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Brésil: la police suit trois pistes pour le meurtre du colonel tortionnaire

Brésil: la police suit trois pistes pour le meurtre du colonel tortionnaire

La police de Rio enquête sur trois pistes: cambriolage, vengeance et élimination de preuves pour expliquer le meurtre jeudi d'un ex-colonel brésilien, Paulo Malhaes, un mois après avoir reconnu avoir torturé sous la dictature.

Cependant samedi selon la presse, révélant que le rapport d'autopsie pointerait un infarctus comme cause du décès de ce colonel à la retraite âgé de 77 ans, il ne serait pas mort par asphyxie comme l'indiquait initialement la police.

La presse brésilienne a rapporté que ce rapport d'autopsie parlait d'un "oedème pulmonaire et un infarctus du myocarde".

Mais selon des médecins légistes, il est encore "prématuré" de dire que la cause est un infarctus. "Un diagnostique sûr demande un examen histopathologique", a déclaré l'expert Levi Miranda.

Malhaes est le premier militaire à avoir reconnu en mars avoir torturé sous la dictature (1964-1985) au Brésil, seul pays d'Amérique du sud à n'avoir jamais jugé les crimes de la dictature, en raison d'une loi d'amnistie.

Le colonel a été inhumé samedi à Nova Iguaçu, dans la banlieue nord de Rio, en présence d'une trentaine de personnes essentiellement des membres de sa famille.

Selon le commissaire chargé de l'affaire, Fabio Salvadoretti, le corps du colonel a été retrouvé au sol couché sur le ventre avec un oreiller sur la tête, sans traces de tirs, laissant supposer qu'il a été "asphyxié".

Mais "nous n'écartons aucune hypothèse. Nous savons qu'il avait témoigné devant la Commission nationale de la Vérité", avait-il souligné.

Samedi, la police civile a indiqué continuer à travailler pour tenter d'élucider l'affaire.

Selon le témoignage de la veuve, Cristina Batista Malhaes, le couple et un domestique ont été pris en otage, jeudi après-midi en arrivant chez eux à Nova Iguaçu, par trois hommes dont un masqué et retenus pendant huit heures dans des chambres séparées.

Deux ordinateurs, des bijoux, 700 reais (250 euros) ainsi que trois armes de la collection du militaire ont été volées.

Le filleul du colonel, Joaquim Sarmento Souza, 25 ans, a déclaré samedi au quotidien Folha de Sao Paulo avoir appris de la veuve du militaire que "les bandits se parlaient par radio et recevaient des ordres :+tu ne l'as pas encore tué? Ca traîne trop! l'ordre est de le tuer+".

Les ravisseurs auraient ainsi demandé si le militaire se souvenait de la famille qu'il a tuée à Duque de Caxias (banlieue de Rio) et "il répondait que non", a affirmé Souza.

Le 25 mars dernier, le colonel Malhaes avait témoigné devant la Commission nationale de Vérité (CNV) constituée le 16 mai 2012 par la présidente Dilma Roussef pour enquêter sur les crimes de la dictature. La CNV devrait conclure ses travaux en décembre.

Il avait admis avoir torturé des opposants de gauche dans un centre de tortures clandestin à Propolis (80 km de Rio) appelé "La Maison de la mort". Il avait expliqué comment les agents de la répression, dont lui-même, arrachaient des dents et le bout des doigts de leurs victimes pour empêcher leur identification.

L'officier à la retraite avait aussi donné sa version de l'opération de l'armée pour faire disparaître la dépouille du député fédéral Rubens Pava, en 1971, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Le 4 novembre 2012, un autre colonel à la retraite, Julio Miguel Molina Dias, chef du Centre d'opérations de défense interne à Rio en 1981, avait été tué lors d'une tentative de cambriolage, chez lui, à Porto Alegre (sud).

"Ces deux cas doivent faire l'objet d'une enquête profonde", a déclaré au journal O Globo Gilberto Natalini de la Commission de la Vérité de Sao Paulo.

Membre de la CNV, l'avocat José Carlos Dias, a affirmé au site internet Brasil Post "qu'en raison de la teneur du témoignage de Malhaes, le mois dernier, je penche pour la thèse de l'élimination. Il a incommodé ses collègues qui devaient avoir peur qu'il en dise trop".

Pour les groupes qui enquêtent sur les morts et disparus de la dictature, le meurtre du colonel est une "très mauvaise nouvelle" car il pourra "inhiber d'autres témoignages".

Le Brésil reconnaît officiellement quelque 400 morts et disparus lors de cette période de dictature contre 30.000 morts en Argentine et plus de 3.200 au Chili.

cdo/gg

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