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La crise économique en Iran met fin à la lune de miel de Rohani

La crise économique en Iran met fin à la lune de miel de Rohani

Hassan Rohani avait promis de relancer une économie plombée par les sanctions occidentales mais huit mois après son élection à la présidence de l'Iran, aucune amélioration majeure n'est en vue et la frustration monte au sein de la population.

M. Rohani, un religieux modéré, a engagé un dialogue avec les Occidentaux depuis son entrée en fonctions en août 2013, rompant avec la politique de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, dont le double mandat avait été marqué par la confrontation.

Téhéran veut parvenir rapidement à un accord final avec les grandes puissances du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) sur le programme nucléaire iranien, soupçonné de cacher un volet militaire, et faire lever les sanctions qui asphyxient depuis plusieurs années son économie.

Au niveau national, des premières mesures ont fait baisser l'inflation à 34,7% en mars (-5,7% sur un an) et le taux de change des devises étrangères s'est stabilisé.

Mais si, globalement, les institutions internationales estiment que les perspectives de croissance sont positives depuis plusieurs mois, de nombreux Iraniens assurent que leur situation n'a pas changé car la plupart des sanctions restent en place, et l'économie est toujours en récession.

Dans les marchés et le bazar de la capitale, la frustration a remplacé le sentiment d'espoir né de l'élection de M. Rohani et de la signature fin 2013 d'un accord avec le groupe 5+1 qui a levé certaines sanctions.

"C'est pareil", résume Nahid Pakmiat, une employée d'université à la retraite, qui habite Ali Abad, un quartier de la classe moyenne du sud de Téhéran.

"Il y a un grand fossé dans la société, ajoute la jeune retraitée de 55 ans. L'augmentation des prix rend inabordables la viande, le poulet ou d'autres produits de base" pour la classe moyenne ou pauvre.

A Mokhtari, un quartier pauvre de la ville, les effets de l'accord avec les grandes puissances sont invisibles. "Les prix n'arrêtent pas de grimper et mes ventes s'en ressentent. La vie n'est pas meilleure qu'avant", déplore Ali Heydari, propriétaire d'une épicerie.

Même si la potion est amère, le gouvernement reste déterminé à poursuivre les réformes majeures engagées, comme la baisse drastique des subventions publiques à l'énergie, au carburant et aux produits de consommation de base, qui frappera d'abord les plus pauvres.

Depuis le début de l'année iranienne, le 21 mars, le prix de l'électricité et du gaz a augmenté d'environ 25%. Vendredi, une hausse de 75% des prix du carburant a été annoncée. Deux jours auparavant, le président avait subi son premier revers politique, 95% des Iraniens ayant réclamé pour cette année l'aide publique de 14 dollars par mois et par habitant. Le gouvernement avait pourtant appelé les catégories les plus favorisées à renoncer à cette aide.

Malgré l'impact immédiat sur les prix des coupes dans les subventions, les analystes estiment que ces mesures d'austérité sont nécessaires pour relancer l'économie.

Certains responsables politiques dénoncent également la mauvaise gestion de la précédente administration.

"Les temps sont durs, nous sommes dans une période stagflation et il est difficile de mettre en place une politique économique dans ces conditions car toutes les mesures encourageant la croissance génèreront de l'inflation", explique à l'AFP Ramin Rabii, directeur général du fonds d'investissement Turquoise Partners.

Si la lutte contre l'inflation reste la priorité de M. Rohani, qui veut faire baisser le taux à 25% en mars 2015, les hausses récentes de prix devraient provoquer une nouvelle flambée, estime M. Rabii, soulignant que le gouvernement dispose de peu d'options.

"C'est une affaire de patience," ajoute-t-il. Il met aussi en garde sur les espoirs peut-être excessifs d'un accord nucléaire en juillet, malgré l'optimisme ambiant.

Des hommes d'affaires occidentaux basés en Iran, rencontré par l'AFP, s'inquiètent également d'un échec des négociations entre l'Iran et le 5+1.

Et même si celles-ci débouchent sur un accord, ils s'inquiètent de la pression que l'aile dure du régime pourrait mettre sur le gouvernement si la situation économique ne s'améliore pas rapidement.

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