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Ukraine: accord surprise à Genève pour amorcer une désescalade

Ukraine: accord surprise à Genève pour amorcer une désescalade

Les Occidentaux, Kiev et Moscou ont conclu un accord jeudi à Genève pour une désescalade rapide des tensions en Ukraine au bord de l'éclatement.

Cet accord, qui prévoit notamment le désarmement des groupes armés illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés, paraissait hors d'atteinte pour les diplomates avant la réunion. Reste à voir s'il sera mis en oeuvre, a mis en garde le président américain Barack Obama qui s'est dit "sans certitude aucune" à ce sujet.

"Tous les groupes armés illégaux doivent être désarmés, tous les bâtiments saisis illégalement doivent être rendus à leurs propriétaires légitimes, toutes les rues, les places et les autres lieux publics dans les villes ukrainiennes doivent être libérés", indique le document.

La mission de surveillance de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) sera chargée d'aider les autorités ukrainiennes à mettre en oeuvre ces mesures.

C'est le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui a le premier annoncé l'accord lors d'une conférence de presse. Moscou avait multiplié ces derniers jours les déclarations de fermeté, le président Vladimir Poutine lançant une nouvelle fois jeudi la menace voilée d'un recours à la force en Ukraine.

"Nous avons approuvé un document, la déclaration de Genève du 17 avril, dans lequel nous sommes d'accord sur la nécessité de prendre des mesures initiales concrètes pour obtenir une désescalade des tensions et pour assurer la sécurité de tous les citoyens ukrainiens", a déclaré M. Lavrov.

La diplomate en chef de l'Union européenne Catherine Ashton, qui représentait l'UE à ces discussions quadripartites, a souligné que "l'OSCE doit jouer un rôle dirigeant" dans l'application de l'accord, dont le texte prévoit que les Etats-Unis, l'UE et la Russie sont prêts à fournir des observateurs.

Le document qui a été adopté prévoit aussi une amnistie pour ceux qui respecteront les dispositions de l'accord, à l'exception de "ceux qui sont coupables de crimes de sang".

La Russie n'a "aucun désir" d'envoyer des troupes en Ukraine, a affirmé M. Lavrov devant la presse. "Nous n'avons aucune espèce de désir d'envoyer des troupes en Ukraine. Cela serait contre nos intérêts fondamentaux".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, tout en se félicitant de la conclusion de l'accord, a mis en garde Moscou. "Si nous ne voyons pas de progrès, alors nous n'aurons pas d'autre choix que d'imposer plus de sanctions", a-t-il lancé.

Interrogé sur la position de Washington sur la Crimée, rattachée en mars à la Russie, M. Kerry a souligné : les Etats-Unis "n'ont pas renoncé mais nous ne sommes pas venus (à Genève) pour parler de la Crimée".

A Washington, le président Obama n'a pas caché ses doutes sur les perspectives d'une amélioration de la situation en Ukraine après l'annonce de cet accord.

"J'espère que nous verrons une application (de l'accord) dans les prochains jours, mais je ne pense pas qu'on puisse compter dessus, étant donné ce qu'on a vu dans le passé", a-t-il déclaré.

L'engagement de la Russie à Genève "sera un test, on verra si la Russie veut aider à la stabilité de cette région", a de son côté estimé à Genève le chef de la diplomatie ukrainienne Andrii Dechtchitsa. "Il est important que ces mesures commencent à être appliquées (...) et les deux ou trois prochains jours seront cruciaux".

"C'est un premier pas important mais beaucoup d'autres doivent encore suivre", a affirmé de son côté le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier sur la première chaîne de télévision publique ARD.

L'accord stipule aussi que le processus constitutionnel annoncé par le gouvernement transitoire ukrainien sera "transparent", "avec l'établissement d'un large dialogue national, pour inclure toutes les régions ukrainiennes et toutes les entités politiques".

Les tensions sur le terrain restent très fortes. Des affrontements qui ont fait trois morts ont opposé dans la nuit de mercredi à jeudi insurgés pro-russes et loyalistes au pouvoir de Kiev.

A Donetsk, des inconnus ont distribué des tracts obligeant les juifs à s'enregistrer en tant que tels dans cette ville en proie à une insurrection pro-russe.

"Cela sent une provocation. Nous ne savons pas qui est derrière. Mais c'est une provocation, on la considère comme telle. Le sujet est clos", a commenté le rabbin Pinkhas Vychedski.

Cette action va "au-delà de l'inacceptable", a dénoncé John Kerry.

Lors d'une longue séance télévisée de questions-réponses diffusée avant l'annonce de l'accord de Genève, le président Poutine a fait monter les enchères, avertissant qu'il "espère fortement" ne pas être "obligé de recourir" à l'envoi de ses forces armées en Ukraine.

Le chef du Kremlin a exhorté les autorités ukrainiennes à accepter le "dialogue", au risque de mener le pays vers le "gouffre", et réclamé des "garanties" pour les droits des populations russophones de ces régions orientales ukrainiennes.

Il a également qualifié de "foutaises" les affirmations selon lesquelles les forces russes seraient impliquées dans les troubles dans l'Est du pays. Des accusations réitérées jeudi par Barack Obama qui a dit voir "la main de la Russie" derrière le "chaos" actuel dans l'Est et le Sud de l'Ukraine.

Américains et Européens ont en outre prévenu que, faute de solution diplomatique à Genève, ils se préparaient à durcir leurs sanctions contre la Russie.

Avec les Européens, "nous avons préparé des mesures supplémentaires que nous pouvons imposer contre les Russes si nous ne voyons pas d'amélioration réelle de la situation", a confié M. Obama. Le président français François Hollande a lui aussi prévenu que l'UE envisageait d'étoffer ses sanctions en cas d'échec à Genève.

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