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L'ombre de la Chine suivra Barack Obama pendant sa tournée asiatique

L'ombre de la Chine suivra Barack Obama pendant sa tournée asiatique

En tournée en Asie cette semaine, Barack Obama n'ira pas en Chine, mais dans un contexte marqué par des disputes territoriales et des questionnements sur la stratégie américaine dans la région, l'ombre de Pékin le suivra partout.

La Chine est "un leitmotiv qui marquera tout son voyage", pointe Christopher Johnson, ancien analyste de la CIA, aujourd'hui au Center for Strategic and International Studies: "Ce que Pékin et nous autres qui suivons tout ça de près allons guetter, c'est si le président utilise ce mot qui début par +c+ --Chine-- régulièrement pendant sa tournée".

En visite au Japon, en Corée du Sud, en Malaisie et aux Philippines, le président américain tentera de rassurer des alliés dubitatifs face au "rééquilibrage" diplomatique et militaire des Etats-Unis vers l'Asie --un des objectifs affichés du mandat de Barack Obama--, à un moment où Washington est préoccupé par des crises majeures dans d'autres régions du monde, notamment en Ukraine.

Mais le locataire de la Maison Blanche doit dans le même temps prendre garde de ne pas utiliser des termes qui pourraient exacerber à Pékin l'idée que l'objectif réel du "rééquilibrage" américain est de contenir la Chine.

La visite de Barack Obama est la première dans la région depuis qu'en novembre dernier, Pékin avait déclenché un tollé en proclamant unilatéralement une Zone aérienne d'identification (ZAI) en mer de Chine orientale, dont le tracé incluait des îles Senkaku, administrées par le Japon mais revendiquées par la Chine sous le nom de Diaoyu --un geste condamné par Washington.

La Chine est également engagée dans une bataille de souveraineté sur d'autres îles en mer de Chine du Sud, notamment avec les Philippines et le Vietnam.

"Le message adressé à la Chine, c'est que les Etats-Unis vont rester en Asie-Pacifique, qu'ils souhaitent que les lois internationales y soient respectées (...) et que les Etats-Unis ont développé une relation fondée sur la coopération avec la Chine et qu'ils veulent que cela dure", souligne Jeffrey Bader, ancien conseiller de Barack Obama pour l'Asie orientale, aujourd'hui à la Brookings Institution.

Car malgré les inquiétudes suscitées par ces disputes à Washington, Chine et Etats-Unis continuent à se parler: Barack Obama a rencontré son homologue chinois Xi Jinping à La Haye il y a quelques semaines, et la Première dame Michelle Obama a récemment été accueillie chaleureusement en Chine. Le sommet informel organisé en Californie l'an dernier entre les deux présidents avait déjà été un succès et Barack Obama doit encore se rendre en novembre à Pékin pour un sommet de l'Apec.

Washington a aussi relevé avec intérêt la décision chinoise de s'abstenir --et non d'opposer son veto-- lors du vote d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le référendum sur le rattachement à la Russie organisé le mois dernier en Crimée.

Il n'en reste pas moins que les tensions entre les deux pays peuvent rapidement refaire surface, comme l'ont illustré les vifs échanges entre le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel et des responsables militaires chinois début avril à Pékin --ils s'étaient mutuellement accusés d'être responsables des tensions régionales.

Les Américains "veulent tirer avantage du fait que la Chine marque des buts contre son camp dans toute la région", relève aussi Douglas Paal, du Carnegie Endowment for International Peace. L'attitude des autorités chinoises après la disparition du Boeing de Malaysia Airlines, l'accroissement de leurs forces militaires ou la mise en place de la ZAI devraient rendre les hôtes de Barack Obama d'autant plus réceptifs à son message.

Jia Qingguo, de l'Université de Pékin, reconnaît qu'il est logique que les Etats-Unis se tournent vers l'Asie, étant donné l'influence et la prospérité grandissantes du continent: "Mais évidemment, en Chine ou dans d'autres pays, il y a des gens qui s'inquiètent de leurs intentions. C'est bien naturel: les Etats-Unis sont un grand pays", résume-t-il.

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