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Le NETmundial plaide pour un internet émancipé du joug américain

Le NETmundial plaide pour un internet émancipé du joug américain

Le sommet international NETmundial de Sao Paulo doit poser jeudi les bases d'une future gouvernance mondiale aspirant à affranchir internet de l'hégémonie exercée de facto par les Etats-Unis.

Dans un projet de résolution qui ne devrait pas subir de modifications cruciales, les participants du NETmundial s'accordent sur des principes de gouvernance et une feuille de route définissant des objectifs - non contraignants - pour le futur d'un réseau auquel est connecté un tiers de la population mondiale.

Principal pivot du consensus, la nécessité d'une gestion multilatérale s'impose parmi les acteurs du web à l'heure où la domination des États-Unis sur les infrastructures du net est pointée du doigt.

Pour des raisons principalement historiques, liées notamment à une construction du réseau au gré des besoins du moment, les États-Unis contrôlent ou hébergent les principaux organismes administrant les adresses, noms de domaines, normes et protocoles du web, ce qui provoque depuis plusieurs années les réserves des acteurs du net et de certains gouvernements.

Tous les intervenants du sommet, du vice-président de Google Vint Serf aux représentants de la société civile, des instituts techniques et des gouvernements, insistent sur l'importance d'une gouvernance "multi-acteurs" du web pour que celle-ci puisse gagner à la fois en efficacité et en légitimité.

La gouvernance d'internet doit tendre vers "un réseau unique, interopérable, flexible, stable, décentralisé, sûr, interconnecté et accessible à tous", affirment les participants du NETmundial dans leur projet de résolution.

Beaux joueurs, les États-Unis ont concédé le mois dernier une révision du statut de l'Icann ("Internet Corporation for Assigned Names and Numbers"), l'organisme qui délivre notamment les noms de domaine sur internet, comme .com ou .gov, et dont le siège se trouve en Californie. Un geste symbolique important salué mercredi par la présidente brésilienne Dilma Rousseff.

L'autre point essentiel évoqué par les participants est la sécurité et la protection des données personnelles contre l'espionnage et la cybercriminalité.

Encore une fois, ce sont les Etats-Unis qui ont été pointés du doigt à la suite du scandale des écoutes de l'agence de sécurité américaine NSA sur les communications de Dilma Rousseff, mais aussi de la chancelière allemande Angela Merkel et du président mexicain Enrique Peña Nieto.

Les révélations de l'ex-consultant américain Edward Snowden à l'été 2013 avaient conduit Mme Rousseff à émettre devant les Nations unies l'idée d'un contrôle multilatéral de l'utilisation d'internet, puis à convoquer ce sommet fondateur pour tenter de mettre un peu d'ordre dans la maison internet.

Jeudi, le NETmundial devrait sauf surprise déclarer unanimement que "les droits des personnes hors ligne doivent aussi être protégés en ligne, en accord avec les conventions internationales sur les droits de l'homme".

Dans la même veine, il devrait mettre en avant "le droit à la protection de la loi contre toute forme de collecte illégale ou arbitraire de données" dans une référence directe au scandale des écoutes américaines.

Enfin, le sommet doit évoquer l'importance de s'attaquer à la "fracture numérique" entre les populations bénéficiant d'un accès à internet et celles qui en sont privées, car sans accès global, l'idée d'un internet démocratique ne peut évidemment être mise en pratique.

Selon l'ONU, 1,3 milliard de ménages dans le monde - soit plus des deux tiers de la population mondiale - ne sont toujours pas connectés. Selon Mme Rousseff, "l'accès universel à internet est absolument déterminant pour que le web puisse servir d'outil au développement humain et social".

Pour les organisateurs et plusieurs des participants issus de plus de 80 pays, ce sommet a été un succès au-delà du "consensus brut" qui sera publié jeudi soir. Car pour la première fois, le Brésil est parvenu à réunir pendant deux jours gouvernements, universitaires, instituts techniques, acteurs privés et ONG pour dessiner les contours d'une gouvernance du web.

L'Internet Governance Forum (IGF) rassemble déjà chaque année depuis 2006 ces acteurs aux intérêts très divers autour du thème de la gouvernance, mais ses débats ne débouchent jamais sur des engagements, ni même des déclarations communes. Sa prochaine réunion, à Istambul en septembre prochain, devrait contribuer au suivi du NETmundial, qui est un évènement ponctuel.

ag/hdz/plh

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