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Les séparatistes étendent leur emprise dans l'est de l'Ukraine

Les séparatistes étendent leur emprise dans l'est de l'Ukraine

Kalachnikov à la main, cagoule dissimulant son visage, Dmitri monte la garde devant le poste de police de Kramatorsk, qu'il veut "protéger" des nationalistes envoyés par Kiev: les séparatistes étendent leur emprise dans l'est de l'Ukraine.

"Je suis arrivé hier soir", lundi, raconte Dmitri qui dirige soigneusement le canon de son fusil d'assaut vers le sol, la main éloignée de la gâchette, à la manière d'un vrai professionnel.

Pourtant, il assure n'être qu'"un représentant de commerce", un "volontaire" accouru pour "aider les policiers et défendre les habitants" après des tirs meurtriers le week-end dernier à un poste de contrôle improvisé non loin de Slaviansk, ville entièrement contrôlée par les insurgés depuis plus d'une semaine.

"Nous avons des informations selon lesquelles une centaine de types de Pravy Sector (des ultra-nationalistes ukrainiens) sont en ville et s'apprêtent à s'y livrer à des provocations", poursuit ce "milicien" âgé de 36 ans qui semble réciter un texte.

Kramatorsk, 160.000 habitants, se trouve à une vingtaine de kilomètres de Slaviansk, place forte des insurgés séparatistes. Après la mairie, ces derniers ont pris lundi soir le contrôle de ce poste de police, démontrant leur emprise sur la ville qui abrite également un aérodrome de l'armée ukrainienne renforcé en troupes la semaine dernière.

Devant l'immeuble vert, ils sont une demi-douzaine d'hommes en tenue de camouflage, certains armés de fusils d'assaut.

Pour le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov ce sont les agissements de ces hommes là, soutenus "par les unités terroristes russes" présentes en Ukraine, qui "mettent une croix" sur l'accord de Genève qui auraient dû permettre une désescalade en Ukraine.

Interrogé sur l'éventuelle présence parmi eux de membres des forces spéciales russes, dénoncée aussi par les Occidentaux, un de ses compagnons, Igor, 21 ans, qui se présente comme étant un "garçon de café", répond d'un "niet" sans appel.

Ce qu'avait déjà fait la veille, pendant une conférence de presse, l'homme fort des insurgés de Slaviansk, à une quinzaine de kilomètres de là, Viatcheslav Ponomarev, pour lequel "aucun militaire russe" ne se trouve à leurs côtés.

Igor ajoute aussitôt : "et on ne nous paie pas pour être ici".

Non loin de là, le drapeau des séparatistes flotte désormais au sommet et à l'entrée principale du SBU, les services de sécurité ukrainiens, une bâtisse orange entourée d'un mur gris surmonté de barbelés.

Interrogé sur le fait de savoir quand le drapeau aux couleurs (noir, bleu, rouge) de la "République de Donetsk" y a été hissé, une passante s'exclame simplement : "Ah, je n'avais pas remarqué ce pavillon de pirates"...

L'argument des insurgés est toujours le même : ils soulignent n'avoir "pas confiance" dans le gouvernement ukrainien, ni dans les Européens et les Américains, cosignataires jeudi à Genève avec la Russie, de l'accord qui prévoit, entre autres, l'évacuation des lieux publics occupés.

A Kramatorsk, comme ailleurs dans la région, le document n'a eu aucun effet sur les insurgés. La mairie reste sous la garde de militants pro-russes retranchés derrière d'imposantes barricades érigées pour en bloquer l'accès.

"Ils se comportent très pacifiquement, contrairement aux gens de Maïdan (ceux qui ont pris le pouvoir fin février à Kiev). Ils veulent juste qu'on les écoute", commente une retraitée promenant son chien à proximité immédiate de l'hôtel de ville.

A Slaviansk, un hommage public a été rendu à l'église du Saint-Esprit aux trois hommes tués "à l'arme automatique" par des inconnus dénoncés comme "des fascistes" ukrainiens dans la nuit de samedi à dimanche.

Un incident mis en avant par les chefs séparatistes qui cherchent coûte que coûte à mobiliser la population face à l'éventualité d'une attaque plus massive.

bds/gmo/neo/abk

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