Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'Ukraine lance un assaut contre les séparatistes, Poutine menace de conséquences

L'Ukraine lance un assaut contre les séparatistes, Poutine menace de conséquences

L'Ukraine a lancé jeudi un assaut meurtrier contre les séparatistes à Slaviansk, bastion des insurgés pro-russes dans l'Est, aussitôt dénoncé par Vladimir Poutine comme "un crime" qui aura des conséquences.

Les affrontements entre les troupes ukrainiennes et les séparatistes à Slaviansk "ont fait jusqu'à cinq morts" dans les rangs des insurgés et un soldat ukrainien a été blessé, a annoncé le ministère ukrainien de l'Intérieur en ajoutant que trois barrages séparatistes à l'entrée de la ville ont également été "détruits".

"Si le régime actuel à Kiev a vraiment commencé à utiliser l'armée contre la population dans le pays, c'est un crime très grave contre son propre peuple", a lancé le président russe Vladimir Poutine.

Il a averti que cette opération aurait "des conséquences pour les gens qui prennent ces décisions" alors que le leader des séparatistes de Slaviansk Viatcheslav Ponomarev lui a demandé dimanche d'envoyer les troupes russes.

Sur le terrain, des journalistes de l'AFP ont entendu dans la matinée des échanges de tirs à un barrage des insurgés à une entrée nord de Slaviansk puis vu plusieurs blindés, dont l'un arborant le drapeau ukrainien, passer le poste de contrôle, enflammé par les pro-russes.

Les blindés ont cependant battu en retraite et n'étaient plus visibles sur ce barrage en début d'après-midi.

Le leader séparatiste local de la ville de plus de 100.000 habitants, Viatcheslav Ponomarev, a ordonné aux civils de quitter la mairie.

"Les écoles ont été fermées dans les localités voisines de Slaviansk", ont indiqué les autorités régionales, qui ont, elles, fait état d'un bilan d'un mort.

Slaviansk est depuis plusieurs jours entièrement contrôlée par les insurgés pro-russes. Des hommes armés de fusil d'assaut, en treillis sans insigne et cagoulés y occupent plusieurs bâtiments publics.

Kiev a également annoncé la libération de la mairie de Marioupol, un port de près de 500.000 habitants dans le Sud-Est après une bagarre qui a fait cinq blessés. Plus au nord, un soldat a été blessé lors d'un assaut des séparatistes contre une base militaire à Artemivsk.

La tension ne cesse de monter et Moscou, après avoir évoqué la possibilité d'une intervention militaire si ses "intérêts légitimes" étaient menacés dans l'ex-république soviétique, a lancé une charge contre les Occidentaux qui utilisent l'Ukraine comme un "pion dans le jeu géopolitique".

A Tokyo, Barack Obama a fait porter sur la Russie la responsabilité de l'échec du compromis international signé il y a une semaine à Genève et qui était censé amorcer une désescalade des deux côtés.

"Jusqu'à présent, nous ne les avons pas vu respecter ni l'esprit ni la lettre de l'accord de Genève", a déploré M. Obama, lors d'une conférence de presse.

"Nous continuons de voir des hommes armés malveillants prendre des bâtiments, harceler les gens qui ne sont pas d'accord avec eux, déstabiliser la région et nous n'avons pas vu la Russie intervenir pour les décourager", a-t-il souligné.

Il a ajouté que si la Russie continuait d'ignorer l'accord de Genève et n'agissait pas de façon "plus réfléchie", il y aurait "des conséquences et de nouvelles sanctions" américaines à son encontre.

La veille, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait averti que son pays était prêt à intervenir si ses intérêts étaient menacés dans l'Est de l'Ukraine, faisant le parallèle avec l'Ossétie du Sud.

En août 2008, l'armée russe était entrée en Géorgie en dénonçant des attaques géorgiennes contre ce territoire séparatiste pro-russe, où Moscou maintient des troupes jusqu'à présent après en avoir reconnu l'indépendance ainsi que celle de l'Abkhazie, une autre région géorgienne jouxtant son territoire.

L'Otan a fustigé la "rhétorique enflammée de Moscou".

Jeudi, M. Lavrov a mis en cause les Occidentaux qui utilisent selon lui l'Ukraine comme "un pion dans le jeu géopolitique". "En Ukraine, les Etats-Unis et l'Union européenne (...) ont tenté de mener une nouvelle +révolution de couleur+, une opération de changement de régime contraire à la Constitution", a-t-il déclaré.

Les autorités russes ne cessent de dire que les populations ukrainiennes d'origine russe sont menacées par les nationalistes qui soutiennent le pouvoir pro-occidental en place à Kiev depuis la destitution de Viktor Ianoukovitch.

Washington et Kiev reprochent de leurs côtés à Moscou d'avoir massé des soldats à la frontière et de soutenir les insurgés de l'Est de l'Ukraine en ayant envoyé des agents armés.

Les Etats-Unis ont décidé de renforcer leurs troupes en envoyant 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes.

A Kiev, le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov a promis "une réponse sévère, jusqu'à l'élimination, aux terroristes".

Outre les affrontements en cours jeudi à la mi-journée à Slaviansk, près de 100 assaillants ont attaqué pendant la nuit une base militaire à Artemivsk "avec des armes automatiques, mitrailleuses et grenades", selon le ministère de la Défense. Un soldat a été blessé. M. Avakov a affirmé que l'assaut, destiné à s'emparer d'armes, avait été mené "par un militaire russe".

A Marioupol, l'une des grandes villes industrielles de la région, les forces de l'ordre ont repris le contrôle de la mairie, occupée par les pro-russes depuis le 13 avril.

bur-neo/gmo/fw

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.