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Le procès du prêcheur islamiste Abou Hamza s'est ouvert à New York

Le procès du prêcheur islamiste Abou Hamza s'est ouvert à New York

Dix ans après son arrestation et 18 mois après son extradition de Londres, le procès du prêcheur islamiste radical Abou Hamza s'est ouvert lundi à New York, par la sélection des jurés.

Décrit par les autorités américaines comme un "facilitateur terroriste à la portée planétaire", Abou Hamza, qui aura 56 ans mardi, a plaidé non coupable et risque la réclusion à perpétuité.

La juge Katherine Forrest a brièvement expliqué aux jurés potentiels au tribunal fédéral de Manhattan les 11 chefs d'accusation retenus contre le Britannique d'origine égyptienne, borgne et amputé des deux avant-bras.

Il est accusé de complot et prise d'otages, pour l'enlèvement de 16 touristes au Yémen en 1998 -dont deux Américains-, qui s'était soldé par la mort de quatre otages. Il est inculpé de soutien terroriste, accusé d'avoir voulu créer un camp d'entraînement au jihad dans l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis) fin 1999, deux ans avant les attentats du 11-Septembre. L'acte d'accusation mentionne nommément Al-Qaïda et Oussama ben Laden.

Abou Hamza est également accusé d'avoir envoyé des candidats au jihad s'entraîner en Afghanistan durant la même période.

L'ancien imam était à la fin des années 90 la figure de proue du "Londonistan", surnom donné aux réseaux islamistes installés à l'époque dans la capitale britannique.

Il tenait des prêches enflammés, violemment anti-américains, à la mosquée de Finsbury Park dans le nord de Londres, un foyer de radicalisation qu'auraient notamment fréquenté le Français Zacarias Moussaoui et le Britannique Richard Reid.

Après les attentats du 11-Septembre, il avait qualifié Oussama ben Laden de "type bien".

Abou Hamza, aussi connu comme Abou Hamza al-Masri, et qui a demandé à être appelé de son vrai nom Mustapha Kamel Mustapha durant le procès, suivait lundi les débats avec attention. Barbe et cheveux blancs épais coupés ras, en tee-shirt et pantalon gris, ses bras non appareillés, il discutait très à l'aise avec ses avocats.

Son procès doit durer de quatre à cinq semaines.

La sélection des 12 jurés et quatre remplaçants doit durer toute la journée de lundi. Le procès en lui même commencera jeudi.

Il intervient trois semaines après la fin de celui du gendre de ben Laden et ex porte-parole d'Al-Qaïda, Souleymane Abou Ghaith, dans le même tribunal. Abou Ghaith a été reconnu coupable de complot visant à tuer des Américains et soutien au terrorisme.

Dans un récent courrier à la juge Katherine Forrest, écrit avec une prothèse spéciale, Abou Hamza a précisé qu'il comptait témoigner pour sa défense, et qu'il ne voulait pas "exclure ou éviter de mentionner aucune des personnes, organisations ou places mentionnées" dans l'acte d'accusation, espérant que cela soit "important pour les historiens, chercheurs, journalistes et analystes (...)".

"Je pense que je suis innocent", a-t-il aussi affirmé mercredi dernier lors d'une audience préparatoire.

L'accusation a prévu de citer à la barre plusieurs experts, en plus de très nombreux documents audio et vidéo, notamment des prêches virulents d'Abou Hamza, qui justifiait le terrorisme s'il est commis "au nom de Dieu".

La juge a finalement accepté la demande des procureurs pour que témoigne par lien vidéo depuis le Royaume-Uni, un ancien terroriste repenti, Saajid Badat, déjà témoin à charge lors du procès de Souleymane Abou Ghaith.

La juge lui avait demandé de venir en personne, ce que Badat, 34 ans, a refusé, expliquant qu'il serait arrêté s'il venait aux Etats-Unis où il est toujours inculpé en liaison avec un complot visant à faire exploser des avions en 2001.

Le procès d'Abou Hamza met un terme à dix ans de procédure. Son inculpation aux Etats-Unis date d'avril 2004, son extradition avait été demandée peu après, et il avait été arrêté en août 2004 au Royaume-Uni à la demande des Américains.

Il avait été ensuite condamné à Londres en 2006 à sept ans de prison pour incitation au meurtre et à la haine raciale.

Pour éviter son extradition, il avait multiplié les recours et saisi la Cour européenne des droits de l'Homme. Mais un ultime recours devant la Haute Cour de justice de Londres avait échoué en octobre 2012, et il avait été extradé dans la foulée.

bd/rap

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