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Une vie de squatteurs pour les victimes de la crise en Italie

Une vie de squatteurs pour les victimes de la crise en Italie

Au dernier étage d'un immeuble de bureaux abandonné dans le sud de Rome, l'Equatorienne Medina Mercedes rassemble ses maigres affaires dans un coin de sa "maison", qu'elle squatte avec des centaines d'immigrés, réfugiés et Italiens appauvris par la crise.

Arrivée dans la péninsule il y a 20 ans afin de se construire une nouvelle vie, elle a perdu l'an dernier son emploi d'infirmière, avant d'être expulsée de son appartement avec ses deux enfants.

"Tout ce que je veux, c'est travailler", explique à l'AFP cette mère de 44 ans, pendant que ses deux adolescents aménagent tant bien que mal deux lits sur le sol de granit froid.

"Après des années de sacrifices, non seulement j'ai perdu mon toit, mais je risque de me faire retirer mes enfants", confie-t-elle.

L'immeuble abandonné, propriété d'une compagnie d'assurances, abrite depuis quelques jours 350 familles qui doivent composer avec l'absence d'intimité et des salles de bain communes pour avoir le "droit" d'avoir un toit.

Et ce alors que l'Italie est sortie officiellement de la récession fin 2013, avec une légère hausse de 0,1% de son PIB au dernier trimestre après presque deux ans de crise noire.

Malgré cette petite reprise, le chômage a atteint 13% de la population active en février, un record.

Plus bas dans les étages, Italiens, immigrés et réfugiés se succèdent pour monter la garde aux portes de l'immeuble, par crainte d'une descente de police, tandis que des garçons turbulents s'amusent avec un vieux caddie.

"La crise économique a été telle que tout le monde a fini par être touché d'une manière ou d'une autre", souligne à l'AFP Cristiano Armati, 40 ans, membre d'une association défendant le droit au logement. Selon lui, environ 250.000 personnes à Rome risquent l'expulsion ou vivent dans des logements insalubres.

De plus, l'aide matérielle et financière des grands-parents, qui jusqu'à présent étaient la "roue de secours" de toute famille italienne, est en train de se tarir.

Alessio Rosetti, qui conduisait le petit train du zoo de Rome avant d'être licencié, confie avoir dû rejoindre le squat parce que ses parents ne pouvaient plus subvenir à ses besoins ni à ceux de son fils de 10 ans.

"Ce n'est pas une belle vie pour lui, explique ce trentenaire barbu et tatoué. Nous vivons dans la promiscuité, dormons peu, mangeons peu et il faut en plus que j'accomplisse ces tours de garde qui sont épuisants".

Mais, ajoute-t-il, "si l'Italie continue à ne pas construire de logements sociaux ni à baisser le prix des loyers, nous n'aurons pas d'autre choix que de rester ici".

Fin mars, le gouvernement italien a lancé un vaste plan d'aides au logement pour les plus pauvres prévoyant 200 millions d'euros pour 2014 et 2015. Jugé insuffisant, il a été au coeur d'une manifestation samedi à Rome, qui a dégénéré en scènes de guérilla urbaine.

Les militants préfèreraient que Matteo Renzi s'attaque aux logements vides pour les allouer aux familles dans le besoin. Selon une enquête du magazine Panorama parue le mois dernier, 50.000 appartements seraient sans locataire rien qu'à Rome.

Dans le squat, situé à proximité d'une des artères les plus bruyantes de la ville éternelle (l'avenue Cristoforo Colombo), du linge sèche sur des fils accrochés aux fenêtres, des tours de cuisine et de vaisselle ont été mis en place et les familles s'occupent à tour de rôle des enfants.

Ruth, une Kenyane qui ne veut pas donner son nom, explique qu'elle a obtenu le statut de réfugiée mais qu'elle n'arrive pas à trouver de travail malgré son diplôme d'infirmière.

"Nous nous battons pour survivre", affirme-t-elle aux côtés de son mari et de sa fille de deux ans tout en préparant du riz pour le dîner sur un réchaud de camping.

"On nous avait promis aide et protection et voilà qu'il faut s'estimer heureux d'avoir au moins un toit au dessus de nos têtes", confie-t-elle, avant de souffler: "nous dormons peu mais nous avons espoir en une vie meilleure".

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