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Génération JMJ ou génération Jean Paul II: quel poids aujourd'hui?

Génération JMJ ou génération Jean Paul II: quel poids aujourd'hui?

Par millions et pendant des années, ils ont suivi les Journées mondiales de la jeunesse, entendu le pape polonais les exhorter à être fiers d'être catholiques, à s'engager dans la société, au mariage, à la chasteté, à la fécondité. Qu'est devenue cette génération Jean Paul II?

Les "JMJistes" ou leurs enfants apparaissent nombreux dans des engagements politiques et sociaux plutôt conservateurs, par exemple dans les combats sur les questions chaudes de société comme l'opposition en France au "mariage pour tous". Ils sont plus souvent mariés, ont eu des enfants en plus grand nombre que la moyenne, s'accordent à dire nombre d'analystes.

Selon le vaticaniste Andrea Tornielli de La Stampa, l'enseignement de Jean Paul II a "eu des conséquences éthiques et morales" (défense de la vie, de la famille) sur les engagements de cette génération, mais "pas seulement". Les JMJistes ont surtout changé leur comportement dans leur présence dans les églises, leur vie de prière, etc, selon lui.

Karol Wojtyla avait voulu redonner aux jeunes le goût de la foi catholique à une époque de déchristianistion. Certaines familles ont envoyé leurs enfants, sans lésiner sur le coût, aux JMJ, de Czestochwa à Denver.

"Jean Paul II avait convoqué les JMJ dans un scepticisme général. Or la jeunesse est venue en masse écouter ce pape, seul dirigeant à lui dire qu'il y avait le bien, qu'il y avait le mal, et qu'il ne dépendait que d'elle de choisir entre les deux", juge le biographe français de Jean Paul II, Bernard Lecomte.

Avec Wojtyla, "l'Eglise n'a pas perdu les nouvelles générations, contrairement à ce que pensaient beaucoup de cardinaux après mai 1968", explique-t-il à l'AFP.

Se revendiquant pleinement de cette génération, Lorena Bianchetti, née en 1974, anime une émission religieuse phare de la télévision publique RAI, "A sua imagine". Elle a rencontré Jean Paul II, qui a changé sa vie: "ses yeux avaient une lumière très forte. Chaque rencontre était une injection d'énergie".

"Ma première JMJ, raconte-t-elle, je l'ai suivie à Tor Vergata (en 2000, près de Rome). Jusqu'à sa mort (2005), j'ai voulu lui rendre service par mon travail. Après, j'ai essayé de transmettre dans les autres émissions son enseignement, sans avoir peur, en essayant d'être un témoin cohérent".

Selon elle, "Jean Paul II a formé une génération de jeunes responsables qui veulent une vie qui ait du sens, qui ne veulent pas survivre mais être présents avec des valeurs importantes. On ne peut pas les cataloguer politiquement, ce serait limiter les enseignements du pape".

"La dignité de la personne, la vision du monde comme grande famille humaine sont des messages qui ont frappé cette génération", estime Lorena.

Pour le vaticaniste espagnol Antonio Pelayo, Jean Paul II a trouvé le succès dans "une génération de jeunes abandonnés par leurs parents au plan spirituel" et "qui avait besoin de s'accrocher à quelque chose de fort". "On a caricaturé cette génération: dans la bouche de certains elle passait pour une milice ou une croisade".

Les JMJ n'ont pas donné naissance à des mouvements organisés et n'ont pas "une psychologie de lobby, estime cet expert.

Selon le vaticaniste italien Marco Tosatti, les JMJ ont "donné naissance à de nombreuses réalités de laïques. On a levé l'embarras d'être catholique".

On retrouve, selon lui, cette génération JMJ "dans des batailles éthiques sur les réseaux sociaux", mais ce sont des "individus, autonomes, non structurés dans un mouvement".

Pour le père Didier Duverne, du Conseil pontifical pour la nouvelle Evangélisation, "c'est d'abord une génération décontractée et décomplexée, cohérente avec la dimension sociale de la foi". Certains se sont engagés dans des élections municipales, note-t-il. "Leur motivation n'était pas d'être contre, ce n'était pas la réaction", juge-t-il.

"J'éviterais de trop amalgamer, assimiler la génération JMJ", déjà ancienne, à celle de la "manif pour tous" née récemment, précise ce prêtre français.

Pour certains, l'effet Jean Paul II s'est dilué. "On venait écouter le chanteur sans écouter la chanson", selon la célèbre formule. Pour le vaticaniste Bruno Bartoloni, les jeunes ont admiré Jean Paul II mais n'ont pas suivi son enseignement sur la sexualité.

"La génération JMJ n'a pas résisté à l'évolution de la société, estime-t-il. Maintenant une nouvelle génération François est en train de naître".

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