et de protocole . Il refusera notamment de manger seul et d'utiliser fréquemment la sedia gestatoria (littéralement, la "chaise à porteurs"). Il n'hésitera pas non plus à sortir du Vatican et de Rome pour aller au contact de la population.

Comme le raconte à l'AFP Marco Roncalli , petit neveu ce de pape, "il avait besoin d'être près des gens [...] il se sentait un peu comme prisonnier au Vatican."

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