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Le village français de Pfetterhouse, près de la Suisse, point zéro de la Première Guerre mondiale

Le village français de Pfetterhouse, près de la Suisse, point zéro de la Première Guerre mondiale

A l'occasion du centenaire de la Grande Guerre, le village français de Pfetterhouse, à la frontière suisse, pourrait retrouver une place dans la mémoire collective, avec la reconnaissance d'un site méconnu: celui du "kilomètre zéro" du front franco-allemand.

Il faut emprunter une route presque confidentielle pour accéder à ce lieu perdu au milieu des bois, face à la petite commune helvétique de Bonfol.

Le "KM0" est l'un des deux bouts du Front franco-allemand de 14-18, qui s'étendait sur près de 750 km entre Pfetterhouse et Ostende-Nieuport en Belgique, sur la Mer du Nord.

Oublié jusqu'il y a peu, il a récemment obtenu le label de la mission gouvernementale "Centenaire", qui a choisi de le reconnaître comme lieu du tourisme de mémoire en Alsace, une région de l'est de la France allemande de 1871 à 1918.

Quelques lignes lui sont désormais consacrées dans le programme des commémorations.

Compte tenu de sa situation géographique, le KM0 a longtemps été éclipsé dans l'Est par le front des Vosges. Il n'a commencé à retrouver une place qu'en 2011, soutenu par l'Office de tourisme de Ferrette dans le Sundgau, qui cherchait à valoriser ses vestiges du conflit de 1870 et des deux guerres mondiales, dans cette partie économiquement exsangue du sud de l'Alsace.

"Le Sundgau (aud sud de Mulhouse), c'est un front oublié de la Première Guerre mondiale et le kilomètre zéro est caractéristique de ces vestiges qui sont dans leur jus, en pleine forêt", dit Vianney Muller, agent de développement à l'Office de tourisme de Ferrette.

André Dubail, 72 ans, président des "Amis du kilomètre zéro", une association qui oeuvre à la conservation du site, n'a pas oublié ses 36 années de "combat" pour convaincre les acteurs locaux.

"J'ai toujours su que le front s'arrêtait là, mon père me l'avait dit!", explique ce retraité.

On suit sur un chemin de graviers les pas de cet homme énergique jusqu'à une clairière. S'exhibent alors les premiers remblais de terre, presque intacts, que le temps a recouverts de mousse, vestiges des célèbres tranchées. La croix suisse flotte au vent, rappelant au visiteur qu'il commence à fouler ici le sol helvétique.

"Le front s'arrêtait à Pfetterhouse et pas n'importe où", tonne André Dubail, la main posée sur la borne-frontière 111 dite "des trois puissances", qui désignait symboliquement cet endroit sur les cartes.

Ici, de l'été 1914 jusqu'à l'Armistice de novembre 1918, trois armées se faisaient face: Français et Allemands, de part et d'autre de la ligne de front, sous les yeux de l'armée suisse qui, tout en restant neutre, surveillait sa frontière.

Sur un circuit balisé de 7,5 km, tapis dans le sol, sommeillent quelques bunkers dont les ouvertures continuent de lorgner le promeneur.

Après avoir passé un poste d'observation suisse en bois, reconstruit à l'identique, on traverse un ruisseau pour découvrir la première position défensive allemande dirigée vers le territoire français. En 1915, les soldats de Guillaume II y avaient apposé un écriteau marquant avec ironie le "terminus du métro Ostende-Suisse". Côté français subsistent notamment une tranchée en cours de restauration et une casemate en béton.

Loin du bourbier de Verdun, les duels d'artillerie faisaient ici un mort par jour en moyenne, indique André Dubail.

Le chef du gouvernement français Georges Clemenceau était venu en personne à Pfetterhouse en février 1918 faire "un saut dans le premier poste français du front", raconte le retraité, en désignant cet endroit dont il ne reste aujourd'hui qu'un monticule de terre recouvert de feuilles mortes.

Le KM0 bénéficie désormais de fonds publics, notamment européens, qui ont permis d'achever le balisage du sentier. Celui-ci doit être inauguré officiellement le 20 juillet, quelques jours avant le centenaire de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France, le 3 août 1914.

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