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Arabie: départ du prince Bandar sous pression américaine

Arabie: départ du prince Bandar sous pression américaine

Le départ du chef du service de renseignement saoudien, Bandar ben Sultan, à la politique syrienne controversée, s'est fait sous pression américaine mais ne signifie pas nécessairement un changement de cap de Ryad, déterminé à obtenir la chute de Bachar Al-Assad, selon des analystes.

Aucune explication officielle n'a été donnée sur le départ du puissant prince Bandar, un neveu du roi Abdallah, les médias officiels se bornant à dire qu'il avait été relevé de ses fonctions "à sa demande".

Mais un expert saoudien, qui a requis l'anonymat, a indiqué que les Etats-Unis étaient de plus en plus irrités par sa gestion du dossier syrien et avaient demandé dès décembre sa mise à l'écart.

Le prince était en première ligne pour financer, armer et unifier les rebelles syriens, qui jusqu'à présent n'ont pas enregistré de francs succès contre le régime.

Il s'est heurté aux réticences de Washington, qui a mis son veto à la fourniture d'armes capables de permettre aux insurgés de changer l'équilibre sur le terrain, selon plusieurs analystes.

Avant son départ, celui qu'on appelait "Bandar Bush" du temps où il était ambassadeur à Washington, en raison de ses liens étroits avec l'administration républicaine, n'avait pas ménagé ses critiques à l'égard des Etats-Unis.

Il avait notamment exprimé sa colère devant des diplomates occidentaux en octobre, après que Washington ait décidé, à la dernière minute, de renoncer à une frappe militaire contre le régime syrien malgré le recours de ce dernier à l'arme chimique contre les civils.

Le prince avait alors affirmé que le royaume ne considèrerait plus les Etats-Unis comme son principal allié et irait chercher des soutiens auprès de la France ou d'autres puissances, selon un diplomate.

D'autres experts soulignent que son encouragement aux islamistes radicaux a fait grandir la menace que posent pour le royaume les jihadistes saoudiens.

"L'approche agressive du prince Bandar sur la Syrie a mis en évidence le fossé entre les attentes qu'il a générées et les capacités opérationnelles et de renseignement des Saoudiens", estime Emile Hokayem, expert de la sécurité régionale pour l'Institut International des Etudes Stratégiques.

Il explique que Ryad n'avait pas les moyens de coordonner une aussi vaste opération" visant à faire tomber le régime syrien, "surtout en raison des réticences de ses principaux alliés occidentaux et des agendas divergents d'acteurs régionaux importants comme le Qatar ou la Turquie".

"Ryad a fourni les armes et l'argent", mais a dû travailler avec "des groupes dangereux et indisciplinés", alors que Damas jouit de l'appui illimité de l'Iran qui lui a apporté, en outre, le soutien de groupes bien entraînés et organisés comme le Hezbollah chiite libanais, selon lui.

Dès février, des diplomates avaient indiqué que le royaume lui avait retiré la gestion du dossier syrien, pour la confier notamment au ministre de l'Intérieur, le prince Mohamed Ben Nayef Ben Abdel Aziz, à la pointe de la lutte contre Al-Qaïda.

Conséquence: une ferme mise en garde, début février, de Ryad aux Saoudiens combattant avec des jihadistes à l'étranger et qui sont désormais passibles de 20 ans de prison.

Même si le prince Bandar a été "plus complaisant" à l'égard des groupes islamistes "que complice", "l'augmentation du nombre de jihadistes saoudiens en Syrie, qui aura probablement des conséquences négatives pour le royaume, et les échecs en Syrie ont contribué à ce remaniement à Ryad", estime M. Hokayem.

Des analystes saoudiens assurent pour leur part qu'il n'aura pas d'incidence sur la politique syrienne de Ryad.

"Il n'y a pas de changement, l'Arabie veut la chute de Bachar Al-Assad", affirme Jamal Khashoggi, directeur général de la nouvelle chaîne d'information en continu, Al-Arab.

Pour lui, "c'est le roi Aballah qui dirige la politique du royaume et tout chef du renseignement l'appliquera".

Reste à savoir qui remplacera le prince Bandar: c'est son adjoint, le général Youssef ben Ali Al-Idrissi, qui a été chargé pour le moment de remplir ses fonctions.

Mais selon des sources saoudiennes informées, un membre de la famille royale pourrait prendre ce poste assumé depuis plus de trente ans par des princes de premier rang.

at/mh/sw

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