La commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario dénonce une pratique de la police de Toronto qui partage systématiquement des informations privées - de nature médicale - avec les autorités américaines. Dans un rapport, la commissaire souligne qu'il est inadmissible que de nombreux Ontariens se voient ainsi refuser l'entrée aux États-Unis parce qu'ils ont déjà attenté à leurs jours.
La commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario presse les policiers de changer leurs pratiques « inacceptables » qui empêchent plusieurs Ontariens d'entrer aux États-Unis.
Selon Ann Cavoukian, les différents corps policiers ontariens doivent cesser de rapporter automatiquement dans une base de données canadienne, utilisée par les douaniers américains, leurs interactions avec des personnes ayant tenté de se suicider.
En novembre dernier, par exemple, la Torontoise Ellen Richardson n'a pas pu prendre l'avion pour New York à l'aéroport Pearson, sous prétexte qu'elle avait été hospitalisée pour une dépression l'année précédente et pouvait donc présenter une « menace à la propriété ou à la sécurité ».
La police était au courant, parce que sa mère avait déjà appelé au 9-1-1 à l'époque.
Selon la commissaire Cavoukian, les policiers de Toronto ont « l'habitude » de compiler ces renseignements personnels dans la base de données du Centre d'information de la police canadienne, alors que rien ne les y oblige.
Elle recommande aux policiers de se poser les quatre questions suivantes avant de transmettre de telles informations :
- Est-ce que la tentative de suicide impliquait de la violence ou des blessures ou une menace de violence à autrui?
- Est-ce que la tentative de suicide visait à susciter une réponse létale de la police?
- Est-ce que l'individu impliqué a des antécédents violents à l'endroit d'autres personnes?
- Est-ce que la tentative de suicide s'est produite alors que l'individu était en détention?
Selon Mme Cavoukian, les policiers devraient seulement faire état dans la base de données nationale de leur interaction avec un individu qui a tenté de se suicider si la réponse à l'une des questions précédentes était « oui ».