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Au Venezuela, Maduro veut relancer la production pour surmonter la crise

Au Venezuela, Maduro veut relancer la production pour surmonter la crise

Contesté dans la rue, le président Nicolas Maduro a finalement remis a mercredi l'annonce des mesures destinées à lancer une nouvelle "offensive économique" et "une révolution fiscale" pour faire décoller la production au Venezuela, qui importe quasiment tout ce qu'il consomme, alimentant inflation et pénuries.

"Demain, j'annoncerai les éléments clés pour désentraver les mécanismes bureaucratiques afin d'activer ceux qui nous permettront d'inverser le système de production", a déclaré mardi le Président Maduro lors de son émission radiodiffusée "En contact avec Maduro".

Le Président Maduro devait initialement annoncer ce mardi un train de mesures destinées à relancer l'économie.

Son pays étant extrêmement dépendant des importations, dans un contexte de hausse de la consommation mais d'affaiblissement de l'appareil productif, M. Maduro doit surmonter "les difficultés économiques" que subissent ses 30 millions de compatriotes et qui attisent une mobilisation antigouvernementale ayant fait 41 morts depuis début février.

Une nouvelle rencontre doit se tenir jeudi entre le gouvernement et l'opposition dans le cadre d'un dialogue entamé il y a deux semaines pour mettre fin à une vague de protestation.

Le Venezuela affiche officiellement une inflation annuelle de plus de 57%, l'une des plus élevées de la planète et un record depuis l'avènement du "chavisme", modèle politique et économique instauré par l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013).

Et les pénuries de biens de consommation courante (lait, farine, médicaments, papier hygiénique, par exemple), auparavant fréquentes, sont devenues la norme, provoquant d'immenses files d'attente devant les commerces.

L'objectif affiché est de "produire plus, produire mieux, d'assouplir les mécanismes qui empêchent la production dans le pays", a déclaré lundi le président Maduro.

A cette fin, les mesures devraient reposer sur trois piliers: évaluer la production des secteurs prioritaires (qu'il reste à définir), analyser le système d'approvisionnement et fixer des "prix justes" en complément d'autres mesures en ce sens prises en novembre dans l'espoir de freiner une inflation exponentielle.

A cette époque, l'héritier politique d'Hugo Chavez avait imposé des baisses de prix dans les commerces - dont certains ont été contraints de fermer, accusés de pratiquer des "sur-prix" atteignant les 1.000 % - et une loi sur les "prix justes", en vigueur depuis janvier, qui limite à 30% la marge maximum réalisée par les vendeurs.

Toutefois, ces mesures n'ont en rien ralenti l'inflation et ont au contraire multiplié les pénuries, les commerçants n'ayant pu réapprovisionner leurs stocks à la suite de ces soldes forcées, en raison de la difficulté à se procurer des dollars pour importer dans un pays soumis depuis 2003 à un contrôle strict des changes.

Sans livrer beaucoup de détails, comme à l'accoutumée, M. Maduro a également envisagé d'intégrer dans son "offensive" une "révolution fiscale" afin d'"élargir la base de la collecte (d'impôts) pour ceux qui possèdent le plus".

Le gouvernement affirme avoir stimulé le pouvoir d'achat des Vénézuéliens, par exemple, via l'augmentation constante du salaire minimum ou la redistribution de la manne pétrolière vers les classes les plus défavorisées, malgré le retard de la capacité de production du pays.

"Nous sommes dans une course où à l'avant se trouve la capacité de consommation (...) et des kilomètres à l'arrière, la capacité à satisfaire tous les besoins matériels du peuple en fonction de la production vénézuélienne", a admis le président ces derniers jours.

Au pouvoir depuis un an, il a également promis d'en finir avec "le parasitisme" alimenté par "la rente pétrolière", le Venezuela disposant des plus importantes réserves de brut au monde.

Mais la perspective de nouveaux contrôles préoccupe les secteurs économiques alors que se multiplient ces derniers temps les inspections de prix débouchant sur des amendes ou des fermetures de commerces.

Lundi, le président de la Banque centrale, Nelson Merentes, a tenté de rassurer le secteur privé, en assurant que le gouvernement travaillerait "de façon coordonnée" avec les entrepreneurs pour venir à bout de cette période de "faible croissance et d'"envolée de l'inflation".

Pour 2014, le gouvernement s'est fixé un objectif de croissance de 4% du Produit intérieur brut et une inflation comprise entre 26 et 28%. En 2013, la croissance a été estimée par les autorités à moins de 3%, mais les chiffres définitifs ne sont pas encore connus.

Le Fonds monétaire international (FMI) table pour sa part sur une récession de 0,5% pour 2014 et de 1% en 2015.

Experts et chefs d'entreprise font porter la responsabilité de la crise sur le contrôle des changes, qui complique les importations tout en les stimulant, à la stagnation de la production pétrolière (96% des ressources en devises de l'État) et à la politique d'étatisation des secteurs prioritaires.

"Nous avons besoin d'un profond changement dans le domaine des politiques économiques (...) Il faut également changer le cadre légal et institutionnel concernant le droit à la propriété. Le discours actuel complique les investissements, non seulement en raison de l'instabilité juridique mais aussi en raison des problèmes d'allocation de devises et d'équipements", a estimé dans les pages du journal El Mundo l'économiste Luis Zambrano.

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