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Naufrage du ferry en Corée: gouvernement, secours et équipage attaqués par les parents

Naufrage du ferry en Corée: gouvernement, secours et équipage attaqués par les parents

Les plongeurs sont enfin parvenus vendredi à pénétrer dans le ferry qui a coulé en milieu de semaine au large de la Corée du Sud, avec des centaines de personnes à bord, surtout des lycéens, dont les parents accusent d'incompétence les autorités.

Plus de 48 heures après le drame, et malgré la violence des courants, deux plongeurs ont réussi à ouvrir une porte et à entrer dans la partie cargo du navire totalement immergé.

"Il n'y a quasiment aucune visibilité. Vous ne pouvez pas voir votre main devant votre figure", a dit un des deux hommes une fois revenu à terre, sur la petite île voisine de Jindo.

Vingt-huit corps ont été retrouvés, selon le dernier bilan des garde-côtes. Se trouvaient à bord du Sewol 475 personnes, dont 352 lycéens. 268 manquaient à l'appel et aucun rescapé n'a été retrouvé depuis mercredi.

Un des survivants, l'adjoint au principal de l'école d'où venaient les lycéens, au sud de Séoul, a été retrouvé mort vendredi matin, sur Jindo. Un suicide selon l'agence d'information Yonhap. La police n'a pas voulu confirmer.

Les sauveteurs espèrent trouver des passagers qui se seraient réfugiés dans des poches d'air, une hypothèse de moins en moins crédible au fur et à mesure que le temps passe. Deux plongeurs ont injecté de l'oxygène dans le bateau, ont indiqué les garde-côtes.

Trois grues géantes flottantes sont arrivées sur les lieux mais elles ne commenceront le relèvement de l'épave qu'une fois tout espoir perdu de retrouver des survivants, a indiqué le chef régional des garde-côtes, Kim Soo-Hyun.

Le procureur a indiqué vendredi qu'au moment de l'accident, survenu à 09H00, le ferry était dirigé par un officier subalterne et non par le capitaine.

Le capitaine Lee Joon-Seok, violemment critiqué par les proches des disparus pour avoir quitté le navire alors que des centaines de passagers se sont retrouvés piégés, était "à l'arrière", a indiqué Park Jae-Eok lors d'une conférence de presse, sans donner de détails.

Les causes de l'accident ne sont pas connues. De nombreux passagers disent avoir entendu un grand bruit suivi d'un arrêt soudain du ferry, ce qui pourrait signifier que le navire a heurté le fond ou percuté un objet immergé.

Des experts évoquent aussi la possibilité que la cargaison du navire, quelque 150 véhicules, se soit déplacée, le déséquilibrant irrémédiablement.

Le capitaine a affirmé qu'il n'avait pas heurté de rocher.

L'opérateur du Sewol, Chonghaejin Marine Co., a indiqué que l'homme, âgé de 69 ans, avait de nombreuses années d'expérience et effectuait depuis huit ans la liaison Incheon-Jeju, sur laquelle l'accident s'est produit.

La colère des proches des victimes et disparus s'amplifie tous les jours. Les parents, dévorés d'angoisse et de chagrin, critiquent violemment les autorités, accusées d'indifférence et de tromperie.

"Le gouvernement a menti, hier", a déclaré vendredi un homme, qui dit parler au nom de tous les parents, dans une intervention retransmise en direct à la télévision sud-coréenne.

"J'en appelle à tous. Est-ce ainsi que les choses se passent en Corée du Sud? Nous vous supplions une fois de plus, je vous en prie, sauvez nos enfants".

Il affirme n'avoir vu sur le site du drame que quelques embarcations et plongeurs, loin des 500 plongeurs, 169 bateaux et 29 aéronefs que les autorités affirment avoir envoyé sur les lieux.

Avec d'autres parents, il s'était rendu sur place jeudi, sur un bateau affrêté par les secours pour les proches des victimes.

Dans le gymnase de Jindo, qui accueille des centaines de proches des disparus, un écran retransmet les efforts des secouristes, mais les parents ont vite cessé de regarder ces images, noyées dans le brouillard.

Les proches regrettent aussi amèrement que les passagers aient reçu la consigne de ne pas bouger de leur siège ou leur cabine après que le ferry s'est immobilisé, suite à un choc.

Trente à quarante minutes plus tard, le bateau a commencé à piquer du nez et il était trop tard pour beaucoup d'occupants, incapables de ramper le long des corridors en oblique, où l'eau entrait à flots.

L'ampleur de la catastrophe a stupéfait la Corée du Sud, pays riche et moderne qui pensait avoir relégué dans le passé ce type de drames. Un accident d'autant plus cruel que nombre de victimes étaient des adolescents.

Les éditoriaux dans la presse étaient féroces. "Nous avons les meilleurs chantiers navals du monde au 21e siècle. Mais notre esprit date du 19e siècle", assène le grand quotidien Dong-A Ilbo.

"Quel est l'intérêt d'avoir l'internet le plus rapide du monde, les smartphones les plus cool, les meilleurs chantiers navals lorsqu'on n'est pas capable de sauver nos enfants?", renchérit un internaute sur le portail Naver.com.

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