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Ukraine: les Occidentaux haussent le ton contre Moscou, tensions dans l'Est

Ukraine: les Occidentaux haussent le ton contre Moscou, tensions dans l'Est

Les Occidentaux accentuaient leur pression vendredi sur la Russie, accusée par Kiev de vouloir lancer "une troisième guerre mondiale" en soutenant les séparatistes de l'Est de l'Ukraine, où les tensions s'exacerbent.

Visé par un lance-roquette, un hélicoptère de l'armée a explosé alors qu'il stationnait à l'aéroport de Kramatorsk et son pilote a été blessé, ont indiqué les autorités ukrainiennes.

A quelques kilomètres de là, le bastion pro-russe de Slaviansk vit en quasi état de siège après l'assaut, bref et meurtrier lancé par les blindés ukrainiens. Un journaliste de l'AFP a vu des militaires lourdement armés monter un poste de contrôle à 30 kilomètres de la ville tandis que des témoins ont observé des mouvements de blindés à l'ouest.

La présidence ukrainienne a expliqué vouloir "bloquer Slaviansk" afin d'empêcher les pro-russes d'envoyer des renforts. Pas question en revanche de lancer un nouvel assaut qui risque de faire des victimes civiles.

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé le président russe Vladimir Poutine pour lui faire part de "sa grande inquiétude à propos de la situation tendue" dans la région et lui demander de "travailler à la mise en oeuvre" de l'accord de Genève.

Ce compromis international, qui prévoyait un désarmement des groupes illégaux et la libération de bâtiments publics, avait créé un espoir d'apaisement mais il est resté totalement lettre morte et Moscou et Washington se rejettent depuis la responsabilité de l'échec.

"Des sanctions sont déjà mises en oeuvre, mais on doit regarder les faits. Au cas où rien ne change, il est important d'être prêts à d'autres", a prévenu Mme Merkel.

Barack Obama a annoncé que les Etats-Unis mèneraient des consultations avec les principaux dirigeants européens dès vendredi pour adopter une approche commune concernant de nouvelles sanctions.

Kiev a aussi haussé le ton contre Moscou, accusée de soutenir activement les rebelles voire d'avoir envoyé des agents alors que des hommes lourdement armés, très professionnels, en cagoule et treillis sans insigne patrouillent à Slaviansk.

"La Russie veut lancer une troisième guerre mondiale", a lancé le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk. "Le soutien de la Russie aux terroristes en Ukraine constitue un crime international, et nous appelons la communauté internationale à s'unir contre l'agression russe".

Les incidents se multiplient dans le Sud-Est russophone. A Lougansk, où les séparatistes occupent les services de sécurité, des inconnus ont lancé des petits engins explosifs dans les locaux du parquet pendant la nuit, selon la police.

Le ministre de l'Intérieur a également fait état de l'explosion d'une grenade lancée contre une barricade de partisans de Kiev à d'Odessa, qui a fait sept blessés dont un agent de la police de la route.

Moscou, qui a brandi cette semaine la menace d'une intervention militaire pour défendre ses intérêts et ceux de la population d'origine russe, a lancé des manoeuvres impliquant notamment son aviation le long de la frontière ukrainienne.

Vladimir Poutine a prévenu jeudi que les opérations lancées par Kiev contre les séparatistes auraient "des conséquences".

Les autoritées ukrainiennes pro-occidentales estiment de leur côté que la Russie prépare une invasion ou veut du moins déstabiliser la situation politique avant la présidentielle anticipée du 25 mai.

A un mois du scrutin, sa tenue semble très périlleuse dans les conditions actuelles et les séparatistes comptent de leur côté organiser un référendum le 11 mai pour couper les ponts avec Kiev, voire rejoindre la Russie.

La perte de la Crimée, rattachée en mars à la Russie en quelques semaines, est dans tous les esprits.

Washington a de son côté déployé 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a lui aussi brandi la menace de sanctions. "Nous sommes prêts à agir", a-t-il affirmé.

Selon lui, les sanctions internationales ont déjà entraîné la sortie de Russie de quelque 70 milliards de dollars de capitaux. En l'absence de changement de cap, "le monde entier s'assurera que les coûts augmentent encore pour la Russie", a-t-il menacé.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé Washington de vouloir dénigrer la Russie et a jugé le ton de John Kerry "inacceptable".

Standard & Poor's a tiré les conséquences des difficultés économiques de la Russie en abaissant vendredi sa note de solvabilité, qui passe à "BBB-". L'agence américaine de notation a indiqué qu'elle pourrait aller plus loin si des "sanctions plus sévères" s'appliquaient, ce qui risque de compliquer l'accès de la Russie, déjà au bord de la récession, aux marchés financiers.

Confrontée à un chute du rouble et une accélération de l'inflation, la banque centrale russe a augmenté à 7,5% son taux directeur, un resserrement du robinet du crédit qui risque de peser sur l'activité économique.

bur-gmo/neo/pt

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