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Passage de blindés et couvre-feu : scènes surréalistes à Slaviansk

Passage de blindés et couvre-feu : scènes surréalistes à Slaviansk

Un blindé conduit par des séparatistes passe soudain en trombe dans le centre de Slaviansk, un grand drapeau russe flottant au vent. Tout un symbole dans cette ville de l'Est de l'Ukraine qui se prépare à un hypothétique assaut des forces ukrainiennes.

Le vrombissement de ce véhicule de transport de troupes, pris, sans combat, la semaine dernière aux militaires ukrainiens, se fait entendre jusqu'à la mairie voisine, où trois jeunes gens empilent des sacs de sable devant une fenêtre pour faire face à d'éventuels tirs.

Une fois cette démonstration de force terminée, le blindé retourne, dans un nuage de fumée, rue Karl Marx, près du siège local du SBU, les services de sécurité ukrainiens, occupé par des miliciens pro-russes. C'est là qu'il est habituellement garé, en compagnie de deux autres eux aussi soustraits à l'armée régulière.

"La victoire sera à nous, nous débarrasserons l'Ukraine des fascistes et des néonazis", qualificatifs donnés aux partisans des autorités ukrainiennes, s'exclame un homme en treillis et encagoulé qui refuse obstinément de décliner son identité, mais se comporte comme s'il était le porte-parole des séparatistes présents.

"Je suis un patriote ukrainien", lance-t-il à l'entrée du petit bâtiment du SBU au sommet duquel ont été hissées... les couleurs russes. A ses côtés, un "combattant" s'exhibe devant des photographes, un fusil-mitrailleur en bandoulière.

Une jeune femme, les yeux recouverts d'un bandeau blanc, est emmenée par un autre "volontaire", ainsi qu'ils se présentent tous, à l'arrière de l'immeuble.

Il s'agit d'Irma Krat, venue de Kiev et arrêtée à Slaviansk car officiellement soupçonnée de participation à des violences contre des opposants à l'actuel gouvernement ukrainien.

Elle vient de donner une conférence de presse improvisée au cours de laquelle, à visage découvert cette fois, elle a dit être une journaliste âgée de 29 ans, et a affirmé être bien traitée par ses geôliers. "On ne m'accuse de rien, on vérifie juste ce que j'ai fait" dans la région, a-t-elle assuré.

Toutes ces scènes particulièrement surréalistes illustrent parfaitement la vie quotidienne à Slaviansk, où le couvre-feu (de minuit à six heures) est en outre imposé depuis dimanche à la suite d'une fusillade meurtrière dans un village des environs.

"Il n'y a pas eu de tirs cette nuit", souligne à cet égard Evgueni Gorbik, de faction près de la barricade bloquant la rue Karl Marx et qui résume assez bien la situation en notant qu'"actuellement, on a un président virtuel en Ukraine, une armée virtuelle et une guerre virtuelle".

A la mairie, devant laquelle se met brusquement à danser en chantant du rap un jeune séparatiste, kalachnikov pendant le long du gilet pare-balles, l'homme fort de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, en appelle à nouveau à l'aide de la Russie.

"Il nous faut maintenant des armes, des munitions. Nous n'en avons pas assez" pour "nous défendre jusqu'à ce que les fascistes soient éliminés en Ukraine", déclare-t-il à l'AFP. "On s'attendait cette nuit à une opération (des Ukrainiens) contre nous, mais tout s'est finalement bien passé, vous comprenez les soldats ukrainiens sont démoralisés".

La veille, Viatcheslav Ponomarev avait demandé au président russe Vladimir Poutine de dépêcher des troupes de maintien de la paix pour protéger la population des nationalistes envoyés, selon lui, par Kiev.

Et ce alors que l'opération "antiterroriste" déclenchée la semaine dernière par les autorités ukrainiennes pour reprendre la main dans la région, avec envoi de chars et d'avions de chasse, avait tourné à la déroute, certains blindés ayant été pris par des pro-russes et d'autres ayant rebroussé chemin après avoir été stoppés par de simples villageois...

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