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Stratégie, hasard ou xénophobie? Inquiétude après les attaques anti étrangers en Afghanistan

Stratégie, hasard ou xénophobie? Inquiétude après les attaques anti étrangers en Afghanistan

Nouvelle stratégie des talibans, coïncidence malheureuse ou xénophobie croissante? La vague d'attaques meurtrières contre des civils étrangers en cours en Afghanistan soulève des questions alarmantes à l'approche du départ de l'Otan en fin d'année.

Jeudi, un officier de police en poste devant l'hôpital de l'ONG américaine Cure International à Kaboul a, sans raison apparente, tué trois Américains dont un docteur. Début avril, dans l'est du pays, un autre policier avait pour une raison toute aussi mystérieuse tué une journaliste allemande et blessé sa collègue canadienne.

Les meurtres de jeudi ont encore fait monter d'un cran le sentiment d'insécurité des expatriés dans la capitale afghane en suggérant qu'aucun endroit n'est à l'abri d'une attaque. Même un hôpital...

Malgré les attentats, "l'Afghanistan demeurait un endroit assez sûr pour les médecins et les infirmiers étrangers, c'est vraiment étrange ce qui se passe", lance Emanuele Nannini, coordinateur de l'hôpital italien Emergency qui a aussi pignon sur rue à Kaboul.

"Que pouvez-vous faire lorsqu'un policier commence à tirer comme ça? Le policier était peut-être tout simplement fou, peut-être avait-il des griefs personnels (contre l'hôpital et son personnel) ou a-t-il agi pour des raisons religieuses, c'est difficile à expliquer", ajoute-t-il.

Les rebelles talibans n'ont pas revendiqué cette attaque aux motivations encore nébuleuses vendredi. "La vérité est que beaucoup de gens sont armés dans le pays, incluant la police, ce qui crée un risque majeur en soi", souligne M. Nannini.

Depuis le début de l'année, des attaques contre des étrangers ont visé l'hôtel le plus prestigieux de la ville, un restaurant fréquenté par des diplomates, la résidence d'une ONG et des journalistes, dont le reporter anglo-suédois Nils Horner, abattu en plein jour dans les rues de Kaboul.

L'attaque contre le restaurant La Taverne du Liban a été la plus sanglante avec 21 morts, dont 13 étrangers, alors que celle de l'hôtel Serena (9 morts dont quatre étrangers) montre un haut degré de préparation. Toutes deux ont été revendiquées par les talibans.

"Après chaque attaque, tout le monde dit qu'il s'agit d'une nouvelle tactique des talibans pour cibler les étrangers, mais les incidents comme celui de l'hôpital sont très singuliers et ne prouvent pas toujours qu'il s'agit d'une tendance", nuance Justine Piquemal, directrice d'ACBAR, un organisme représentant de nombreuses ONG en Afghanistan.

"La sécurité est déjà importante et parfois nous ne pouvons pas en faire davantage, mais nous sommes déterminés à continuer de travailler" dans le pays, dit-elle à l'AFP.

Dans les zones de guerre, les ONG tentent généralement de rester neutre afin de ne pas être associées à l'un ou l'autre des belligérants, et ainsi être ciblés, mais les combattants ne voient pas toujours les choses du même oeil.

"Nous devons accepter d'être considérés comme une partie dans ce conflit et donc que nous aurons malheureusement des victimes" dans nos rangs, regrette Mme Piquemal.

A Kaboul, des ambassades et des organisations humanitaires et internationales ont érigé de nouvelles barrières autour de leurs QG déjà fortifiés et limité les sorties sur le terrain de leur personnel expatrié, au risque de le couper du reste du pays.

Au moment où les 51.000 soldats de l'Otan qui soutiennent le gouvernement de Kaboul face aux talibans et autres rebelles se préparent à plier bagages, les humanitaires étrangers, eux, souhaitent rester dans le pays confronté simultanément à des transitions politique, sécuritaires et économique qui font craindre de fortes turbulence dans les prochains mois.

"Lorsque des médecins civils sont tués par un policier, cela indique que la menace est partout", exprime un responsable d'une compagnie de sécurité à Kaboul. "Nous pouvons protéger nos clients, mais s'ils ne peuvent pas sortir pour faire leur travail, la question se pose: vont-ils rester?".

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