Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Venezuela : le dialogue est engagé mais les dissensions persistent

Venezuela : le dialogue est engagé mais les dissensions persistent

Le gouvernement et l'opposition poursuivent leurs discussions au Venezuela, secoué depuis deux mois et demi par une vague de protestation, mais au delà des marques de respect et de bonne volonté mutuelles, ce dialogue n'augure pas vraiment d'une conciliation à brève échéance.

Après des semaines d'atermoiements et plus de deux mois de manifestations contre le gouvernement ayant fait 41 morts, le dialogue avait enfin été ouvert la semaine dernière entre le président socialiste Nicolas Maduro et les chefs de file de l'opposition, faisant naître un espoir dans ce pays frappé par une crise économique aiguë.

Si cette première prise de contact sous l'égide de l'Unasur s'est révélée peu fructueuse, les parties avaient décidé de se retrouver mardi par l'intermédiaire de leurs représentants, le vice-président du Venezuela, Jorge Arreaza, et le secrétaire exécutif de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), Ramon Guillermo Aveledo.

Cette réunion a été l'occasion de quelques progrès, comme des déclarations de respect et de tolérance des deux camps et l'engagement pris par l'opposition de mettre fin aux manifestations violentes comme le demande le gouvernement.

Un des accompagnateurs du dialogue, le ministre des Affaires étrangères équatorien Ricardo Patiño s'est d'ailleurs réjoui peu après sur son compte Twitter de ces "avancées significatives" obtenues au terme de seulement trois heures de discussions.

Mais en dépit de ces déclarations d'intention visiblement encourageantes, le dialogue a une nouvelle fois achoppé sur le refus du gouvernement socialiste d'amnistier les opposants arrêtés en marge des manifestations.

La MUD, qui regroupe des partis de la droite modérée, des conservateurs radicaux ou d'anciens "chavistes" - le nom donné aux partisans du modèle promu par l'ex-président décédé Hugo Chavez (1998-2013) - exige une "loi d'amnistie" pour les personnes arrêtées.

Or cette requête a été plusieurs fois rejetée par le président Maduro qui a averti qu'il n'y aurait pas "d'impunité".

"Le dialogue n'est pas l'impunité. La justice doit agir avec toute la force prévue par la loi", abondait cette semaine le secrétaire général de Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV, au pouvoir) Oscar Figuera, illustrant l'inflexibilité de l'entourage du président.

En outre, celui-ci a d'ores et déjà prévenu qu'il n'y aurait "ni négociation ni accord" dans le cadre du dialogue.

Du côté de l'opposition, la position semble aussi figée car l'abandon de l'exigence liée aux amnisties constituerait un facteur supplémentaire de désunion entre la MUD et les partis radicaux qui rejettent ce dialogue et prônent la chute du gouvernement par la pression de la rue.

David Smolansky, du parti radical Volonté populaire, dont le leader Leopoldo Lopez est incarcéré depuis mi-février, rappelait mercredi que "les conditions ne sont en l'état pas réunies" pour la participation de sa formation au dialogue.

"Nous avons décidé de ne pas participer parce que notre responsable national est injustement incarcéré depuis deux mois", a-t-il rappelé mercredi, réclamant encore une fois le désarmement des "colectivos", groupes civils proches du pouvoir dont certains membres sont accusés de se livrer à des expéditions meurtrières.

"S'il y a une volonté de résoudre la crise politique du pays, commençons donc par être concret en décrétant cette loi d'amnistie", a exhorté l'opposant.

En attendant qu'une date soit annoncée pour la poursuite du dialogue, étudiants et opposants radicaux ont déjà assuré qu'ils continueraient à manifester, dans le cadre d'un mouvement qui a déjà fait plus de 600 blessés et mené 175 personnes en prison depuis le 4 février.

Visant d'abord l'insécurité galopante dans le pays pétrolier, la vague de protestation anti-gouvernementale a progressivement élargi ses revendications au coût de la vie et aux pénuries. L'intensité de la mobilisation a décru ces dernières semaines, mais des foyers épars de violence persistent dans plusieurs villes du pays.

pc-mb/ag/hdz/jr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.