Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Réduction du déficit: la France sur la défensive

Réduction du déficit: la France sur la défensive

Revirement ou polémique : après avoir parlé de "trouver le bon rythme" de réduction du déficit public, laissant entendre que la France renonçait à le ramener à moins de 3% du produit intérieur brut fin 2015, Paris se défend maintenant d'avoir demandé un délai supplémentaire.

"J'ai toujours dit que je n'ai pas cherché de délai" auprès des partenaires européens, a affirmé mardi le nouveau ministre des Finances Michel Sapin à l'AFP, réaffirmant l'objectif de la fin 2015, auquel il s'était engagé la semaine dernière à Washington avant une série de réunions internationales.

Quelques heures plus tard, il lançait devant les députés: "à aucun moment ni le Président de la République, ni le Premier ministre, ni moi-même n'avons demandé ou imploré des délais".

Depuis plusieurs semaines, avant la visite à Washington, le gouvernement n'évoquait plus ce chiffre de 3% du produit intérieur brut (PIB), la limite maximale de déficit fixée par les traités européens pour les membres de la zone euro.

Plus précisément depuis que la Commission avait prévu fin février que le déficit public de la France grimperait à 4% fin 2014 et resterait à 3,9% fin 2015.

Dans son allocution annonçant la nomination de son nouveau Premier ministre, le président François Hollande, le 31 mars, avait même dit que le gouvernement "aura aussi à convaincre l'Europe que cette contribution de la France à la compétitivité, à la croissance, doit être prise en compte dans le respect de nos engagements"

Son nouveau chef du gouvernement Manuel Valls n'avait pas cité l'objectif de 3% dans sa déclaration de politique générale le 8 avril et s'était prononcé contre "l'austérité".

Allant dans le même sens, Michel Sapin avait annoncé avant son départ à Washington qu'il voulait "discuter" avec la Commission européenne du "rythme" de la réduction des déficits français, ce qui avait été interprété comme un renoncement au retour aux 3%. La France avait déjà bénéficié de deux reports pour atteindre ce seuil l'an prochain.

Mardi, le quotidien Le Figaro, citant "une source bien informée" expliquait ce changement de ton par une visite jeudi à Bruxelles de deux proches conseillers de François Hollande, avec, selon le journal, "l'objectif d'exposer le point de vue de la France sur le +rythme+ de consolidation budgétaire et de présenter la mise en oeuvre du pacte de responsabilité".

"Ils ont été mal reçus!", a dit la source citée par le Figaro, qui évoque un "entretien chaotique".

"Il y a un rythme qui était prévu dans la trajectoire qui peut être légèrement modifié sans pour autant remettre en cause (...) le fait d'être à 3% en 2015", a commenté M. Sapin, ajoutant que le "rythme de croissance", "l'objectif d'une moindre évaluation de l'euro" et les effets du pacte de responsabilité entraient en ligne de compte.

"Je n'ai eu aucun reproche, que des compliments sur le pacte de responsabilité lors de ma visite à Washington, de même que quand j'ai été voir (le ministre allemand des Finances Wolfgang) Schäuble", a-t-il assuré.

"Ca n'a rien à voir ni avec les objectifs, ni avec la manière dont la réunion s'est déroulée. C'est une reconstruction totale qui n'a rien à voir avec la réalité", a-t-on déclaré mardi dans l'entourage de François Hollande au sujet de l'article du Figaro.

"L'objectif de la réunion n'était pas de négocier ni de demander un délai" pour l'objectif de 3%, a ajouté la même source.

Paris a obtenu l'an dernier deux ans supplémentaires, jusqu'en 2015, pour ramener son déficit public sous la barre des 3%.

Bruxelles a placé la France sous surveillance renforcée en raison de son manque de compétitivité et de son déficit, qui font "peser un risque sur l'ensemble de la zone euro".

uh/lum/fga/thm/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.