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Nigeria: le "cauchemar" des familles après l'enlèvement d'une centaine de lycéennes

Nigeria: le "cauchemar" des familles après l'enlèvement d'une centaine de lycéennes

Désemparées, les familles de victimes suppliaient mercredi qu'on mette fin à leur "cauchemar", après l'enlèvement de plus de 100 jeunes filles de leur lycée lundi dans le nord-est du Nigeria.

L'enlèvement de masse, mené par des hommes lourdement armés, est survenu lundi à Chibok, dans l'Etat de Borno. Le même jour, une bombe explosait dans une gare routière proche de la capitale fédérale, Abuja, faisant au moins 75 morts et 141 blessés, soit l'attentat le plus meurtrier jamais commis dans les environs de la ville.

Les deux attaques, l'attentat et les enlèvements, ont été attribuées à Boko Haram, un groupe islamiste armé dont l'insurrection, qui dure depuis cinq ans, a fait plusieurs milliers de morts dans le pays le plus peuplé d'Afrique, première puissance économique du continent.

"Ils ont pris ma fille" et "je ne sais pas quoi faire", se lamente une habitante de Chibok ayant requis l'anonymat, comme de nombreux parents de victimes. Et de supplier le gouvernement de retrouver les ravisseurs: "Ils ne peuvent pas laisser ces meurtriers anéantir les rêves de nos filles".

Un autre habitant de Chibok, un père étreint par l'angoisse, raconte vivre un véritable "cauchemar". "Toute la ville est en deuil", a-t-il déclaré à l'AFP.

Des hommes armés avaient pris d'assaut lundi l'internat du lycée public pour filles après le coucher du soleil, mettant le feu à plusieurs bâtiments avant de tirer sur les soldats qui gardaient l'établissement scolaire.

Boko Haram, dont le nom signifie "L'éducation occidentale est un péché" en langue haoussa, a souvent pris pour cible des écoles et des université.

L'escalade de la violence dans le Nord-Est, fief historique du groupe extrémiste, a poussé de nombreuses écoles à fermer dans cette région.

Selon Emmanuel Sam, un responsable de l'éducation de la région, les lycéennes de Chibok se préparaient à passer un examen cette semaine, ce qui explique sans doute pourquoi leur lycée était ouvert et les élèves toutes présentes au moment de l'attaque.

Les assaillants ont tué un policier et un soldat avant de parvenir à pénétrer dans le lycée, ont indiqué des témoins.

Ils ont ensuite obligé les lycéennes à sortir et les ont fait monter dans des camions qui se sont enfoncés dans la végétation très dense de cette région pauvre et reculée.

D'après une source sécuritaire ayant requis l'anonymat, l'armée, qui a repéré les traces de pneu des camions, s'est mise en quête des ravisseurs.

Une milice privée, constituée l'année dernière pour aider l'armée à combattre Boko Haram, participe aux recherches avec les soldats, a précisé le sénateur local Ali Ndume.

L'armée et la milice "passent la forêt au peigne fin pour retrouver les lycéennes" a-t-il déclaré à l'AFP. "Ils sont aidés par des hélicoptères" dans cette tâche difficile, vue l'étendue de "cette vaste forêt qui s'étend jusqu'au Cameroun voisin".

Les autorités nigérianes affirment depuis longtemps que les frontières poreuses avec les pays voisins, dont le Cameroun et le Niger, sont un obstacle à la lutte contre Boko Haram, dont les combattants fuient à l'étranger lorsque l'armée approche.

Certaines lycéennes ont pu s'échapper en profitant de l'inattention de leurs ravisseurs, préoccupés par la panne d'un des camions.

"Ils essayaient de réparer" le camion, a déclaré une de ces jeunes filles, sous couvert d'anonymat, par téléphone. "C'est à ce moment-là que certaines d'entre nous ont sauté des véhicules et couru dans les broussailles".

L'armée et le président Goodluck Jonathan décrivent Boko Haram comme un groupe sur la défensive, affaibli par l'offensive militaire lancée en mai dernier dans le Nord-Est.

Mais l'attentat à la bombe, survenu à quelques kilomètres du siège du gouvernement, et l'enlèvement massif des lycéennes le même jour sont venus prouver le contraire et souligner que le groupe islamiste pouvait frapper dans tout le pays.

L'armée a refusé jusqu'à présent de commenter l'enlèvement de Chibok, qui fait pourtant la une de nombreux grands quotidiens nigérians mercredi, et on ne sait rien de l'avancée des opérations de recherche des lycéennes.

"Nous nous sommes tournés vers la prière", raconte la mère d'une des victimes. "C'est tout ce qu'il nous reste".

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