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RDC : la deuxième vie du terril de Lubumbashi

RDC : la deuxième vie du terril de Lubumbashi

C'est une montagne de scories au milieu de la deuxième ville de la République démocratique du Congo. Né de décennies d'exploitation du cuivre, le terril de Lubumbashi connaît une deuxième vie grâce à un procédé permettant de valoriser les minerais qu'il recèle.

Symbole de la capitale du Katanga, la grande province minière du Sud-Est du pays, le terril raconte la riche histoire industrielle de l'ancienne Elisabethville, fondée par les Belges à la fin du XIXe siècle, mais aussi le déclin de l'activité au début de la décennie 1990 - après des années d'incurie sous la dictature de Mobutu Sese Seko - et sa renaissance récente.

Ici, 14,5 millions de tonnes de résidus du traitement du cuivre ont été accumulées de 1924 à 1992, formant un terril d'une centaine de mètres de haut.

Le projet de la Société pour le traitement du terril de Lubumbashi (STL) naît en 1995-96 dans l'esprit de l'homme d'affaires belge George Forrest, dont le groupe est le premier employeur privé de la RDC.

Les négociations commencent sous Mobutu mais les contrats sont signés en juin 1997, un mois après le renversement du "Léopard" par le chef rebelle Laurent-Désiré Kabila.

Le Groupe George Forest s'allie alors à l'entreprise américaine OMG et à la compagnie minière publique congolaise Gécamines pour lancer la société.

Objectif : investir 150 millions de dollars pour construire le plus gros four métallurgique d'Afrique et recycler 4,5 millions de tonnes de scories du terril pendant vingt ans.

La production démarre en 2000 en pleine deuxième guerre du Congo (1998-2003).

L'usine transforme des résidus contenant environ 2,2% de cobalt en un "alliage blanc" composé à 18% de cobalt, 11% de cuivre, le reste étant essentiellement du fer, explique Enzo Baccari, son directeur général.

Ce mélange est expédié à une affinerie de cobalt en Finlande, initialement propriété de l'américain OMG, puis rachetée en 2013 par un autre groupe américain, Freeport-McMoran.

Le cobalt est utilisé en premier lieu aujourd'hui dans la fabrication des batteries rechargeables et des superalliages (pour l'aviation notamment).

Selon M. Baccari, STL produit environ 5.500 t de cobalt et 3.500 t de cuivre par an.

L'usine a créé environ 350 emplois, bien payés par rapport aux normes congolaises, d'après lui, et induit aussi des retombées indirectes.

Chaque jour, des camions transportent de la scorie du terril jusqu'à l'usine voisine. Après séchage et adjonction de coke, 1.000 tonnes de mélange sont fusionnés à près de 1.400 degrés pour donner l'alliage blanc, et de l'oxyde de zinc (22.000 tonnes par an).

Fruit des résidus (environ 900 tonnes par jour), un nouveau terril est né au pied du premier.

Le montage financier pour l'exploitation du terril a cependant été critiqué par plusieurs ONG comme favorisant l'évasion fiscale.

En effet, si la société STL exploite l'usine, c'est une autre société, baptisé GTL et immatriculée dans le paradis fiscal de Jersey, qui en vend la production.

Le Groupe George Forest, aujourd'hui majoritaire dans GTL, est quant à lui basé au Luxembourg, autre paradis fiscal. GTL et STL sont discrets sur leurs états financiers.

Selon les dernières données fournies par l'Initiative pour la transparence des industries extractives, GTL a déclaré avoir versé environ 330.000 dollars en impôts et taxes à l'Etat congolais en 2011, et STL 5,45 millions.

mj/de

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