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De mystérieux "hommes verts" à l'oeuvre dans l'Est de l'Ukraine

De mystérieux "hommes verts" à l'oeuvre dans l'Est de l'Ukraine

Unités d'élite russes ou "forces d'autodéfense" locales ? Fusil d'assaut au bras, cagoule sur le visage, de mystérieux hommes armés surgissent aux moments décisifs du mouvement séparatiste de l'Est ukrainien, qu'ils semblent piloter avec discrétion mais une efficacité redoutable.

Ces "hommes verts", comme ils sont surnommés pour leur treillis sans insigne permettant de les identifier, ont été dénoncés par Kiev comme des agents russes à l'oeuvre pour mener la fronde séparatiste et déstabiliser le pouvoir de transition pro-occidental.

Les Etats-Unis ont souligné leur ressemblance avec les forces qui ont mené la prise de la Crimée. Moscou nie toute présence de ses agents sur le territoire ukrainien et parlent de forces "d'autodéfense" locale.

Ce sont eux qui montent la garde devant les bâtiments publics occupés de Slaviansk, au nord de Donetsk, devenu le point chaud de la crise et le symbole de la perte de contrôle de Kiev dans ce bassin minier russophone.

En général silencieux, on les reconnaît à leur attirail flambant neuf: treillis, cagoule noire qui ne laisse voir que les yeux, chaussures de sport et gilet pare balles. Equipés de fusils d'assaut modernes et pour certains de lance-roquette antichars, ils se distinguent aisément des séparatistes locaux, à l'uniforme souvent dépareillé et aux armes usées, plus nerveux.

A part à Slaviansk, où l'AFP a vu une centaine d'entre eux, leurs interventions sont rares, rapides et menées avec sang froid.

Quand des chars de l'armée ukrainienne sont interceptés jeudi par la population à Kramatorsk, à une vingtaine de kilomètres plus au sud, ce sont eux qui apparaissent pour prendre les commandes des blindés légers et les conduire jusqu'à Slaviansk. Arrivés à destination, ces hommes apparemment rompus à la conduite de ces engins offrent à une foule ravie des manoeuvres acrobatiques, en les faisant tournoyer sur leurs chenilles.

Le même jour, les habitants d'un village en périphérie de Kramatorsk bloquent quinze autres blindés ukrainiens le long d'une voie ferrée. Après des heures de négociations avec des militants pro-russes locaux, les soldats acceptent enfin d'être désarmés pour rentrer chez eux.

Mais la foule refuse de les laisser partir et la tension monte. Trois "hommes verts" surgissent alors dans l'obscurité et prennent en mains l'opération de désarmement des militaires ukrainiens puis leur évacuation, en imposant leur autorité aux éléments les plus excités de la foule.

"C'est du déjà vu", observe l'expert militaire Olexiï Melnyk, du centre Razoumkov.

"Ces hommes verts ressemblent fort à ceux qui ont été à l'oeuvre en Crimée et de nouveau Vladimir Poutine ne reconnaît pas qu'il s'agit de Russes", poursuit-il, évoquant une opération de "déstabilisation de la situation politique en Ukraine".

Lors de la prise de contrôle de le péninsule de la mer Noire par des forces pro-russes, les experts montraient du doigt les forces spéciales et unités aéroportées russes, et même les commandos d'élite, les très secrets fameux Spetsnaz du GRU, la Direction générale des renseignements de l'état-major des armées russes.

Héritiers du NKVD soviétique à l'oeuvre contre l'Allemagne nazie, ces spécialistes du sabotage, de l'élimination et de la prise d'objectifs stratégiques, dans des conditions souvent ultra-périlleuses, se sont illustrés depuis 20 ans dans le Caucase ou encore en Afghanistan et Géorgie.

Kiev a affirmé à plusieurs reprises disposer de preuves de l'implication du GRU.

Jeudi, Vladimir Poutine a reconnu la présence de militaires russes "derrière les forces d'auto-défense de Crimée" afin de "protéger" la population.

"Il s'agit de groupe para-militaires qui ont été transférés de Crimée (...) et obéissent à des ordres donnés par Moscou", estime l'expert Andreï Soldatov, fondateur du site agentura.ru, qui voit en eux des hommes "en contrat avec le Kremlin".

A Slaviansk, un homme en tenue militaire a raconté à l'AFP appartenir à un groupe de volontaires de Crimée venus renforcer les pro-russes. Selon lui, environ 150 déserteurs de l'armée ukrainienne les ont rejoints.

Mais cet homme au visage découvert n'a pas la même apparence sportive que ses camarades cagoulés, ni le même niveau d'équipement.

"Il y a certainement dans l'Est de l'Ukraine des militaires russes et des agents du GRU qui formellement sont en vacances ou ont démissionné. Cela permet de déclarer qu'il n'y a pas de soldats russes, mais des volontaires venus de Russie avec des armes", tranche l'expert indépendant russe Pavel Felguengauer.

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