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Obama arrive en Asie de l'Est, sur la corde raide

Obama arrive en Asie de l'Est, sur la corde raide

Le président Barack Obama devait entamer mercredi soir à Tokyo une tournée en Asie, sans étape chinoise, durant laquelle il va devoir louvoyer entre des écueils historiques et géopolitiques régionaux qui compliquent singulièrement les ambitions américaines dans la région.

Japon, Corée du Sud, Malaisie et Philippines sont au programme de ce voyage compliqué pour le président américain qui avait dû annuler une précédente tournée en octobre dernier pour cause de paralysie budgétaire aux Etats-Unis.

Comment rassurer ses alliés asiatiques sur l'engagement des Etats-Unis sans pour autant froisser la Chine ? Comment renforcer la relation vitale avec le Japon tout en tenant compte de l'irritation de Pékin ou de la Corée du Sud ? Bref, comment prendre parti... sans prendre parti ? Des questions parmi d'autres qui résument la quadrature du cercle asiatique qu'Obama doit tenter de résoudre.

Pendant une semaine, le président américain va d'abord s'efforcer de réaffirmer son engagement de rééquilibrer la politique étrangère américaine vers l'Asie.

Mais il débarque au Japon dans un moment lourd d'actions symboliques: près de 150 parlementaires sont allés mardi au controversé sanctuaire Yasukuni de Tokyo. Et un jour plus tôt le Premier ministre, Shinzo Abe, a fait déposer une offrande au sanctuaire où sont honorés 2,5 millions de militaires tombés pour le Japon, mais aussi 14 criminels de guerre condamnés par les Alliés après la défaite nippone lors de la Seconde Guerre mondiale.

Sur un plan bilatéral, Barack Obama doit aborder à Tokyo les négociations d'un partenariat trans-Pacifique (TPP, 12 pays), qui prennent beaucoup de retard essentiellement du fait du refus japonais d'ouvrir son marché aux produits agricoles américains.

L'étape japonaise, durant laquelle des entretiens avec M. Abe et un dîner offert par l'Empereur Akihito sont prévus, est d'autant plus délicate que les relations entre la Chine, important partenaire politique, commercial et financier des Etats-Unis, et le Japon, "protégé" de Washington qui y dispose de 50.000 soldats, sont exécrables depuis un an et demi en raison d'un dangereux conflit territorial en mer de Chine orientale à propos des îles Senkaku, le nom japonais de cet archipel inhabité et revendiqué par Pékin sous le nom de Diaoyu.

Dans une interview au grand quotidien nippon Yomiuri Shimbun, M. Obama a tenu à réaffirmer que ces îles étaient couvertes par le traité de sécurité nippo-américain.

Vendredi matin, le président américain est attendu en Corée du Sud, son autre grand allié régional qui, lui, est en première ligne face à l'imprévisible régime nord-coréen (qui, selon des informations sud-coréennes, préparerait un quatrième essai nucléaire) mais est brouillé avec le Japon sur fond de haines historiques, et là aussi, de conflit maritime.

Fin mars, Barack Obama avait bien réussi à faire asseoir à la même table Shinzo Abe et la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, avec lui entre les deux, mais visiblement le coeur n'y était pas.

En Malaisie, où il sera le premier président américain à se rendre depuis Lyndon Johnson en 1966, M. Obama s'entretiendra avec le Premier ministre Najib Razak.

Enfin, le 28 avril, il ira aux Philippines discuter avec le président Benigno Aquino, dont le pays allié des Etats-Unis est lui aussi confronté aux prétentions maritimes de la Chine.

Si côté américain le maître mot est "rassurer" ses alliés régionaux, certains ont le sentiment d'être relégués dans les priorités de Washington, au moment où l'administration américaine est accaparée par le laborieux processus de paix israélo-palestinien et la crise grave avec la Russie à propos de l'Ukraine.

Ainsi, pour cette tournée asiatique Barack Obama est sur la corde raide: il doit éviter de braquer Pékin en disant que la politique régionale américaine ne vise pas à endiguer la Chine, tout en faisant de la "calinothérapie" avec des alliés parfois inquiets.

Dans cette partie de billard à sept bandes, M. Abe n'a certes pas facilité la tâche à l'administration américaine: il s'est rendu lui-même fin décembre dernier au sanctuaire Yasukuni.

Avant le plat de résistance politico-économique de son étape japonaise, Barack Obama a prévu mercredi soir une excursion gastronomique dans les sous-sols de Tokyo pour se régaler chez un maître sushi... trois étoiles au Michelin.

hg-jlh/pn/abk

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