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Commission Charbonneau: le «péché» de Claude Paquet, ex-cadre au MTQ

Le «péché» d'un ex-cadre au MTQ
Radio-Canada

L'ancien chef de service des projets à la direction territoriale de Montréal du ministère des Transports du Québec a contrevenu aux règles du MTQ dans le dossier de la réfection du rond-point L'Acadie, évoqué par Lino Zambito devant la commission Charbonneau.

Un texte de Bernard Leduc

Claude Paquet a dû reconnaître avoir négocié avec Infrabec, qui avait remporté en 2001 la soumission pour le premier des six contrats octroyés pour le rond-point, afin d'en faire baisser le prix. Il s'agissait de faire un pont d'étagement temporaire pour permettre l'exécution des travaux.

M. Zambito était en effet le plus bas soumissionnaire, avec un prix de 2,97 millions de dollars. Or, le consortium Dessau-Lavalin, mandaté par le MTQ pour estimer le coût des travaux, l'avait évalué à 1,98 million.

L'ampleur de cet écart, soit 997 000 $, n'a pas manqué d'attirer l'attention de son directeur, Paul-André Fournier, qui, le 30 août, lui faisait part de ses doutes sur la qualité du travail d'estimation des deux firmes de génie, dans une note écrite.

La décision a malgré tout été prise d'octroyer le contrat... non sans avoir négocié avec Infrabec pour qu'il baisse son prix. Or, négocier avec un soumissionnaire, comme a dû lui rappeler le commissaire Renaud Lachance, est une pratique interdite par le MTQ.

Confus, bafouillant, M. Paquet a alors insisté sur le fait que cette décision de négocier n'était pas son initiative, mais celle d'un supérieur qu'il n'a jamais pu nommer, la mémoire lui faisant alors défaut.

« Si j'ai commis un péché en négociant... j'ai commis un péché », a-t-il alors lâché.

Un contrat organisé... à l'insu de Paquet

Claude Paquet a par ailleurs affirmé qu'il ne « savait absolument pas » que ce contrat avait été arrangé entre les soumissionnaires jusqu'au témoignage de Lino Zambito devant la commission Charbonneau à l'automne 2012.

« J'ai fait la tournée des entrepreneurs qui avaient les documents d'appel d'offres et j'avais réussi à organiser ce contrat-là, ce lot qui était le lot numéro 1 », avait admis l'ex-propriétaire d'Infrabec.

M. Zambito a soutenu devant la commission qu'en fait, dans la région de Montréal, un cercle fermé d'entrepreneurs se partageait les contrats du MTQ, et qu'il avait dû lui-même y négocier son entrée. « On m'a fait la vie dure, mais, peu à peu, j'ai réussi à m'intégrer dans le système », avait-il expliqué.

Lino Zambito avait par ailleurs affirmé à la commission s'être finalement retiré de la course pour obtenir un autre contrat pour le rond-point L'Acadie au profit de Tony Accurso, au terme d'une rencontre de médiation parrainée par nul autre que Vito Rizzuto.

Patron d'un fonctionnaire corrompu

Claude Paquet, qui est entré au MTQ dans les années 1970, a été chef du service des projets à la direction territoriale de Montréal du ministère de 1996 à 2008. Il par la suite été consultant pour la firme Génivar pendant trois ans, après un intervalle d'un an.

M. Paquet a été pendant des années le supérieur de Guy Hamel à la direction régionale de Montréal au MTQ.

Lors de son passage mercredi devant la commission, Guy Hamel a reconnu avoir reçu de multiples avantages d'entrepreneurs et de firmes de génie en échange de son appui alors qu'il était chef de projets à la direction de Montréal.

M. Hamel, qui occupait les fonctions de coordonnateur à la réalisation des projets, a notamment avoué avoir accepté, en 1990-2000, 15 000 $ en argent comptant, en trois versements, de l'entreprise DIMS qui avait le contrat pour le pont Charles-de-Gaulle, à l'est de l'île de Montréal.

Guy Hamel a aussi admis avoir aidé l'entreprise Soter, par ses interventions favorables, à obtenir entre 1 et 2 millions de dollars en extras supplémentaires pour le chantier de l'autoroute 40 à Montréal en 2004. Il a eu droit, en échange, à quelque 6500 $ pour une croisière d'une semaine dans les Caraïbes, de la part de Soter et de Génivar, la firme qui surveillait le chantier.

M. Hamel a affirmé à la commission avoir été averti en 2003 par son supérieur Claude Paquet, alors numéro deux à la direction territoriale, de se « calmer », ce qu'il a pris comme un avertissement concernant les pots-de-vin qu'il avait acceptés de DIMS.

M. Paquet ne lui en a pas dit plus... Aucune sanction n'a suivi et il a gardé ses fonctions de chargé de projet, comme l'illustre d'ailleurs le projet de l'A-40.

M. Hamel n'a pas pu dire par ailleurs si d'autres au MTQ ont agi comme lui ou encore ce qu'ils savaient vraiment de ses propres agissements.

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