Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme au Bélarus a lancé vendredi un appel à un moratoire sur l'exécution de la peine de mort dans ce pays, le dernier d'Europe à appliquer la peine capitale.
Dans un communiqué, l'expert onusien, Miklós Haraszti, dénonce la récente exécution de Pavel Selioun, un jeune homme de 23 ans, condamné en 2013 à la peine de mort pour avoir tué sa femme et l'amant de celle-ci.
Il avait été reconnu coupable du meurtre de sa femme et de son amant, dont il avait ensuite démembré le cadavre avant de le jeter dans un conteneur à ordures et de repartir avec la tête de la victime. Il avait été arrêté à bord d'un train encore en sa possession. Le jeune homme avait expliqué son acte par la "jalousie".
En 2013, aucune peine capitale n'a été mise à exécution par les autorités bélarusses. L'exécution de Pavel Selioun est donc la première application de la peine capitale cette année au Bélarus, dernier pays d'Europe à continuer d'appliquer la peine de mort.
"L'absence d'exécutions pendant un temps considérable (...) avait donné l'espoir à la communauté internationale que le Bélarus avait mis en place dans la pratique un moratoire, en vue d'un moratoire juridique et d'une abolition de la peine capitale", a déclaré M. Haraszti, cité dans le communiqué.
Il dénonce également le manque de transparence sur les exécutions, y compris l'absence de statistiques officielles. "Ceux qui font face à la peine de mort, et leurs proches, ne sont pas informés de la date prévue de l'exécution, et les proches ne sont pas informés du lieu où le corps est enterré", a fustigé l'expert, précisant que la famille de M. Selioun n'a pas été informée de la date de son décès.
M. Haraszti exhorte par ailleurs les autorités bélarusses à décider immédiatement d'un moratoire sur la peine de mort, et dénonce la condamnation à mort prononcée la semaine passée par la Cour suprême du Bélarus à l'encontre de Eduard Lykau pour meurtre.
Selon l'expert, les tribunaux du Bélarus ont condamné à mort 4 personnes pour meurtre en 2013: Ryhor Yuzepchuk, Pavel Selioun, Eduard Lykau et Aliaksandr Hrunou. En octobre 2013, la Cour suprême a annulé la condamnation de Aliaksandr Hrunou et demandé la réouverture de l'enquête. Mais le 24 décembre 2013, le tribunal régional de Homel a confirmé la peine de mort.
Concernant Eduard Lykau, la Cour suprême a confirmé le 17 avril le verdict prononcé en novembre 2013 par le tribunal régional de Minsk.
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